Après trois mois d'hibernation des institutions et l'absence de tout interlocuteur, marqués par des évènements qui ont frisé l'explosion sociale, voilà que le pays semble se remettre en route avec le dernier remaniement ministériel auquel a procédé le chef de l'Etat. Et avec lequel il achève son mandat. Un mandat qu'il a entamé alors que le pays était encore plongé dans le terrorisme. Il lui fallait donc prendre le taureau par les cornes pour trouver une solution à la crise. C'était quelque peu de la mer à boire en ce sens qu'il devait faire preuve de beaucoup de doigté pour ne pas froisser les victimes et les bourreaux, devant une opposition des plus acerbes. D'où l'entame d'une sorte de ménage dans certaines institutions, y compris celle qu'on qualifiait, jusqu'à un temps récent de la Grande muette. Pour enfin se consacrer à la lourde tâche de la mise en place de la réconciliation nationale et de la concorde civile, non sans quelques couacs. Mais elle est là aujourd'hui, et faut-il le reconnaître? Les Algériens respirent mieux, même s'il reste encore quelques poches à nettoyer. L'année 2004 à l'aube de laquelle il annonce qu'il briguerait un second mandat, Abdelaziz Bouteflika, une alliance présidentielle pour lui apporter son soutien voit alors le jour et est composée du RND, du MSP et du FLN. Ce dernier aura auparavant connu une grave crise avec la défection de Ali Benflis qui décide de se présenter contre son mentor aux présidentielles de 2004. Alors SG du FLN il se verra éjecter du poste par l'invalidation du congrès et la propulsion de Bekhadem à l'origine avec d'autres cadres du parti du mouvement de redressement. Le deuxième mandat du président de la République commence avec une feuille de route qui allie la poursuite de la lutte antiterroriste à la mise sur pied d'un plan quinquennat pour la relance et le développement économique, surtout que les cours du pétrole étaient favorables et l'argent coulait à flots. Ce qui permettait d'engager des projets, notamment ceux des infrastructures. Là aussi, il fera face à certaines résistances au sein de l'Exécutif et devra se séparer de certains de ses ministres, à l'instar de celui des Finances de l'époque. Tout cela au milieu d'un vent de contestations émanant d'abord de quelques lobbies et barons de l'import-import qui n'ont pas accepté les mesures prises en faveur de l'économie nationale pour mettre un terme à la saignée des devises, la fuite des capitaux. Même si cela reste insuffisant.Le deuxième vent de contestation était social. Les scandales ayant émaillé, quelques secteurs poussent le chef de l'Etat à se séparer de nouveau de ministres et autres responsables considérés comme très proches de lui. Des golden boy, à l'image de l'ex-responsable de l'énergie et Temmar. Par ailleurs, certains départements ministériels commencèrent par briller par leur ignorance, voire le mépris de leurs partenaires en faisant la sourde oreille, conjugué à l'érosion du pouvoir d'achat. Des émeutes éclatent et coïncident avec les événements qu'ont connus certains pays arabes. L'Algérie y échappera de justesse. Le chef de l'Etat prononce alors un discours dans lequel il a annoncé des réformes politiques profondes à travers la révision d'un certain nombre de lois et de la Constitution. Lesdites réformes ont été vidées de leur substance par une majorité parlementaire en mal de légitimité. Les conséquences, on les connaît. Arrivent alors les législatives. Puis plus rien. Trois mois après, et devant les critiques aussi bien de la classe politique que de la vox populi amènent le président à non pas changer le gouvernement mais à procéder à un léger remaniement ministériel. Des chefs de partis de l'opposition y figurent désormais. Mais ce qu'il faut relever, c'est qu'avec le départ de Belkhadem et de Ouyahia, le retrait du MSP, l'alliance présidentielle qui battait de l'aile, n'existe plus aujourd'hui. En principe, personne ne peut se prévaloir aujourd'hui de la chapelle du premier magistrat du pays, même si des partis se revendiquent de son programme. Quant aux nouveaux détenteurs des portefeuilles ministériels, il est judicieux de ne point porter de jugement tant que des actes n'ont pas été faits et que des décisions courageuses pour redresser la situation ne sont pas prises. F. A.