De notre envoyé spécial à Biskra Ziad Abdelhadi Ce sont 120 professionnels, venus des quatre coins du pays et spécialisés dans les métiers de la poterie, de la dinanderie, de la joaillerie, de la couture et autres activités usant de matériaux du terroir, qui se sont donnés rendez-vous dans l'enceinte du complexe historique de la Wilaya VI à Biskra pour commémorer la journée nationale de l'industrie artisanale. Ce salon a ouvert ses portes hier et fait office de véritable vitrine d'un savoir-faire car il permet aux visiteurs de découvrir tout ce que l'on peut réaliser avec des moyens du bord et la panoplie de produits spécifiques à chaque région du pays. Le ministre de la PME et de l'Artisanat, Mustapha Benbada, qui a inauguré officiellement cette manifestation, a tenu à rappeler aux exposants lors de sa tournée à travers les stands que c'est là un rendez-vous qui traduit fidèlement tout l'intérêt qu'accordent les pouvoirs publics à un secteur d'activité. Un secteur qui peut, selon lui, «avec un soutien continu, prendre de l'essor et par là même devenir source de postes d'emploi et de revenus à des centaines de jeunes animés par la soif de faire valoir tout ce qu'ils sont capables de réaliser avec leurs mains». Les exposants ont saisi l'occasion du passage du premier responsable du secteur de l'artisanat traditionnel pour soulever les problèmes qu'ils rencontrent, notamment l'absence de locaux commerciaux pour exposer leurs productions. «C'est là une condition sine qua non si l'ont veut maintenir en activité des métiers qui risquent d'être délaissés, voire abandonnés faute de pouvoir écouler le produit d'un savoir-faire», a lancé au ministre un potier de la wilaya de Tipasa, soutenu par une dame des Aurès qui, elle, ne peut plus se contenter de fabriquer sans réussir à commercialiser ses produits. Et d'expliquer au ministre et à sa délégation : «Il faut bien que je réalise un minimum de recettes de ventes ne serait-ce que pour pouvoir m'approvisionner en matière première. Même si celle que j'utilise pour certains produits ne me coûte rien car je l'extrais d'un petit gisement d'argile proche de l'endroit où j'habite, il reste d'autres composants qui me sont indispensables et que je dois acheter auprès de fournisseurs. Ces derniers, connaissant nos conditions de travail, nous livrent à crédit, ce qui nous encourage à rester en activité dans l'attente de bénéficier d'un local pour exposer et faire connaître à une plus grande échelle le produit de mon activité artisanale.» A ces doléances, le ministre a rappelé l'engagement de son département à prendre ce dossier en charge. Et d'arguer : «En guise d'approche du problème, nous nous attelons à mettre en place tout un réseau pour la prise en charge des produits de l'artisanat et leur vente afin de libérer les artisans de ce spectre. Nous nous sommes rapprochés des patrons de grandes surfaces pour qu'ils réservent des rayons aux produits de l'artisanat et jusqu'à présent nous avons reçu des échos favorable de leur part.». La voie de l'exportation a été également soulevée lors de la visite des stands. M. Benbada a interpellé à l'occasion les responsables des Chambres de l'artisanat pour faire en sorte qu'ils assument pleinement leur mission de regrouper par segment d'activité les artisans et par voie de conséquence «les organiser pour qu'ils puissent exporter leurs produits au lieu de le faire individuellement». Notons, enfin, cette approche d'un tisserand de la wilaya de Tiaret qui nous a lancé sans ambages : «C'est dans le secteur du tourisme que réside la survie de l'industrie artisanale.» Car, d'après lui, «qui sont les consommateurs des produits de l'artisanat sinon les touristes locaux ou étrangers ? Et quand ceux-ci se font rares notre production ne peut trouver de déboucher conséquent.» En clair, pour lui, il aurait été préférable que les pouvoirs publics s'attèlent d'abord à développer le secteur du touriste et penser ensuite à l'industrie artisanale. En d'autres termes, pour cet artisan versé dans la production de tapis de label contrôlé, «mettre la charrue avant les bœufs». Un message lancé aux responsables des deux secteurs.