Le ministre de l'agriculture et du développement rural, Rachid Benaïssa avait déclaré en octobre dernier, à Boumerdès, à l'occasion de la clôture du premier Salon de la production agricole, que les jeunes doivent se réapproprier la campagne qu'il considère comme «l'avenir du pays car elle renferme un potentiel riche à découvrir et à valoriser (…) et qu'il faut prendre la direction de la campagne algérienne et d'en préserver les terres et les potentialités car c'est là que se trouve votre véritable avenir». Si le membre du nouveau gouvernement avait soutenu que l'Etat est là pour aider les fellahs à introduire l'industrialisation de leur métier par les «facilités» nécessaires et que cette wilaya «possède tout le potentiel nécessaire pour améliorer sa production et sa productivité» soulignant, au passage, «les très bonnes terres agricoles, la disponibilité en eau d'irrigation et les grandes capacités de stockage», il n'en demeure pas moins que les agriculteurs de cette région, référence dans le domaine dans tout le pays, ne vivent pas de la même façon ces problèmes connus de tous et que la solution de ces tracas qui bloquent leur élan pourrait contribuer à améliorer la situation de l'agriculture locale. Les agriculteurs de la wilaya de Tizi Ouzou qui font face aux mêmes contraintes administratives et bureaucratiques sont encore plus défavorisés par les conditions d'exercice des activités agricoles pour diverses raisons liées par exemple au relief local et aux possibilités de diversifications des cultures. Parmi ces facteurs bloquants, les concernés et mêmes les responsables de tutelle notent un potentiel foncier, agricole «très limité» avec une SAU ne représentant que 33 % de la surface agricole, totale «d'où la nécessité de rechercher les zones d'extension» mettant en exergue «des ressources hydrauliques importantes eu égard à la pluviométrie de la région, mais les infrastructures de mobilisation à usage d'irrigation sont insuffisantes, 5 à 6 % de la superficie agricole, utile (SAU) seulement sont irrigués», d'où la nécessité de «préservation des ressources en eaux par des systèmes économiseurs d'eau sur 5 000 ha (Aspersion de 1 700 ha et goutte-à-goutte pour 400 ha nouvellement équipés) et extension des superficies à irriguer». Selon la même direction, le potentiel hydrique important dont la ressource est cependant peu mobilisée pour l'irrigation : 5800 ha irrigués annuellement. Mais la réalité est souvent plus dure. L'été dernier, des agriculteurs de la région de Djebla (Daïra d'Ouaguenoune) avaient demandé la dotation de leur zone en installations hydrauliques pour l'irrigation de leurs cultures et cela suite à la dégradation (principalement pour faute d'entretien et d'intérêt de la part des responsables concernés, disent les victimes et des élus locaux) d'une retenue collinaire réalisée il y a plus de quarante années et qui constituait le seul recours pour des dizaines d'agriculteurs locaux. Un barrage d'une grande importance pour les intervenants locaux qui sont les seuls agents économiques locaux activant dans une zone assez propice à l'agriculture. On rappellera, à ce sujet, qu'une commission mixte des services de la wilaya de Tizi Ouzou avait rapporté en mars 2010 que «des mesures doivent être arrêtées pour permettre une stabilité et une amélioration des conditions de vie de la population agricole, particulièrement en zones de montagne, restée en marge du développement depuis l'indépendance (…) le secteur agricole est vital dans la mesure où dans les petites communes de montagne, les agriculteurs sont pratiquement les seuls agents économiques, locaux. Du point de vue technique et financier, les agriculteurs de montagne ont toujours des coûts supplémentaires à rajouter par rapport à leurs collègues des plaines avec des rendements généralement faibles», note la commission mixte. L. S.