Pas de repentance de la France envers l'Algérie pour les crimes commis pendant la Guerre de libération. La déclaration est du ministre français des Anciens combattants, pour qui il est plutôt préférable que l'Algérie fasse un geste en permettant le déplacement des harkis dans le pays de leurs ancêtres ou le choix d'y être enterrés. La douleur à laquelle il compatit et qu'il faudrait apaiser est celle de la communauté harki, qu'il considère comme ayant été privée de se rendre sur la terre algérienne. Une terre que ces derniers avaient pourtant «vendue» à l'occupant en s'engageant aux côtés de l'armée coloniale, et en commettant des exactions sur les populations. Entre les crimes de guerre commis par la France coloniale et la lutte pour la libération de notre pays, le parallèle est vite fait par le représentant de l'Hexagone. Les «choses» doivent être reconnues «de part et d'autre». Tout en réduisant donc les massacres des populations, les bombardements et l'usage du napalm à des «choses», ce ministre, qui paraît limiter son rôle à la défense de ceux qui ont pris les armes contre leur pays, fait une confusion entre colonisateur et colonisé. Pis, il fait un amalgame des plus inacceptables en mettant sur le même pied une puissante armée française qui commettait des atrocités pour que la France coloniale puisse se maintenir sur une terre qu'elle a spoliée, et des combattants sans moyens pour la libération de leur pays. Le représentant du gouvernement français exprime certes le point de vue de son pays d'adoption mais n'en pense pas moins. «Il n'est pas question de faire repentance» a déclaré celui qui tient à tout prix à faire réhabiliter les harkis dans un pays qui les avait «parqués» dans un ghetto et dans le pays «de leurs ancêtres». L'amertume qu'il porte en lui est si forte qu'il estime qu'un «travail important est à réaliser pour ne plus rester dans les stigmates du passé», alors qu'en ce qui nous concerne, nous, Algériens, nous devons tourner la page. Mais pour ce faire, ne faut-il pas que les stigmates du passé soient effacés pour nous aussi ? De quelle manière si ce n'est par des excuses officielles de la France ? L'Allemagne a bien demandé pardon à la France pour ses crimes pendant la 2e Guerre mondiale, la France a bien fait repentance envers les Juifs. Quant au peuple algérien, il n'a cessé d'essuyer les rebuffades. Deux poids, deux mesures, voilà à quoi fait penser l'attitude des présidents qui se sont succédé à la tête de l'Etat français. L'actuel locataire de l'Elysée a reconnu dans un communiqué la sanglante répression des manifestations du 17 Octobre 1961 à Paris, mais il ne sera pas question de repentance. «Ce qui a été dit par François Hollande sur le 17 Octobre est sans repentance, sans autoflagellation», assure le même ministre qui donne l'impression que le prochain voyage du président français se fera en terrain conquis. Nous pouvons pourtant peser de tout notre poids et nous débarrasser du complexe d'infériorité vis-à-vis de l'Hexagone. Il est temps que notre pays demande officiellement des excuses pour les crimes de guerre commis par la France coloniale. Il a tout à gagner, sa dignité en prime. R. M.