La Palestine est devenue, jeudi, un Etat observateur aux Nations unies, lors d'un vote historique à l'Assemblée générale. Un premier pas important dans la lutte des Palestiniens en attendant d'arracher un statut d'Etat membre au sein de l'organisation mondiale. Le vote de cette résolution a été obtenu avec 138 voix pour, 9 contre dont les Etats-Unis et Israël et 41 abstentions parmi les 193 pays membres. C'est une véritable victoire diplomatique au regard de la situation internationale et des rapports de force géopolitiques en faveur de l'Etat colonisateur. Un succès également indéniable pour le Président Mahmoud Abbas qui a qualifié la nouvelle d'«acte de naissance» de l'Etat palestinien. Abou Mazen a finalement su résister aux pressions insoutenables des capitales occidentales le dissuadant d'aller à l'ONU. Ce statut d'Etat observateur «non membre» de l'ONU représente pour nombre d'observateurs, une étape historique. Qui, assurément, en appellera d'autres. Au cours de son discours précédent le vote à la tribune de l'ONU, le président palestinien a tenu des propos très forts condamnant l'agression israélienne à Ghaza ainsi que les colonisations et la politique raciste de l'Etat hébreu. Des vérités qui ont résonné avec puissance dans les travers de l'organisation mondiale. Abbas a néanmoins prévenu que la route vers l'indépendance serait «longue et difficile». La nouvelle a aussitôt donné lieu à des scènes de liesse populaire à Ramallah en Cisjordanie. Ce n'est pas par hasard que ce vote a coïncidé avec l'anniversaire de l'adoption par l'ONU en 1947 du plan de partage de la Palestine mandataire, qui prévoyait deux Etat. Un seul a été créé pour l'instant. Devant le Comité sur les droits inaliénables du peuple palestinien qui commémorait cet anniversaire, le Secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a demandé solennellement de «ranimer le processus de paix». La résolution appelle en effet à une reprise des négociations pour qu'un Etat de Palestine puisse coexister «aux côtés d'Israël en paix et en sécurité, sur la base des frontières d'avant 1967». La résolution exprime surtout «l'espoir que le Conseil de sécurité considèrera de manière favorable» la candidature de la Palestine comme membre à part entière. Une demande déposée en septembre 2011 par Abbas, mais torpillée au Conseil par une menace de veto américain, protecteur de l'Etat colonisateur. Israël, qui n'applique pas plusieurs résolutions de l'ONU, avait brandi la menace de sanctions en cas de vote positif, comme bloquer les taxes pour le compte de l'Autorité palestinienne ou de réduire le nombre de permis de travail pour les Palestiniens. Le Congrès américain a menacé de son côté de refuser de verser 200 millions de dollars d'aide promis aux Palestiniens. Des menaces qui ne semblent plus avoir d'effets tant la situation dans les territoires occupés est désastreuse. Fait notable, cette nouvelle stature internationale, donne aux Palestiniens accès à des agences de l'ONU et des traités internationaux. Un véritable revers pour Israël et son parrain américain qui s'inquiètent pour la possibilité qu'auraient désormais les Palestiniens de rejoindre la Cour pénale internationale et d'y porter plainte contre Israël pour ses crimes de guerre perpétrés dans les territoires occupés. Les images de l'usage par l'aviation israélienne des bombes à fragmentations et à phosphores sur Ghaza en 2009 sont encore fraîches dans les mémoires. Des responsables palestiniens évoquent déjà cette possibilité si Israël poursuit sa politique de colonisation systématique. M. B.