Qui est coupable ? Une question revenue souvent après les «déculottées» enregistrées dans les différentes manifestations sportives auxquelles notre élite a pris part ces dernières saisons. Jeux africains au Mozambique (Maputo), Jeux arabes à Doha (Qatar) ou, tout récemment, les Jeux Olympiques de Londres 2012. La participation algérienne aura été des plus catastrophiques et le costume de responsabilité a déplu aux pseudo-responsables du sport algérien, tout le monde se refusant à le porter. Avertis à Doha, lors des Jeux arabes, au bord du fossé lors des Jeux africains de Maputo et au fond du gouffre après les joutes londoniennes: le sport national, faut-il le répéter, a touché le fond, est tombé très bas. Des résultats plus que mitigés et largement en deçà de ceux enregistrés lors de précédentes sorties internationales. Un net recul que ce soit au plan arabe, continental ou mondial. Une 5e place, avec 88 médailles (16 d'or, 31 d'argent et 41 de bronze), et la même place à Maputo avec 3 médailles de moins (22 d'or, 29 d'argent et 34 de bronze). Des moissons jugées, à cette époque, honorables vu le jeune âge de nos athlètes, puisque 73 % de nos sportifs avaient à peine 19 ans et 63 % prenaient part pour la première fois aux joutes africaines, donc en phase d'apprentissage. Ce qui laissait entendre qu'un travail de rajeunissement a été entamé et devait donner ses fruits dans un avenir proche et exigeait de la patience avec des talents en passe d'éclore. Comme avenir proche, le plus prestigieux des rendez-vous sportifs à l'échelle de la planète, les JO 2012, étaient dans le collimateur. Trente-neuf (39) athlètes avaient gagné leur place aux olympiades pour…. une seule, petite médaille. Une breloque en vermeil certes, mais une face en or qui cache une politique sportive désuète et un échec sportif désolant pour un pays considéré, il n'y a pas longtemps, comme l'une des valeurs sûres à l'échelle mondiale. Des déconvenues dues à plusieurs raisons mais dont le «coupable» n'a jamais été désigné parmi une brochette de responsables directs, passés maîtres dans l'art de la dérobade. Le Comité olympique algérien, présidé par Rachid Hanifi, accablera évidemment les différents présidents des fédérations au moment où le ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS) était resté en retrait, disant qu'il n'était, en aucun cas, responsable des résultats réalisés par nos athlètes. On se souvient qu'avant les JO, aucun ne voulait se prononcer à propos des objectifs. Le COA, instance suprême du sport national, avec la tutelle, le MJS, sentant la débâcle à venir, s'étant trop tôt défait du costume de responsabilité, à l'orée d'une compétition qui relève de sa compétence, prétexte que l'aspect technique et la définition des objectifs était du ressort exclusif des fédérations. Rappel de quelques déclarations d'avant départ pour Londres. M. Hanifi : «Le COA ne s'assigne aucun objectif, il prépare les conditions logistiques de la participation de la délégation algérienne aux JO 2012. Les objectifs techniques ne peuvent être que du ressort de ceux qui assument la préparation technique, c'est à dire les fédérations elles mêmes.» On ne peut mieux prévenant et précis. En parallèle, le MJS, par le biais de son ancien patron, Hachemi Djiar, avait laissé entendre que le rôle de son ministère se résumait à accompagner, sans plus, le sport algérien avec l'attribution des subventions. Ces sommes allouées étaient donc utilisées par le COA pour préparer les conditions logistiques dont parlait le Dr. Hanifi. Tout cela sous-entend que la responsabilité a été mise sur le dos des fédérations qui étaient censées manger le pain noir d'un argent octroyé par le MJS et réparti par le COA. Il faut dire qu'avant, pendant et durant ce voyage en Grande-Bretagne et qui a viré au cauchemar côté résultats, nos athlètes n'auront jamais connu la sérénité et la stabilité nécessaires pour préparer ce type de rendez-vous. Des promesses jamais tenues, faites par le MJS, des stages annulés par les fédérations et un comité olympique qui n'a jamais soutenu des athlètes qui avaient la tête ailleurs. Comme ce boxeur qui avait failli ne pas faire le voyage très affecté psychologiquement, ou cet autre (Abdelhafid Benchebla) n'appréciant pas de n'avoir pas perçu un dû de 300 millions de centimes et passé à côté d'un forfait alors que certains, comme le judoka Ammar Benikhlef, n'étaient pas du voyage. Le médaillé d'argent des jeux de Pékin qui, 4 ans après, n'avait pas reçu sa «récompense», un appartement que le ministre de l'Habitat lui avait promis. Ces «promesses en l'air» sont-elles du ressort des fédérations ? Nouveau ministre, nouvelle politique ? A la fin du cycle olympique, et cela tombe bien, au bon moment, un nouveau ministre de la Jeunesse et des Sports est désigné, Mr Mohamed Tahmi en l'occurrence. Une arrivée qui coïncide donc avec la présentation des bilans d'un mandat à oublier. Parmi les performances, on citera ce «joli trophée» du COA qui a frôlé la suspension par le CIO (Comité Olympique International) en raison d'une plainte qu'avaient déposée les 24 fédérations, en conflit ouvert avec M. Hanifi et son bureau et ce, par solidarité avec leurs «consœurs» du cyclisme, de l'escrime et du golf qui n'étaient pas reconnues par les instances internationale respectives. L'Algérie, courait alors le risque de disqualification des JO, mais elle l'échappera vraiment belle. Des actes irresponsables qui auraient pu faire rentrer le sport algérien droit dans un mur. Un mal de plus qui aurait pu mettre au tapis un sport national qui tient à peine debout avec les innombrables coups encaissés tout le long de cette dernière décennie à mettre aux oubliettes. Un «balayage» s'impose et le jardin doit être nettoyé des mauvaises herbes. Un «jardin des sports» où les roses du succès sont désormais dures à cueillir. Entourées des épines de l'incompétence dans un jardin qui risque de perdre la verdure de l'espoir et la prospérité tant recherchées. Le nouveau ministre, qui semble commencer à faire un peu d'ordre dans la maison, trace quelques contours d'une prochaine remise en ordre. Entre le conditionnement de l'octroi des budgets, la priorité accordée à la formation à la base et la volonté d'aligner les primes des médaillés olympiques et paralympiques, la volonté de bien faire, il y a les attentes de voir les paroles se concrétiser sur le terrain. L'Etat semble décidé à aider le sport algérien à se relever, mais certains «parasites» doivent être chassés, entend-on ça et là. Pour avoir une idée de l'environnement dans lequel il va travailler, l'ancien président de la Fédération algérienne de handball (Fahb) était confronté tout récemment à ce problème interne qui ronge le COA. En effet, l'assemblé générale, prévue le 29 septembre dernier, n'a pas eu lieu puisque ses membres avaient refusé d'adopter l'ordre du jour, la majorité d'entre eux contestant le président Hanifi qui, selon eux, gère les affaires de l'instance pour son «intérêt personnel». Ça en dit long sur la façon dont le sport national est géré. Et les difficultés auxquelles doit se préparer à faire face le nouveau patron du sport national qui a, pour lui, l'avantage de bien connaître la maison et ses rouages. M. T.