Les agronomes et les céréaliculteurs rencontrés lors du Salon de l'agriculture organisé à Alger dernièrement sont formels : pour se développer, la céréaliculture a besoin d'un environnement stimulant à la production et prenant en compte les différents paramètres. Dans cette perspective, la tutelle a arrêté un certain nombre des mesures. Il s'agit, en premier lieu, de rapprocher les prix à la production de ceux des cours mondiaux et d'accorder, en seconde position, des crédits de campagne à tous les fellahs céréaliers, même ceux ayant des dettes envers les coopératives céréalières et de légumes secs (CCLS). Semences et intrants étant mis à leur disposition en quantités suffisantes et sans le moindre engagement financier, comme le stipulent les avantages du RFIG. Aux céréaliers de rembourser leur dette de campagne une fois leurs récoltes vendues. Deux facteurs de stimulation à la production dont on ne saurait diminuer l'efficacité. «Mais il reste d'autres préalables à remplir si l'on veut réellement aller vers une amélioration des rendements dans ce type de cultures», ont soutenu nos interlocuteurs. Selon ces derniers, la satisfaction des besoins en céréales de l'Algérie passe avant tout par le développement tous azimuts de ce type de cultures. Satisfaire les besoins de l'Algérie par le développement d'une céréaliculture performante Dans ce sillage, nos interlocuteurs notent qu'il y a lieu de réunir certaines conditions. Ce que mentionnent d'ailleurs diverses études menées dans ce sens et réalisées sur le terrain. Des études dont les résultats écartent le lien entre l'insuffisance pluviométrique et la faiblesse des rendements enregistrés sur les plaines telliennes là où se concentrent le gros des terres céréalières du pays, du fait qu'il existe des différences de rendement flagrantes entre certaines exploitations et leurs voisines avec des taux de pluviométrie identique, explique cette situation. «Ce qui dénote que la véritable raison des faibles rendements est à chercher ailleurs», nous a-t-on précisé. En clair, les études de terrain ont révélé que, dans une même région où la quantité de pluie est insuffisante, on peut rencontrer des écarts énormes en termes de volume récolté sur des superficies identiques. De telles différences s'expliquent, selon des ingénieurs agronomes, par le fait que, d'un côté, l'itinéraire technique a été correct, entraînant de bons rendements et, de l'autre, un simple grattage du sol (cas de la majorité des agriculteurs) ne peut donner que de piètres résultats, sinon un abandon pur et simple de la superficie ensemencée. De ce constat, on ne saurait espérer un changement notable et définitif de la production céréalière si les éléments de la stagnation sont encore présents dans la majorité de nos exploitations agricoles. La décision du gouvernement d'acheter les céréales à un prix qui se rapproche des cours mondiaux actuels, dans le but d'encourager les céréaliculteurs à produire plus, n'est pas suffisante car, souligne-t-on du côté des spécialistes en la matière, «la relance de la céréaliculture ne peut être dissociée d'un ensemble de facteurs intimement liés que sont la jachère, l'élevage ovin (auquel on consacre des centaines d'hectares de céréales pour la nutrition et qui en demande toujours plus), la fertilisation (engrais suffisants et appropriés), la mécanisation (un parc de labours et de récoltes insuffisant et aussi vétuste, d'où le travail approximatif des sols et des pertes dans les récoltes), les semences sélectionnées, la recherche appliquée, la taille des exploitations et les prix». Autant de facteurs déterminants qui viennent s'ajouter à la panoplie habituelle des mesures connues pour accroître les rendements, à savoir les itinéraires techniques ainsi que la date précise des semailles et des moissons. On ne saurait omettre dans ce contexte qu'il y a tout intérêt à accentuer la reconversion là où c'est impératif, non pas en introduisant la jachère comme moyen de rendre fertiles les terres, car cela est faux, mais par la mise en place d'un assolement plus intensif, telle est l'orientation souhaitée par les agronomes. En définitive et compte tenu de la place qu'occupent les céréales dans la consommation des ménages, dans la ration des animaux et leur coût actuel et à venir dans les importations, du côté de la tutelle, on parle, ces derniers temps, de lignes de conduite à observer pour développer l'agriculture. La priorité doit cependant être donnée à l'amélioration des conditions de production de ces céréales. Il y va de notre sécurité alimentaire ! Z. A.