Quand les représentants du gouvernement soutiennent que l'«effort colossal en termes d'investissement publics (et qui) est appelé à se traduire par un bond quantitatif et qualitatif à réaliser en matière de fixation et de localisation d'investissement productif, créateur de richesse et d'emplois», les porteurs potentiels de projets d'investissement se plaignent de contraintes bureaucratiques multiples dans le processus de concrétisation et de mise en œuvre de la moindre action économique. Quand Daho Ould Kablia, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales parlait, récemment lors de la rencontre régionale avec les walis, d'augmentation du portefeuille foncier destiné à l'investissement «productif» et d'une enveloppe de 30 milliards de dinars pour l'aménagement et le développement des zones d'activité en deux années, 2011et 2012, et de 88 milliards de dinars pour la création de 43 autres zones industrielles, de facilités etc, les investisseurs ne l'ont pas entendu de cette oreille et donnent une autre lecture du climat de l'investissement dans le pays. La réalité est, en tout cas, du côté des victimes, nombreuses, qui se comptent par dizaines de milliers, des dispositifs d'investissement.Une situation qu'appuie une enquête toute fraîche de l'Office national des statistiques (ONS), qui souligne des problèmes de bureaucratie, de dossiers et délais complexes et longs, d'accès au foncier et de financement des projets par les banques, qui ne prennent pas des «risques en cas d'échec du projet», selon des experts en la matière, comme étant les principaux obstacles qui paralysent l'activité économique, la création de richesse et d'emploi et le partenariat. En Kabylie, ces problèmes sont amplifiés par des causes propres à la région sans susciter de prise en charge sérieuse de la part des autorités. Les opérateurs économiques de la wilaya de Tizi Ouzou ne cessent de dénoncer«l'état d'abandon» et de «dégradation» des zones d'activités industrielles, qui nécessitent une enveloppe conséquente (10 milliards de dinars) pour leur réhabilitation et proposent la mise en place de «mesures incitatives à l'investissement privé pour rattraper le retard en la matière», tandis que les observateurs de la scène économique exigent pour la région un plan économique spécifique. selon des données de la Chambre de commerce et d'industrie du Djurdjura (Ccid), la wilaya de Tizi Ouzou enregistre uniquement 6,5 entreprises pour 1 000 habitants, contre une moyenne nationale de 11,5 pour 1 000 habitants, sachant que le taux de chômage officiel dépasse les 18 %, pour une population dont plus de 54 % a moins de 30 ans. Les opérateurs économiques de Kabylie mettent aussi en exergue, à chaque occasion, la situation sécuritaire locale qui ne connaît aucune amélioration, contrairement aux autres régions d'Algérie. Assassinats, attentats terroristes, faux-barrages, rackets, kidnappings résument une situation sécuritaire que partagent à longueur d'année les habitants et les opérateurs économiques. Près d'une centaine de commerçants, entrepreneurs et simples agriculteurs ont été enlevés depuis 2005 dans la seule wilaya de Tizi Ouzou sans provoquer de la part des pouvoirs publics de réactions politique et sécuritaire opportunes dans ce genre de situation. Une grave situation qui, malgré sadangerosité, n'éloigne pas les investisseurs, qui choisissent contre vents et marées de rester dans leur région : selon des chiffres de la direction générale de l'Agence nationale de développement de l'investissement (Andi) la wilaya de Tizi Ouzou arrive en tête des déclarations d'investissement au premier semestre 2012, avec 453 projets. Alors qui a dit que les investisseurs n'aiment pas la Kabylie malgré les graves aléas réels ou supposés ?