Le Fonds monétaire international a manifesté,avant-hier, son impatience envers les états-Unis, en les appelant à s'attaquer à leur problème de déficit budgétaire et à relever le plafond de la dette de l'état fédéral. La reprise est fragilisée par un marché immobilier déprimé et par un marché de l'emploi convalescent. Mais le principal problème reste celui de la dette publique, juge le Fonds dans son dernier rapport sur l'économie américaine. Le FMI sonne l'alarme. Alors que la dette estimée à 14.300 milliards de dollars, le Fonds monétaire international évoque un "choc grave" pour les Etats-Unis si aucun accord n'est trouvé à temps. De fait, si les parlementaires ne parviennent pas à s'entendre avant le 2 août prochain, le pays pourrait ne plus faire face à toutes ses obligations et se retrouver ainsi en défaut de paiement.Aux yeux des économistes du FMI, "bien entendu, le plafond de la dette de l'Etat fédéral doit être relevé rapidement pour éviter un choc grave pour l'économie américaine et les marchés financiers mondiaux". Le Fonds monétaire international a manifesté, avant-hier, son impatience envers les Etats-Unis, en les appelant à s'attaquer à leur problème de déficit budgétaire et à relever le plafond de la dette de l'état fédéral. Dans son rapport annuel sur l'économie américaine, l'institution s'est montrée aussi intraitable pour le camp du président Barack Obama que pour ses adversaires républicains: elle n'est pas convaincue par les plans budgétaires des uns ni des autres. "Les propositions officielles de réduction de déficit pourraient être trop concentrées en début de période compte tenu de la faiblesse du cycle [économique], et, en même temps, insuffisantes pour stabiliser la dette vers le milieu de la décennie", a-t-elle affirmé. Le reproche fait à M. Obama est de ne pas être assez ambitieux quand il se réfère aux 4.000 milliards de dollars d'économies cumulées sur douze ans qu'il a proposées lors d'un discours à la mi-avril. à l'époque, le directeur général du FMI Dominique Strauss-Kahn avait salué un pas "dans la bonne direction", mais voulait voir "les détails du plan". Les fonctionnaires du FMI les ont visiblement trouvés décevants. Ils ont "considéré qu'un rééquilibrage plus important et plus large qu'envisagé dans le budget et le discours du président serait nécessaire, compte tenu des hypothèses macroéconomiques moins favorables" du FMI. Le Fonds et le gouvernement américain sont en effet en désaccord total sur les perspectives de croissance des états-Unis. Le FMI la voit sous les 3% ces cinq prochaines années, tandis que le projet de budget présenté par M. Obama en février tablait sur plus de 4% en 2012, 2013 et 2014. Autre désaccord: l'évolution des taux d'intérêt sur la dette américaine, que le FMI voit à 5,6% entre 2012 et 2016 sur les bons du Trésor à dix ans, tandis que la Maison Blanche envisage 4,5%. Pour le FMI, "les perspectives budgétaires à long terme restent inquiétantes". L'institution a relevé sa prévision pour la dette publique du pays à 99% du produit intérieur brut en 2011, puis 103% en 2012. C'est pourquoi le FMI fait sien l'objectif de l'administration Obama de stabiliser le ratio de la dette fédérale rapporté au PIB d'ici 2015 et de le réduire les années suivantes.Comme le Fonds insiste sur le besoin d'augmenter les recettes fiscales, les plans des républicains ne paraissent pas plus crédibles pour lui. "Le système d'imposition est criblé de lacunes et de déduction équivalant à plus de 7% du PIB", a-t-il relevé. Les parlementaires américains discutaient toujours, avant-hier, des mesures budgétaires devant accompagner un relèvement de ce plafond, situé à 14.294 milliards de dollars, et sous lequel le Trésor estime ne pouvoir rester que jusqu'au 2 août. Après cette date, les états-Unis ne pourront plus faire face à toutes leurs obligations, selon le gouvernement. Les états membres ont eux aussi manifesté leur inquiétude. La meilleure stratégie consisterait pour eux en "une réforme de la protection sociale, y compris des économies supplémentaires dans la santé, ainsi que des hausses de recettes, y compris en réduisant les niches fiscales", d'après le compte rendu d'une discussion au conseil d'administration jeudi. "Le fait de mettre la dette publique sur un chemin viable est essentiel pour la stabilité de l'économie américaine, avec des répercussions positives dans d'autres pays", ont jugé les 23 représentants d'Etats membres présents à cette instance. Le FMI INSATISFAIT DES PROJETS DE BAISSE DES DEPENSES Les états membres de l'institution de Washington ont ainsi appelé le pays, premier actionnaire du FMI, à procéder doucement à la réduction de ses dépenses budgétaires. Les économistes du FMI se sont toutefois montrés insatisfaits des projets du gouvernement et de la majorité républicaine à la Chambre des représentants pour diminuer le déficit budgétaire. Ils déplorent des propositions "trop concentrées en début de période compte tenu de la faiblesse du cycle (économique), et, en même temps, insuffisantes pour stabiliser la dette vers le milieu de la décennie". Le Fonds a ainsi "recommandé que le projet de réduction du déficit comprenne autant de mesures spécifiques que possible, et a noté qu'une exposition claire des objectifs budgétaires à moyen terme, formellement adoptée par le Congrès, était essentielle". Et le Fonds ajoute: "La stratégie devrait comprendre une réforme de la protection sociale, y compris des économies supplémentaires dans la santé, ainsi que des hausses de recettes, y compris en réduisant les niches fiscales". L'économie des états-Unis demeure exposée aux risques inhérents à la poursuite de la crise immobilière interne et aux perturbations sur les marchés financiers globaux induites par la crise de la dette souveraine en Europe, indiquent les spécialistes du bailleur de fonds international. C'est donc en 2012 et non 2011 qu'il faut lancer un vaste plan de réduction de la dette. Mais pas plus tard, sous peine d'une perte dangereuse de crédibilité en matière de gestion des comptes de l'état fédéral, ajoutent-ils. Le programme d'assainissement des finances publiques doit comprendre des réformes capables de dégager des économies supplémentaires dans le système de santé et d'augmenter les revenus fiscaux. L'oeuvre du législateur américain ne doit pas s'arrêter là. Le FMI lui suggère d'adopter des mesures capables de résoudre les problèmes des marchés immobilier et de l'emploi. L'institution conseille aux états-Unis de minimiser les ventes de logements à la casse et d'accroître l'efficacité des programmes d'enseignement et de formation.