Le Rassemblement pour la culture et la démocratie sera probablement le seul parti parlementaire à voter contre l'amendement constitutionnel proposé par le chef de l'Etat, lors de la réunion, aujourd'hui, des deux chambres du Parlement, au palais des Nations. Lors d'une conférence de presse animée hier en fin de matinée au niveau de l'Assemblée populaire nationale, Saïd Sadi, le président du RCD, a justifié le choix de son parti. D'abord, par rapport à l'événement d'aujourd'hui et, ensuite, en relation avec la situation politique du pays de manière générale. Plus qu'un refus politique, le RCD a expliqué sa position face à l'amendement de la Constitution par le fait que cette révision «touche aux équilibres formels des pouvoirs», explique Saïd Sadi. «Les amendements proposés remettent en cause les équilibres formels des pouvoirs pour consacrer la personnalisation du régime dont le pire des avatars est l'officialisation de la tribalisation de l'Etat», a-t-il accusé. Pour lui, le chef du gouvernement, tel qu'il est aujourd'hui, a perdu sa crédibilité. «Il y a longtemps qu'on a dépouillé le chef de gouvernement de ses prérogatives», a-t-il fait remarquer avant de prédire que «le Premier ministre fait, en réalité, office de chef de cabinet». Si la position du parti est déjà connue depuis quelques jours –les députés RCD vont voter contre la révision de la Constitution- le chef du RCD a avancé qu'il a convié les journalistes «pour prendre date» face à ce qu'il qualifie de «coup de force constitutionnel». Parlant de la réunion des deux chambres du Parlement, aujourd'hui, il l'a qualifiée de «moment grave dans l'histoire de l'Algérie indépendante». Pourquoi ? Saïd Sadi explique que, par ce vote, «le Parlement va renouer avec l'histoire putschiste» du régime. En réponse à la question de savoir s'il compte participer à la prochaine élection présidentielle, il a prévenu qu'il n'est pas question «pour nous de nous engager dans une élection sans être sûr d'une surveillance massive et qualitative de la communauté internationale». Le député d'Alger a réitéré sa demande de la présence d'observateurs internationaux dans «tous les scrutins» en attendant, dit-il, que l'Algérie «dispose d'une administration impartiale». Sur un autre plan, il a accusé l'administration d'être derrière la destitution du maire RCD de Berriane, dans la wilaya de Ghardaïa. «Déclinaison locale par anticipation de la révision constitutionnelle, le président de l'APC de Berriane […] vient d'être illégalement démis de ses fonctions par le wali de Ghardaïa et remplacé par un élu d'une autre liste au mépris du code communal», précise-t-il. Il annonce qu'il va engager des poursuites judiciaires contre l'administration locale «pour imposer le droit». A. B.