Le tribunal de Genève tranchera l'été prochain dans le conflit qui oppose l'Algérie et l'Espagne sur la renégociation des prix du gaz. C'est ce qu'a révélé le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, au cours d'une conférence-débat organisée hier au club de presse d'El Moudjahid. Cette affaire a été portée devant cette instance arbitrale il y a un peu plus de six mois. Dans l'attente, Algériens et Espagnols continuent d'en rediscuter, dans l'espoir d'aplanir leurs divergences. La renégociation des prix du gaz remonte en fait à trois ans. Elle concerne une partie du gaz algérien exporté vers l'Espagne via le GME (Gaz Maghreb Europe). La partie algérienne réclame une majoration des prix de vingt pour cent en deux phases. Fût-elle intéressante, cette offre ne semble cependant pas arranger les Espagnols. Et, pourtant, le conflit était sur le point d'être réglé, il y a moins d'une année, avant que les négociateurs espagnols ne fassent marche arrière. Face à pareille situation, l'Algérie était contrainte de faire appel à l'arbitrage international. a ce conflit, s'en superpose un autre, celui de Gassi Touil, instruit, lui aussi, par une instance juridique à Genève. Le verdit est attendu, début 2009, a annoncé le ministre de l'Energie et des Mines, lors de la même conférence-débat. Gassi Touil est un projet monté par Sonatrach en association avec le groupement ibérique Gas Natural et Repsol. Pour des raisons commerciales amplement expliquées par la compagnie nationale des hydrocarbures, celle-ci avait résilié le contrat qui la liait au consortium espagnol. Aujourd'hui, Sonatrach a repris seule le projet. Chakib Khelil a, par ailleurs, parlé des prix du pétrole et de l'OPEP, soulignant qu'il serait inutile de tailler davantage dans les quotas de l'organisation si la décision du 24 octobre dernier (baisse de la production de 1,5 mbj) n'était pas effectivement respectée par l'ensemble des membres. Et d'ajouter : «Si les membres de l'OPEP respectaient leur quota de baisse et les prix se maintenaient dans les proportions actuelles, l'OPEP pourrait alors ne pas opérer une nouvelle réduction, à la faveur de la conférence extraordinaire programmée pour le 17 décembre, à Oran.» a l'heure qu'il est, l'Algérie, les Emirats arabes unis, le Koweït, le Nigeria et l'Iran ont notifié la réduction de leur production en application de la décision de l'OPEP, prise à Vienne. L'Arabie saoudite va le faire, a déclaré le ministre de l'Energie et des Mines. C'est une attitude honorable, a-t-il ajouté, expliquant que les Saoudiens étaient, dès le début, d'accord sur la réduction effective de leur production. L'Arabie saoudite est obligée de baisser ses quotas de cinq pour cent, soit un million de barils par jour. Pour mettre en pratique une telle meure, les Saoudiens se donnent un peu plus de temps, semble vouloir dire Chakib Khelil. Quant aux pays non-OPEP, il dira que l'organisation qu'il dirige ne peut pas les obliger à appliquer la décision de réduction. En tout cas, la conférence extraordinaire d'Oran devrait permettre d'évaluer les perspectives du marché pour le 1er semestre 2009 à la lumière des mesures prises par les Etats-Unis pour contrer la crise financière et économique mondiale. Nous allons discuter d'une autre baisse mais est-ce qu'il y aura un consensus, je ne peux pas vous le dire, a souligné l'invité du forum El Moudjahid. Et d'ajouter que ce qu'on veut, c'est de maintenir les prix à des niveaux stables allant entre 80 et 90 dollars. C'est un prix raisonnable pour les pays producteurs, a-t-il estimé. Chakib Khelil a annoncé, dans un autre registre, que les ministres arabes du Pétrole se réuniront le 29 novembre au Caire pour discuter de la situation des marchés pétroliers, une rencontre à laquelle seront également invités des pays non-OPEP. a la faveur de ce rendez-vous, il est probable que des ministres arabes du Pétrole des pays membres de l'OPEP se rencontrent pour débattre du marché pétrolier international. Les pays arabes membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) sont l'Algérie, le Koweït, la Libye, le Qatar, l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et l'Irak. L'Irak sera absent de cette réunion. Sur un tout autre plan, le ministre de l'Energie et des Mines a évoqué la crise financière mondiale, notant qu'elle n'aura pas d'effets sur l'économie algérienne, sur les deux prochaines années du moins. Il a enfin avancé que les recettes pétrolières de l'Algérie s'établiront autour de 77 milliards de dollars à fin 2008 et que les 71 000 barils par jour que l'Algérie a décidé de retirer des marchés en application de la décision de l'OPEP équivalent à 2 milliards de dollars, sur une année. Y. S. Une banque spécialisée pour Sonatrach Le groupe Sonatrach va se doter d'une banque spécialisée dans les investissements en hydrocarbures. Cette information a été avancée par le ministre de l'Energie et des Mines, en marge de la conférence-débat citée plus haut. Ce sera un établissement financier chargé de financer les projets d'investissements du secteur des hydrocarbures. Le dossier a été transmis à la Banque d'Algérie, et Sonatrach attend l'obtention de l'agrément, a-t-il déclaré. Cette banque appartiendra donc à la compagnie nationale des hydrocarbures. Ce sera une de ses filiales. L'invité du forum El Moudjahid a ajouté que cette banque fait partie, en fait, de la stratégie du groupe qui projette de diversifier ses secteurs d'activité hors hydrocarbures. Il opère déjà dans le dessalement de l'eau de mer, dans les énergies renouvelables et dans la métallurgie. Mais qui va gérer cet établissement une fois l'agrément obtenu ? Ce seront des cadres dirigeants de Sonatrach, selon le ministre. Y. S.