En matière de crise au Sahel, les regards sont maintenant tournés vers le Conseil de sécurité de l'ONU, qui, présidé par le Maroc, doit donner sa réponse au sujet du plan, présenté par la Cédéao, pour une intervention militaire pour la libération du nord du Mali actuellement sous le contrôle de groupes armés, dont le Mnla, l'Aqmi, le Mujao et Ansar Eddine. Les deux hypothèses qui s'affrontent actuellement : soit, avaliser le déploiement des 3 300 militaires de la Cédéao soutenus logistiquement par l'Occident, soit reporter cette éventualité. Cette dernière hypothèse favoriserait l'action politique pour la gestion du conflit, ou alors donner le feu vert à l'action militaire, et là les choses ne sont pas aussi évidentes. Lors du forum d'El Moudjahid, consacré aux dynamiques crisogènes au Sahel, le professeur M'hand Berkouk, et un panel d'experts du domaine, notamment anciens colonels de l'ANP, ont justement abordé les différentes options qui s'affrontent actuellement pour le règlement de la crise au Mali. Une mise en garde est lancée contre les conséquences qu'engendrerait une intervention militaire au nord du Mali, du point de vue militaire et humanitaire, et le voile est levé sur les enjeux et défis d'une telle action, au vu de l'impréparation des troupes devant êtres engagées en face de groupes terroristes maîtrisant parfaitement le terrain, bien outillés et mieux préparés pour les opérations de guérilla. Dans son intervention intitulée «Le rôle français dans la gestion de la crise, enjeux et défis», le professeur Saïdj, a mis l'accent sur l'importance géostratégique de la région du Sahel, le marketing politique en faveur de l'option militaire, et les moyens de pression politique, au quadruple plan (Mali, l'Ecoas, l'Europe et le Conseil de sécurité) et enfin les défis. Il a, en rappelant les retards mis dans la signature des accords d'Evian à cause de la question de la séparation du Sahara, que les négociateurs algériens nous ont donné une vision assez claire sur la conduite à tenir pour le règlement de la crise au Mali. «Le comportement de la France vis-à-vis de l'Afrique en général et du Sahel en particulier est défini par les intérêts économiques des grandes sociétés, que sont Elf, Total et Areva», dira M. Saïdj, en ajoutant, que «ce sont ces sociétés qui font la politique étrangère française». Le conférencier étaye ses dires en citant Areva qui exploite l'uranium, fournit les ¾ de l'électricité produite en France, à Total qui fait de l'exploration pétrolière au Sahara occidental, outre le fait que le Sahel constitue un champ d'expérimentation de capacités nucléaires françaises.De l'analyse du discours politique français, il ressort, selon le conférencier, que la France n'interviendra pas militairement au Mali, pour ne pas réveiller le complexe du néocolonialisme. Que l'intervention soit destinée à combattre les salafistes de l'Aqmi et du Mujao, au profit du Mnla qui est d'obédience laïque, et ensuite, que la France se contente d'apporter la logistique, et ce, de façon à épargner la vie de ses ressortissants en otage. Même si au demeurant, cela s'accompagne d'une action secrète pour le déploiement des forces françaises, notamment des drones dans les pays voisins comme annoncé par Le figaro. Après avoir abordé les pressions exercées par la France pour imposer sa solution du conflit, le professeur Saidj, bifurquera sur les défis qui s'imposent à l'option militaire. «Les Français ont échoué dans leur tentative de pousser à l'intervention militaire comme le prouve la résolution 2071», indiquera-t-il, avant de poursuivre plus loin, que «les Français ont tenté de défendre les intérêts économiques de leurs sociétés, mais les défis étaient beaucoup plus grands». M. Berkouk, pour sa part, a affirmé qu'aujourd'hui encore, la France garde la même politique de redéploiement, qui a permis en 1961, à quatorze pays africains d'accéder à l'indépendance pour garder sous sa coupe l'Algérie. Il soutiendra les affirmations susmentionnées, en indiquant que, en axant ses propos sur les capacités productives en uranium du Mali, lesquelles avec la découverte d'un nouveau gisement sont à même de propulser le pays au rang de premier producteur mondial en cette matière. Il s'interrogera, «si la crise au Mali est sécuritaire au premier plan, elle est aussi multiforme, dans la mesure où ce pays est devenu un enjeu pour les grandes puissances». Quant à la position de l'Algérie, elle consiste en la convergence de deux approches, l'une politique et l'autre sécuritaire. Il dut battre en brèche l'option militaire préconisée par l'Ecoas, en relevant l'inexpérience en matière de lutte antiterroriste, hormis qu'elle traîne une expérience de stabilisation qui a échoué, au regard du défi qui attend les 3 300 soldats qui seront chargés d'intervenir dans un territoire de quelque 940 000 km2, soit le rapport d'un soldat pour 80 000 km2. Il préconisera à la place une démarche à quatre paliers, à charge de l'Ecoas d'aider à la construction de l'armée malienne, du Cemoc de combattre le terrorisme, et l'UA de construire l'Etat malien, et enfin la communauté internationale qui doit aider à la reconstruction économique du pays. Si Benamar, s'est interrogé sur la recevabilité de l'intervention militaire par les populations locales et les risques que cela comporte sur la dégradation du pays entre le Nord et le Sud. Le colonel Amrani Noureddine, a quant à lui, fait une analyse stratégique des derniers événements au Mali. A. R.