Photo : S. Zoheir De notre correspondant à Béjaïa Kamel Amghar
Le secteur de l'habitat va mal à Béjaïa. Les programmes d'investissement public, annoncés en grande pompe, peinent toujours à se concrétiser sur le terrain. Faute d'assiettes foncières, une bonne partie des programmes accordés à la wilaya n'est pas encore lancée. Les retards récurrents de réalisation caractérisent également le peu de chantiers réellement mis en œuvre. Profitant de la discrétion et du manque de communication sur ce sujet, de pseudo promoteurs immobiliers ne se sont pas empêchés d'arnaquer au grand jour des souscripteurs qui ne se doutaient de rien. Des appartements au chef-lieu de wilaya ont été vendus plusieurs fois, et les victimes de ces pratiques se retrouvent, malgré eux, embarquées dans des procès qui s'étirent indéfiniment. D'autres postulants au logement social participatif (LSP), qui se sont acquittés de l'apport initial exigé, apprennent, après coup, que leur promoteur n'a pas encore eu les autorisations nécessaires, comme le permis de construire. Ils se retrouvent ensuite pris en otage entre l'Administration et l'indélicat maître d'œuvre. Parfois, c'est à la réception du projet que la situation se complique, comme pour le cas des 80 acquéreurs de LSP à Souk El Thenine, qui défraie actuellement la chronique. Invoquant des imperfections diverses, les services compétents de l'Etat refusent de délivrer le certificat de conformité à l'entrepreneur.Ce dernier tarde à engager les travaux supplémentaires exigés et compte visiblement sur l'impatience de ses clients pour s'en sortir à bon compte. En gros, on remarque d'emblée un manque de transparence flagrant. Tout se passe dans en circuit fermé où l'information est transmise de bouche à oreille. Ce manque de clarté caractérise aussi les textes législatifs et réglementaires régissant le foncier. Plusieurs lois ont été amendées ces dernières années et les nouveaux textes d'applications, qui avaient déjà pris un sacré temps à être élaborés et mis en œuvre, se révèlent insuffisants ou ambigus, selon des fonctionnaires et des notaires. Conséquence : le prix de l'immobilier est en augmentation exponentielle à Béjaïa. Au cours du dernier quinquennat, les spécialistes parlent d'une hausse qui frôle les 300%. Acquéreurs et locataires éprouvent beaucoup de mal à en couvrir les frais. La location mensuelle d'un appartement F3 au chef-lieu de wilaya se situe entre 20 et 25 mille dinars. A l'achat, les promoteurs exigent 7 millions de dinars pour un F4. Malgré les aides dégagées annuellement par l'Etat et les facilités bancaires accordées, les ménages moyens n'arrivent plus à en bénéficier. La restriction de l'offre et le manque de transparence dans l'attribution de ces aides publiques découragent plus d'un. Pour le quinquennat 2009-2014, un quota de 34 000 habitations, toutes formules confondues, a été réservé à la wilaya. Soit une hausse de 3 500 unités par rapport au quinquennat précédent. Dans le détail, il s'agit de 2 000 logements sociaux, dont 740 dans le cadre de la résorption de l'habitat précaire (RHP), 16 000 promesses d'aides à la construction où à l'extension de logements ruraux, 9 500 autres aides pour le promotionnel aidé (LPA) et 6 000 aides dédiées au social participatif (LSP). Néanmoins, la rareté du foncier urbain et la spéculation qui entoure ce dossier retardent l'exécution de tous ces projets. Seul l'habitat rural, où le terrain d'assiette est à la charge du souscripteur, réalise pour le moment quelques avancées. Cet épineux problème du foncier constitue un sérieux handicap à la concrétisation des politiques publiques en la matière. Sur les 21 467 logements inscrits dans le plan quinquennal 2004-2009, près de 2 557 habitations ne sont pas encore lancées ou sont à l'arrêt pour des litiges fonciers. Aujourd'hui, tout le monde est dans l'expectative. Les nouveaux couples et les mal-logés souffrent en attendant des solutions adéquates à tous ces maux.