L'Algérie affiche, depuis quelques années, une volonté politique de sortir de sa dépendance en matière de médicaments vis-à-vis de l'étranger, en passant de pays importateur-consommateur à pays producteur tourné vers le développement de la recherche fondamentale. Les ministres qui se sont succédé à la tête du département de la santé l'ont déclaré à maintes reprises. L'objectif est de couvrir 70% des besoins en médicaments, à l'horizon 2014, contre 37% actuellement, et de réduire la lourde facture des importations. Malgré une facture en perpétuelle hausse, les produits destinés aux malades chroniques, notamment ceux atteints de cancer, font l'objet de pénuries récurrentes. Décidé à prendre à bras le corps la question du médicament, l'Etat a initié un certain nombre de mesures à travers, notamment, l'encouragement des investissements et la conclusion de partenariats industriels basés sur le transfert du savoir-faire, afin de promouvoir une industrie pharmaceutique performante en mesure d'assurer les besoins du marché local. Ce qui n'est pas du goût des lobbies pharmaceutiques et des laboratoires étrangers qui veulent maintenir coûte que coûte le monopole sur le médicament en Algérie. Néanmoins, l'Etat est décidé à concrétiser sa politique en faveur de la production pharmaceutique nationale. Pour rendre plus accessible le médicament et soulager la Caisse de sécurité sociale, l'Algérie a promulgué une loi obligeant toute entreprise importatrice de médicaments, ayant plus de deux ans d'activité, à prendre l'engagement d'investir dans la production de médicaments, au risque d'être interdite d'activité si celui-ci n'est pas respecté. Cette loi, passée sous silence pendant des années, est remise au goût du jour. Les projets de partenariat s'enchaînent. A eux seuls, les investissements arabes en Algérie dans le domaine des médicaments ont atteint plus de 380 millions de dollars en 2011. Ils concernent 912 types de médicaments, sur les 5 683 commercialisés en Algérie. La Jordanie vient en tête des investisseurs arabes en la matière (laboratoire Hikma avec 130 millions USD), suivie de l'Arabie saoudite (70 millions USD), les Emirats arabes unis (26 millions USD), l'Egypte (20 millions USD) et la Tunisie (20 millions USD). Unique groupe public pharmaceutique en Algérie, Saidal est appelé à relever le défi de couvrir les besoins du marché national, en proie à de multiples perturbations et à alléger la facture du médicament. Actuellement, la production nationale représente plus de 35% du marché en valeur, 7% seulement revient à Saidal, alors que les 28% restants représentent la production du secteur privé. Ce groupe public a bénéficié, en 2011, d'un plan de relance, doté d'une enveloppe financière de 17 milliards de dinars, afin de doubler sa production au cours des cinq prochaines années et réduire progressivement la facture des importations de médicaments. Pour atteindre ses objectifs, Saidal multiplie les partenariats. Ainsi, un accord a été dernièrement signé avec les laboratoires danois, Novo Nordisk, pour la création, à Constantine, d'une unité de production de toutes les formes d'insuline d'ici trois ans afin de répondre à une demande locale croissante, évaluée actuellement à cinq millions de flacons. Le coût du projet est estimé à 15 millions d'euros. Les deux parties se sont engagées pour la fabrication locale de l'insuline «Novo Nordisk Algérie» à partir de l'année prochaine. L'objectif du partenariat à long terme avec le groupe Saidal consiste à assurer aux patients algériens la même technologie pour tous types de médicaments fabriqués par Novo Nordisk de par le monde. Autre projet, tout aussi ambitieux, annoncé par Saidal, celui portant sur la création d'une société mixte algéro-koweitienne pour la fabrication de 17 types de médicaments anticancéreux. Un accord de partenariat a été signé récemment avec la société koweitienne North Africa Holding manufacturing - FNI (SNM), pour la réalisation d'une unité de production à la nouvelle ville de Sidi Abdallah, Alger, qui devrait voir le jour, au plus tard en 2014. «Ce projet insufflera une nouvelle dynamique à l'industrie pharmaceutique nationale, notamment pour les médicaments anticancéreux qui restent totalement dépendants de l'importation», avait déclaré Boumediene Derkaoui, P-dg de Saidal. Le projet, dont le coût est estimé à 25 millions d'euros, sera détenu à hauteur de 49% pour chaque partie alors que le reste (2%) sera détenu par le Fonds national d'investissement. L'Algérie s'est également engagée dans un partenariat avec les Etats-Unis dans le domaine de la biotechnologie médicale. Il s'agit de la mise en place d'un pôle de biotechnologie, prévu à Sidi Abdellah, dont la réception est annoncée pour 2020. Il sera, selon les responsables du projet, «le quatrième pôle mondial, après ceux de Boston aux Etats-Unis, qui existe depuis 100 ans, d'Irlande (en Europe) et de Singapour (en Asie)». Lancé officiellement au mois d'août dernier, ce projet, dont le centre de génie biotechnologique fait partie, constitue l'un des plus importants scellés entre l'Algérie et les Etats-Unis dans le domaine de la santé. Il aura pour missions «de participer au développement de la recherche scientifique et à la valorisation des résultats des travaux de recherche ainsi qu'à l'identification et la maîtrise des techniques, notamment en matière de fabrication ou de production dans le domaine des biotechnologies». Reste à espérer que ces projets de partenariat voient le jour dans les délais annoncés. A. B.