Cette réunion, destinée à explorer les voies d'une aide au Mali pour lui permettre d'asseoir sa souveraineté sur l'intégrité de son territoire, intervient au moment où des informations contradictoires circulent sur le sort des sept otages algériens. Le sort des diplomates algériens pris en otage à Gao reste incertain. Des informations ont fait état, hier, de la libération de trois d'entre eux. D'autres sources les contredisent et affirment qu'ils sont toujours entre les mains de leurs ravisseurs. La cellule de crise installée aux Affaires étrangères depuis leur enlèvement continue de travailler sur toutes les pistes et a entrepris des discussions afin de les libérer. Par ailleurs, les chefs d'état-major des pays du champ (Algérie, Mali, Niger et Mauritanie) se sont réunis hier dans la capitale mauritanienne Nouakchott pour aider le Mali. Le Mali est devenu la principale préoccupation des pays du champ depuis que les rebelles touareg et les groupes armés ont pris le contrôle du Nord alors que le Sud est déstabilisé après le coup d'Etat. Le but de cette réunion est de dégager les moyens pour aider le Mali à recouvrer son intégrité territoriale. Les pays du champ disposent d'un comité d'état-major opérationnel conjoint (Cemoc) basé à Tamanrasset, mais celui-ci a pour mission la lutte antiterroriste et peut intervenir à la demande des pays membres. Cependant, il est exclu que les forces mises sous sa coupe puissent mener des opérations au Mali. Lors de la réunion de Nouakchott au mois de février, les MAE des pays du champ avaient clairement indiqué dans la déclaration finale faire la distinction entre les rebelles qui sont des Maliens ayant des revendications légitimes tout en rejetant leur recours à la violence et les groupes islamistes armés. Ils ont préféré la voie du dialogue afin de parvenir à une solution négociée et acceptée par les deux parties. Pour la problématique sécuritaire, les chefs d'état-major devraient discuter les mesures à prendre pour renforcer les capacités opérationnelles du Cemoc afin qu'il puisse mener convenablement sa mission de lutte contre le terrorisme et le crime organisé. L'Algérie a appelé dès le début les deux parties, le MNLA et le gouvernement de Bamako, à engager des discussions mais refuse la partition du pays comme l'a annoncé le MNLA. Depuis, des discussions sont menées à l'initiative d'Alger, de l'UA et de la Cédéao. Dans sa dernière déclaration, Mourad Medelci a indiqué qu'il reste encore de fortes chances pour une solution politique. Une option appuyée par Bruxelles, l'UMA et les Etats-Unis, alors que la France et la Cédéao se montrent plus favorables à une intervention militaire. La Cédéao a prévu de monter une force de 3 000 hommes, mais concrètement, c'est irréalisable. Avec la décision du Sénégal de ne pas y prendre part, il ne reste que le Nigeria pour fournir le gros des troupes. Mais le Nigeria est déjà confronté à de sérieux problèmes sécuritaires avec l'escalade de Boko Haram, mais aussi à cause du comportement de ses soldats dans les contingents des Casques bleus de l'UA. La France est franchement favorable à l'intervention mais sans impliquer directement son armée. De la sous-traitance ! Une attitude d'autant plus incompréhensible que Paris affirme que toute solution passe par Alger sans pour autant concevoir que cette solution puisse, comme le soutient l'Algérie, être politique. Cela d'autant que, comme l'a indiqué M. Medelci, cette voie n'est pas épuisée. La menace ne vient pas directement du MNLA ou d'Ansar Eddine qui sont une partie de la crise malienne et qui est l'une des conséquences de l'intervention de l'Otan en Libye, mais des groupes terroristes d'Aqmi. Le but est donc d'isoler Aqmi. Et non pas d'allumer un autre foyer de tension au Sahel. La France demeure attachée à la solution militaire appuyée malheureusement par au moins deux pays du champ, le Niger et la Mauritanie, qui sont des cibles d'Aqmi, qui considèrent possible de régler rapidement la question. Une appréciation similaire faite sur la Libye. Gaïd Salah doit défendre l'option politique et faire face à ses homologues qui ne sont pas tous franchement d'accord avec lui. Quand bien même ils partagent la même analyse. Ce qui est sûr, c'est que le Cemoc ne risque pas de s'embarquer dans une mission de sous-traitance. Même si la France reste la seule puissance à prôner l'option militaire (pour des intérêts évidents dans son ancienne colonie), la pression sur Alger est toujours intense. Parallèlement, les choses évoluent et s'accélèrent. Notamment les discussions et le dialogue avec les différentes parties dans cette crise malienne. Ce qui est valable aussi pour le cas des diplomates algériens en otage. D B.