Photo : S. Zoheir Par Sihem Ammour Le 2e Festival national de l'habit traditionnel algérien, qui se tient au Palais des raïs (Bastion 23) à Alger, sous le thème «Cité, coutumes et costumes», suscite un intérêt certain chez le public, confirmé par la grande affluence de visiteurs que nous avons relevé lors de notre passage samedi dernier. On se bousculait pour découvrir et admirer les nombreuses pièces exposées, dont des haïks, des voilettes, des «serouals», des «karakous», des robes traditionnelles constantinoises et la fameuse «chedda» de Tlemcen qui vient d'être inscrite par l'Unesco sur la liste du patrimoine immatériel de l'humanité.Les visiteurs, après la découverte du raffinement des costumes citadins d'antan ainsi que des versions plus contemporaines ont pu, ensuite, poursuivre leur voyage dans cette ambiance intemporelle avec le récital de musique chaâbi animé par le chanteur Didinne Karoum.Dans la présentation de cette manifestation, Aziza-Aïcha Amamra, la commissaire du festival et directrice du Musée national public des arts et traditions populaires, a souligné que «cette deuxième édition, en se focalisant sur le costume citadin, propose de faire mieux connaître aux Algériennes et Algériens un aspect souvent méconnu du patrimoine vestimentaire national dans sa diversité, sa richesse mais aussi son inventivité. Elle s'attache aussi à promouvoir les créateurs et les maîtres de métiers qui s'efforcent de maintenir vivante la tradition de confection de ces costumes, en les reproduisant à l'identique, en leur apportant de nouveaux éléments créatifs ou, encore, en s'inspirant des modèles anciens pour des designs contemporains». Ainsi, de 10 heures à 18 heures, le grand public est convié à découvrir les habits citadins, dont certains datent du siècle dernier, et les œuvres d'une vingtaine de stylistes, brodeurs et couturiers qui exposent leur savoir-faire en matière de costumes traditionnels féminins et masculins. Parmi les présents, un hommage particulier est rendu à la maison de couture «Nassila», créée en 1962 et qui a su durant ce demi-siècle d'Indépendance, préserver la beauté et la délicatesse des habits traditionnels algériens en les faisant notamment connaitre sur la scène internationale. Le public du Bastion 23 pourra aussi découvrir tous le savoir-faire de cette famille qui se transmet de mère en fille. En plus des costumes traditionnels algériens, est également exposée un objet qui tend de plus en plus a disparaitre des traditions, à savoir l'incontournable petit coffre que la mariée emmenait avec elle au bain pour sa toilette nuptiale avec tous les ustensiles nécessaires, dont les fameux «kebkab el hamam» et la «bnika» symboles d'un grand raffinement des femmes d'antan que les artisanes tentent de remettre au goût du jour . La robe traditionnelle constantinoise est également à l'honneur dans le cadre de cette manifestation à travers les robes anciennes prêtées par la famille Arfa, ainsi que l'impressionnante exposition dans la Doura, transformée pour cette occasion en véritable «gaâda constantinoise», grâce à l'association Raydat Essakhr el aâtiq li founoune de Constantine, présidée par Aouicha Safinal,La représentante de cette association, Soraya Babouri, a expliqué à propos de la robe traditionnelle constantinoise que «c'est une robe confectionnée avec du velours de qualité. Il y a deux sortes de robes : celle qui est brodée avec le “mejdoub” et celle qui est brodée avec la ‘'fetla”». Elle ajoutera que «l'autre robe traditionnelle constantinoise, c'est la robe que les jeunes mariées mettent durant la soirée et dénommée ‘'chemsa'', car elle rayonne de mille éclats. C'est une robe en soie, brodée de perles et paillettes».La représentante de l'association confiera que la confection d'une seule robe «chemsa» demande jusqu'à près de deux mois de travail minutieux. Elle expliquera que dans la tradition citadine constantinoise la jeune mariée doit emportée dans son trousseau au moins sept robes, car durant les sept premiers jours de son mariage elle doit chaque jour se vêtir d'une nouvelle robe. L'autre tradition qui tend à disparaitre et que l'association tente de remettre au gout du jour, c'est le «frech de la gâada constantinoise», c'est à dire des couvres canapés avec leurs coussins brodés de «fetla» ou de «mejdoub» que la mariée doit emportée dans son trousseau.Concernant le peu d'habits d'hommes exposés, Aïcha Lamamra avait confié à la presse qu'elle avait rencontré des difficultés à concevoir des vêtements traditionnels pour hommes, devenus rares. Raison pour laquelle elle a eu recours à des photos de personnalités connues ayant sauvegardé ce genre de vêtements, tels Hamoud Boualem et Hadj M'hamed El Anka pour faire renaître les costumes traditionnels. Toutefois les visiteurs peuvent découvrir une partie de ces vêtements traditionnels citadins, dont un gilet d'homme finement brodé, une œuvre d'Oulhafsa M'hamed, passementier et couturier né le 11 juin 1891, à Alger, installé a la rue Saint Vincent de Paul, à la basse Casbah, derrière la mosquée de Ketchaoua. Il est à noter qu'en marge de l'exposition d'autres activités sont programmées dans le cadre de la manifestation, à l'instar des ateliers de «chbika», de f'toul et de broderies, des conférences autour de la thématique de l'habit traditionnel citadin, ainsi que des après-midi artistiques, à l'instar de celle qui aura lieu mardi prochain dès 15h et qui sera animée l'artiste Goussem et sa troupe féminine, avec au menu des déclamations de bouqualates et chant hawzi. Pour ceux qui ne l'ont pas encore visité, l'exposition se poursuivra jusqu'à mercredi prochain.