Le dispositif mis en place à travers un code de la route revu et corrigé pour réduire les accidents de la route a échoué. Ce ne sont pas les services de la Dgsn et de la Gendarmerie nationale qui démentiraient ce constat, eux qui, jour après jour et semaine après semaine, établissent des bilans à faire dresser les cheveux sur la tête. Les mesures dissuasives contenues dans le nouveau code avaient, pendant un temps, donné l'espoir de voir des routes plus sûres. Puisque les conducteurs ne se sentaient pas interpellés par les quelques actions de sensibilisation autour des tueries quotidiennes, il fallait durcir les mesures de répression et les rendre plus dissuasives, avec des pénalités plus lourdes, financières notamment. Mais c'était compter sans ces pratiques répréhensibles de favoritisme et de passe-droits de la part de ceux-là même qui sont censés appliquer les sanctions envers les réfractaires. Les privilèges sont toujours de mise, même quand il s'agit de la vie des individus. Des vies humaines sont fauchées chaque jour et on se permet le luxe d'être indulgents envers des chauffards peu soucieux des conséquences de leur inconscience sur la route. Ceux qui roulent à tombeau ouvert et qui apportent leur pierre (tombale) à cette «œuvre» de destruction des vies, n'ont pas d'inquiétude à se faire puisque les sanctions ne sont jamais effectives. Un permis est à peine retiré qu'il est restitué à son propriétaire. Un «coup de fil» suffit pour qu'un contrevenant se voît affranchi de l'obligation de payer une amende ou de se passer de son permis de conduire pendant une période. Près de 20 morts en une journée et plus de 60 morts en une semaine, l'habitude a endurci les cœurs et dans les esprits, il s'agit plus d'un décompte que d'un bilan macabre. La preuve est que les conducteurs ne se départissent pas de leur ivresse du volant, quand ils ne sont pas en état d'ivresse au volant. La vitesse fait partie de la conduite, pour les jeunes et souvent pour les moins jeunes, seul l'accélérateur possède une fonction. Celle de propulser le véhicule tel un bolide, advienne que pourra. La gravité de la situation démontre l'impuissance des pouvoirs publics à endiguer un fléau qui emporte des vies et endeuille des familles. D'ailleurs, notre pays occupe la 4e place au niveau mondial et se place en tête des pays du Maghreb et du monde arabe. Alors qu'une campagne de sensibilisation sera organisée pendant 3 jours à partir de la semaine prochaine, le ministre des Transports a réuni hier les cadres du secteur (ceux du ministère, du Centre national de prévention et de sécurité routière, de l'Enacta et du contrôle technique) afin de faire une évaluation de la situation. Il s'avère en tout cas qu'un code de la route plus répressif ne sert à rien si les mentalités ne changent pas à tous les niveaux, du simple agent organisant le trafic routier aux plus hauts responsables au niveau des services de sécurité, qui oublient vite leur devoir quand il s'agit de la famille ou des amis. R. M.