139 voix pour, 9 contre et 41 abstentions ! L´Assemblée générale de l´ONU a tranché ce 29 novembre 2012 par une consécration internationale pour la Palestine, victime d´un injuste et scandaleux partage de son territoire historique par ces mêmes Nations unies en 1947, un certain… 29 novembre. Un début de réparation de cet acte d´injustice qui a conduit les Etats-Unis à tout faire, jusqu´à la nuit dernière, par un forcing diplomatique sans précédent, pour empêcher la Palestine d´entrer à l´ONU, même sous le statut d´Etat non membre de l´organisation internationale. Il y a de bonnes raisons à cet acharnement, comme nous le verrons plus loin. Le 23 septembre dernier, l´administration Obama avait menacé de mettre son veto à la demande de «plein statut» en faveur de la Palestine, formulée devant cette même AG par le président Mahmoud Abbas, si celle-ci parvenait au Conseil de sécurité. Le Président palestinien a dû revoir sa stratégie en renonçant à demander le statut d´Etat membre de plein de droit pour celui d´Etat observateur. Il a joué gagnant cette fois. La nouvelle stratégie a été payante, en effet, dans la mesure où l´AG s´est exprimée par un vote sans précédent en faveur de son projet, qu´il a qualifié d´«acte de naissance» de l´Etat palestinien. La question que tout le monde s´est posée avant ce vote historique et se pose encore après, est de savoir en quoi le statut d´observateur pour un Etat qui n´a pas, en fait, le droit de voter à l´Assemblée générale de l´Onu, ni d´intervenir de plein droit dans le débat, hante-t-il à ce point Israël et ses amis ? Ces derniers ont, en fait, de bonnes raisons de s´inquiéter. D´abord parce qu´ils sont conscients de l´enjeu politique que constitue cette reconnaissance. Un Etat, un peuple, un territoire Il ne sera plus question d´Autorité nationale palestinienne, ni de populations, ni de territoires palestiniens, mais d´Etat palestinien, de peuple palestinien et de territoire national palestinien. Voilà la portée du revers diplomatique qu´Israël a subi, et avec lui les Etats-Unis, qui ont reçu les résultats du vote d´hier comme un désaveu de leur propre politique pro-israélienne qui a conduit le conflit israélo-palestinien vers l´impasse. Jusqu´à l´approche de l´heure du vote (vers minuit GMT) et alors que la tendance au soutien nettement majoritaire au projet palestinien ne faisait plus aucun doute, ils continuaient d´user en coulisse d´instruments de dissuasion des plus déloyaux. Pressions et chantage pour faire changer d´avis un maximum d'Etats membres de l´Onu qui avaient annoncé la couleur, depuis le début, en décidant de voter pour le projet du président Mahmoud Abbas. Leur but était, faute d´un rejet de la résolution soumise à l´AG, d´en atténuer la portée parce qu´elle appelle en plus à la reprise des négociations entre Israël et, cette fois, l´Etat de Palestine. Pourquoi donc cette crainte et ces pressions contre les gouvernements des pays d´Afrique, d´Asie et d´Amérique latine qui ont choisi de ne pas s´aligner sur leur position et de se ranger du côté de la légalité internationale ? La menace de représailles américaines Apparemment un tel acharnement n´avait pas de raison d´être, puisque Washington comme Tel Aviv soutiennent que l´admission de la Palestine à l´Onu ne changera rien à la situation sur le terrain. Dans ce cas pourquoi cette batterie de représailles annoncées, les coupes des fonds d´aide américains aux Palestiniens (200 millions d´euros) et les crédits à l´Onu, sans compter les blocages des fonds de l´Autorité nationale palestinienne par Israël et diverses mesures de même nature ? Pour l´administration américaine, l´initiative d'Abou Mazen est «un pas en arrière» dans le processus de paix qui est à l´arrêt depuis 2 ans et n´est donc plus une priorité pour la diplomatie américaine. Pour la raison simple que les Palestiniens de Ghaza ont subi en silence le blocus et les humiliations israéliennes pendant ce laps de temps. La seule médiation dans la région, Hillary Clinton l´a engagée seulement lorsque la situation s´est dégradée sur le terrain ce mois de novembre, pour ensuite tourner la page du conflit israélo-palestinien. La secrétaire d´Etat ne s´est pas déplacée une seule fois pour soutenir les efforts de paix de Mahmoud Abbas, invitant l´administration américaine à convaincre Israël de cesser ses implantations juives en Cisjordanie et à l´est de la ville sainte comme condition à la reprise des négociations en vue de la solution de deux Etats. Le TPI ou le cauchemar de Netanyahu Aujourd´hui, la réalité est la suivante: Israël comme les Etats-Unis auront un Etat comme interlocuteur dont l´existence, même sous le statut d´observateur, est internationalement reconnue. Jusque-là, la Palestine siégeait à l´Onu en tant que simple entité observatrice, elle devient aujourd´hui Etat observateur. Elle jouit désormais du même statut reconnu à l´Etat du Vatican, dont le souverain pontife est reçu en chef d´Etat dans le monde. C´est peut-être encore assez peu pour acquérir le statut de plein droit mais c´est déjà une base d´appui solide vers la concrétisation de ce projet. En fait, les craintes qu´inspire ce statut d´observateur pour Israël et ses amis, c´est qu´il permet désormais aux Palestiniens de saisir le Tribunal pénal international (TPI), juridiction de l´Onu, pour poursuivre Israël pour crimes contre l´humanité en cas de nouveaux massacres à Ghaza ou en Cisjordanie et la poursuite des colonies juives sur les terres arabes. Le cauchemar du TPI commence à hanter sérieusement Israël. Il faut se rappeler que dans les années 2000 des dirigeants au plus haut niveau de l´Etat et de la hiérarchie militaire ne pouvaient pas se rendre impunément à l´étranger, sans courir le risque d´être mis en examen par un simple juge, comme en Belgique où un magistrat belge avait prononcé contre certains d´entre eux, dont l´ex-Premier ministre Ariel Sharon, un mandat d´arrêt pour crimes contre des civils palestiniens. Netanyahu et les membres de son gouvernement savent désormais qu´ils pourront être traduits devant le TPI, cette fois, en cas de récidive des massacres de Palestiniens. C´est le début de la fin de l´impunité d´Israël pour ses actes criminels commis en Palestine.