La question du développement local est de nouveau à l'ordre du jour en cette période de campagne électorale des élections locales du 29 novembre 2012. Le Front des forces socialistes (FFS) a organisé, dans l'après-midi de jeudi dernier, un débat autour de cette problématique. Interrogation posée : qu'est ce qui doit changer pour une nouvelle politique de développement local ? Trois intervenants, porteurs d'expériences distinctes, ont été invités pour disséquer la question. Il y avait Mohand Amokrane Cherifi, expert onusien et conseiller au parti du FFS, qui est un habitué des audits du développement local à travers le monde. Belkacem Benameur, ancien maire de Naciria (Boumerdès) a témoigné, pour sa part, ce qu'a été, pour lui, la gestion de la collectivité locale, une mission dont il est difficile, dira-t-il, de sortir indemne, notamment vis-à-vis de la population. M. Abdelhamid Aberkane, ancien ministre de la Santé et ex-maire de Khroub (Constantine), aujourd'hui candidat pour le même poste- sous les couleurs du FFS- avec sa double expérience dans la gestion (locale et centrale). Si les perceptions et les expériences des conférenciers sont différentes, la suggestion fait consensus : la politique de développement doit être réformée. Cherifi ne se fait pas d'illusion : sans une volonté politique du pouvoir, le développement ne sera que retardé. Le professeur Aberkane a estimé qu'au-delà des considérations réglementaires, «il n'y a point de développement sans la confiance», entre le citoyen et les institutions de l'Etat. S'appuyant sur divers modèles, notamment ceux ayant bien fonctionné ailleurs, M. Cherifi a mis le doigt sur plusieurs failles dans la législation algérienne. Comme le dispositif, dira-t-il, qui oblige les ressources municipales à passer par la bureaucratie. Comme «cette péréquation dans la distribution de la fiscalité, qui manque de souplesse». Dans ce tableau d'entraves, M. Cherifi a évoqué le verrouillage exercé sur la coopération entre les municipalités algériennes et celles des autres pays. «Pourquoi interdit-on aux élus locaux de voyager alors que cette coopération est en mesure de compenser le manque de formation des élus ?», s'est-il interrogé. Et de révéler que sur un cycle de 8 ans, ils n'étaient que deux maires algériens à pouvoir bénéficier de cette coopération, dont le conférencier est chargé du suivi au nom de l'ONU. Autre grief législatif retenu par Cherifi : le contrôle a priori de la gestion des affaires de l'APC. Pour lui, «le contrôle doit se faire a posteriori». De son côté, Belkacem Benameur a soulevé un contraste dans ce qui est appelé le développement local. L'ancien maire de Naciria estime qu'il est inconcevable que «l'élu soit responsable de tout ce qui se passe dans la commune alors que les moyens restent centralisés». Mais, dans le fond, conclut-il, «le pouvoir dictatorial ne veut pas libérer les synergies». Affichant sa satisfaction d'être parrainé par le FFS, le professeur Aberkane, a défendu l'idée d'un nécessaire rétablissement de la confiance entre le citoyen et les assemblées locales. Il a, dans ce sens, préconisé une participation du citoyen dans la gestion de la ville. «Donner la parole aux citoyens pour donner de la force à la parole de l'élu», a indiqué le candidat FFS dans la circonscription de Khroub. A. Y.