Pour le premier responsable de l'Opep, le marché du pétrole est bel et bien approvisionné. Toutefois, les prix élevés du brut sont dus à la spéculation. «Le marché est très bien approvisionné, il n'y a aucun doute là-dessus […]. Il ne manque de pétrole nulle part dans le monde, les stocks sont très élevés et les capacités excédentaires de production (des pays de l'Opep) restent importantes», a indiqué, en effet, hier, le secrétaire général de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) Abdallah El-Badri lors de la conférence Oil & Money qui réunit à Londres les représentants des pays producteurs et du secteur pétrolier. Abdallah El-Badri a également estimé que «les stocks sont élevés en Chine (deuxième pays consommateur de brut, ndlr), en Inde, dans le monde, y compris aux Etats-Unis (premier pays consommateur)», soulignant que dans ces conditions, il ne «comprenait pas les prix élevés du baril», sinon en raison d'«une forte spéculation». Le cours du baril de Brent évoluait mardi autour de 109 dollars, et celui du WTI échangé à New York autour de 85 dollars, dans un marché tiraillé entre les tensions géopolitiques persistantes au Moyen-Orient et les craintes sur un blocage politique aux Etats-Unis. Selon M. El-Badri, «le problème, c'est la spéculation, cela fait partie du marché, vous ne pouvez pas l'éliminer», les échanges liés à la spéculation sur les marchés dépassant de loin les échanges physiques de pétrole. «Nous assurons l'équilibre du marché, on l'a vu avec l'Iran», membre de l'Opep dont la production s'est effondrée cette année après le durcissement des sanctions internationales à son encontre, une perte compensée par une hausse de l'offre des autres membres de l'organisation, a souligné Abdallah El-Badri. Sur la prochaine conférence des ministres de l'Opep à la mi-décembre, le secrétaire général a assuré «être confiant qu'ils prendront la bonne décision», tout en reconnaissant que la production actuelle de pétrole de l'Opep «dépasse de 1 million de barils par jour» le plafond fixé par l'organisation pétrolière. Elle atteignait en octobre 31,16 millions de barils, selon des chiffres de l'Agence internationale de l'Energie (AIE) publiés hier, alors que l'Opep avait fixé depuis décembre 2011 à 30 millions de barils par jour le plafond de production pour l'ensemble de ses Etats-membres. Par ailleurs, la même agence, bras énergétique de l'Ocde, a revu très légèrement à la baisse, hier, ses prévisions pour la demande mondiale de pétrole cette année et la suivante, en raison principalement de l'affaiblissement des perspectives économiques. L'AIE table désormais sur une consommation de pétrole de 89,6 millions de barils par jour (mbj) en 2012, et 90,4 mbj en 2013, soit respectivement 80 000 et 70 000 barils de moins que ce qu'elle prévoyait en octobre. «Les perspectives économiques moroses -avec une économie mondiale qui devrait croître de 3,3% en 2012 et 3,6% en 2013-vont continuer à freiner la demande pétrolière tout au long de la période», a expliqué l'agence dans son rapport mensuel sur le marché pétrolier. S. B. /APS