Chakib Khelil a démenti l'information selon laquelle l'Opep tiendrait une réunion d'urgence pour tenter de freiner l'envolée des prix du brut. Les plus grands exportateurs de gaz sont déterminés à instituer un cartel du gaz. La décision se précisera au septième forum des 14 pays exportateurs de gaz qui se déroulera en 2008 à Moscou. La délégation russe qui préside ce forum soumettra des propositions dans ce sens. C'est ce qu'a laissé entendre hier le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, qui était invité au Forum d'El Moudjahid. «Pour que l'idée d'une Opep du gaz soit possible, il faut attendre que toutes les conditions soient réunies», a-t-il précisé. La décision d'instituer un cartel n'a pas été prise au précédent Forum de Doha. Au lieu de cela, les pays producteurs ont proposé de créer un groupe de coordination de haut niveau qui se chargera, entre autres, de l'élaboration de principes de la formation des prix du gaz sur le marché. L'Argentine, la Bolivie et le Venezuela se sont prononcés, avant le forum, en faveur du regroupement des pays exportateurs au sein d'une structure à l'instar de l'Opep. L'Algérie, par la voix du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, n'a pas rejeté l'idée. «Elle mérite d'être examinée et discutée entre tous les intéressés», a déclaré le chef de l'Etat. Certains pays consommateurs ont fait état, faut-il le rappeler, d'une «nervosité» suite à un éventuel regroupement des exportateurs de gaz. Cette nervosité qui a été assez longtemps présente dans l'espace médiatique s'explique par les tensions dans le dialogue énergétique lancé par Moscou au Sommet du G8. Depuis, de nombreux pays ont rénové ou se sont engagés dans la voie de la rénovation de leurs stratégies énergétiques. L'éventualité de la création d'un cartel du gaz ne serait pas du goût de l'Europe qui craint une dépendance énergétique envers Alger et Moscou. Ces derniers alimentent respectivement l'Europe à raison de 60 et 120 milliards de m3/an de gaz. Par ailleurs, M.Khelil a saisi l'occasion de son passage au Forum d'El Moudjahid pour éclaircir les choses sur le conflit énergétique algéro-espagnol. Le conflit se résume en trois points: le projet Medgaz, le prix du gaz et le projet Gassi Touil. Le premier dont le problème tournait autour du volume de gaz qu'exportera l'Algérie vers l'Espagne a été réglé, affirmera M.Khelil. Quant au prix du gaz, les choses n'ont pas avancé selon le ministre et le problème est toujours en arbitrage. «Il y a eu des propositions de Gas Natural sur ce sujet mais qui sont en deçà des attentes de Sonatrach», indiquera le ministre. Pour le projet Gassi Touil, il sera repris intégralement pas Sonatrach. Réagissant à la flambée des prix du pétrole, le ministre de l'Energie et des Mines affirmera que ces derniers vont encore augmenter. «Les problèmes géopolitiques comme la possibilité de l'invasion de l'Irak par la Turquie, la possibilité de l'arrêt des approvisionnements à partir de l'Irak, ainsi que les problèmes de capacité des raffineries vont contribuer à maintenir les prix élevés jusqu'au 2e trimestre 2008», a précisé M.Khelil. Les cours du pétrole brut ont dépassé jeudi, pour la première fois, le seuil des 90 dollars le baril. Ils connaîtront un apaisement, prévoit-il, vers le 2e trimestre de 2008. Il a écarté par contre l'éventualité d'une réunion extraordinaire de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) avant la conférence ordinaire du 5 décembre prochain à Abou Dhabi. Il a donc démenti les informations selon lesquelles l'Opep tiendrait une réunion d'urgence pour tenter de freiner l'envolée des prix du brut. Le ministre a par ailleurs, rappelé que l'Organisation augmentera sa production de 500.000 barils jour à partir du 1er novembre prochain en application d'une précédente décision.