Photo : S. Zoheir Par Smaïl Boughazi Le président du Forum des chefs d'entreprise (FCE), Reda Hamiani, a préconisé d'élargir la lutte contre l'économie informelle aux barons de l'importation. «Ceux qui portent atteinte à l'économie nationale, ce ne sont pas ces jeunes. On souhaite que les opérations contre la sphère commerciale informelle soient plus incisives à la tête», a-t-il déclaré, hier, lors de son passage à la Radio nationale. Hamiani a précisé que «ceux qu'on appelle les barons de l'importation, sont toutes ces personnes qui sont incrustées dans les différents rouages de l'Etat et qui se dispensent de payer la fiscalité ordinaire». Il dira, dans le même ordre d'idée, que les pouvoirs publics «s'attaquent au maillon faible, au petit revendeur dans les rues. Le phénomène de l'informel ne gène pas à ce niveau là. Cela peut gêner les commerçants de quartier ou les passants». Pour lui, «le tout répressif ne réglera pas la question», et la lutte doit être «globale». Toutefois, il juge que ce phénomène est «une soupape de sécurité qui permet des emplois pour bon nombre de nos jeunes». Evoquant le poids de l'informel en Algérie, Hamiani a préféré ne pas communiquer de chiffres approximatifs, estimant que ce commerce représente, selon les secteurs, entre 30 et 60% de l'économie du pays. Ce commerce est également «fort dans les secteurs du textile, des chaussures, des logiciels informatiques et CD, des cosmétiques et des pièces de rechange et même les médicaments», a-t-il affirmé. Quant à l'environnement économique et au climat des affaires, le patron du FCE a assuré que la nouvelle équipe, dirigée par Sellal, s'est montrée disponible et le plan d'action annoncé rejoint les préoccupations des patrons. «Il y a un soutien affirmé à la promotion de la PME, la relance de l'économie productive et des facilités seront accordées à l'accès au foncier, qui va devenir plus simple, et au financement qui va être organisé avec des garanties accordées par des caisses spécialisées.»Cependant, il invite le gouvernement à aller plus loin notamment dans le volet fiscal. «Même si je choque en disant cela, il faudrait peut-être que les producteurs que nous avons dans notre pays soient dispensés de tout paiement de taxes et d'impôts, pourvu qu'on arrive à relever le seuil de la production et qu'une partie des besoins de la population soit assurée par cette production», a-t-il déclaré. «Donner un message important qui frappe les esprits en déclarant que le secteur productif doit-être absolument prioritaire dans les conditions actuelles. Il est tellement déclinant, avec une emprise importante des importations, que nous avons besoin de mesures spectaculaires pour inverser la tendance. Quand je dis que les entreprises ne paient pas l'impôt, je vais jusqu'à la caricature. Peut-être qu'il faut alléger au maximum les impôts à payer», suggère-t-il.Et d'ajouter : «L'Algérie a beaucoup perdu pendant vingt ans. On a subi une désindustrialisation massive. Tout ce qui serait de nature à encourager la production locale et diminuer l'emprise de l'importation va dans la bonne direction. Toutes les mesures, dispositifs et règlements qui pourraient booster la production locale devraient nous inspirer et nous mobiliser.»Au sujet de la production nationale, le patron du FCE a estimé qu'elle a chuté de 18%, il y a 15 ans, à seulement 5% actuellement. Mais, à ses yeux, cette chute n'est pas due uniquement à l'ouverture économique, «il y a aussi une incapacité de notre système de production local à répondre aux attentes des consommateurs, nos produits sont restés médiocres par rapport à ceux importés». Il avoue, d'ailleurs, que la relance de cette industrie devra toucher pratiquement tous les secteurs. Hormis l'agroalimentaire et le bâtiment, «tout est à reconstruire en Algérie», a-t-il conclu.