Le Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (Snpssp) appellera ses adhérents à boycotter le concours de passage au grade de spécialiste principal de santé publique, prévu courant octobre ou en novembre, si le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière (Msprh) n'en revoit pas les modalités. En premier lieu, la composante du jury devant évaluer les 2 000 candidats à ce concours. Ces derniers seront en effet évalués par des hospitalo-universitaires qui pourtant relèvent d'un autre secteur, à savoir le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (Mesrs). Le syndicat des praticiens spécialistes réunira, au courant de ce mois, son conseil national en session extraordinaire pour entériner cette décision si, d'ici là, le département de M. Ould Abbès ne revient pas sur sa mesure. C'est ce qu'a annoncé, hier à Alger, lors d'une conférence de presse, le porte-parole du Snpssp, Mohamed Yousfi, qui a interpellé les plus hautes autorités du pays en vue de mettre un terme à ce qu'il qualifie de «grave dérive» qui menace la survie du système national de Santé publique. Tout a commencé lorsque le Msprh a annoncé à travers deux arrêtés ministériels publiés par voie de presse, «unilatéralement et sans aucune concertation avec le partenaire social» selon le syndicat, l'ouverture du concours de passage au grade de praticien spécialiste, principal de Santé publique et la composition du jury. «Tels que conçus, ces arrêtés dévalorisent le concours, assimilé par ses modalités à un simple examen professionnel indigne du niveau universitaire des praticiens spécialistes de la Santé publique», s'indigne le conférencier. Et, fait unique dans les annales de la Fonction publique, le conférencier relève que pour ce concours degradation en Santé publique «où les candidats doivent être évalués par leurs pairs (praticiens spécialistes en chef et principaux)- conformément à la réglementation appliquée pour tous les corps et dans tous les secteurs- le ministère a décidé de faire appel à des examinateurs (des hospitalo-universitaires) issus d'un autre secteur (ministère de l'Enseignement supérieur)». Les praticiens spécialistes reprochent également à M. Ould Abbès de ne pas préciser le nombre de postes ouverts et les établissements concernés. Attendu depuis trois décennies, ce concours de gradation a vu l'ensemble de ses étapes (modalités d'organisation, programmes et composition des jurys) préparées depuis 2004 à la faveur d'une commission mixte Msprh-Snpssp et dont la dernière réunion remonte au mois de décembre 2011. «Nous rejetons avec vigueur et détermination ces modalités de concours humiliantes et insultantes pour les praticiens spécialistes de Santé publique et demandons instamment l'annulation de ces arrêtés et le retour du Msprh au respect de la réglementation et des accords signés. Dans le cas contraire, le Snpssp appellera tous les praticiens spécialistes de Santé publique au boycott de ce concours tant que ces modalités ne seront pas revues», a prévenu Dr Yousfi. Y. D.
Le Snpssp dénonce la nouvelle carte sanitaire Les praticiens spécialistes de la Santé publique accusent Djamel Ould Abbès, ministre de la Santé, de vouloir, à travers l'élaboration de la nouvelle carte sanitaire, reconvertir la totalité des services hospitaliers du Nord au profit des hospitalo-universitaires. «Ceci non pas pour répondre à un quelconque besoin spécifique d'offre de soins pour la population, mais simplement dans le but de multiplier les postes de responsabilité au profit de cette corporation (hospitalo-universitaires, Ndlr)», fait remarquer le Snpssp. Il y a une dizaine d'années, ministère et partenaires sociaux s'étaient entendus à revoir la carte sanitaire, nationale «dans le respect des besoins du pays en soins et en formation selon les normes universelles, mais ceci n'a jamais été respecté à ce jour», note Dr Yousfi.