Le secrétaire d'Etat adjoint américain, William Burns, a plaidé, hier à Abou Dhabi, pour des solutions «à long terme» dans la lutte contre le terrorisme. M. Burns qui intervenait à la 3e réunion ministérielle du Forum global de lutte contre le terrorisme (Fgct) à laquelle l'Algérie a participé, n'a pas manqué de relever de «sérieuses menaces» dans la région du Sahel et de la Corne de l'Afrique essentiellement. Selon le secrétaire d'Etat adjoint américain, des progrès considérables ont été enregistrés dans la lutte contre Al-Qaïda et de sérieux coups ont été portés contre ses chefs, mais «de sérieuses menaces demeurent». A ce propos, il a observé que les groupes terroristes utilisaient «la terreur pour faire avancer leur plan», en rappelant les attaques et les enlèvements opérés au nord du Mali et dans les pays voisins par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). «Tout en se taillant de larges étendues de refuges dans la région du Sahel, ces extrémistes violents cherchent à élargir leur portée et leurs réseaux dans de multiples directions», a-t-il soutenu. Il faut rappeler, à ce sujet, la dernière déclaration du général Carter Ham, commandant des Forces américaines en Afrique (Africom), lors de son intervention consacrée à la lutte contre le terrorisme en Afrique, présentée devant un think tank américain à Washington. Le patron de l'Africom avait affirmé que les «liens idéologiques» entre les différents groupes terroristes étaient devenus des «liens opérationnels», en citant Aqmi, Al-Shabab en Somalie et Boko Haram au Nigeria. «Nous avons des indications claires sur la collaboration entre ces organisations. A titre d'exemple, les militants de Boko Haram se sont rendus au nord du Mali pour y recevoir une formation d'Aqmi, ainsi que de l'argent et des armes. Il y a un des liens, des réseaux, une collaboration et une synchronisation qui se développent de plus en plus entre les différents groupes terroristes qui constituent la plus grande menace à la stabilité régionale et, de façon plus générale, à travers l'Afrique, et certainement à l'Europe et aux Etats-Unis», avait précisé le général. Afin de mieux lutter contre la menace terroriste, M. Burns a fait valoir que le Fgct devrait devancer ces organisations à mesure qu'elles évoluent et «mettre en place des solutions à long terme pour aboutir à des résultats durables». «Nous comprenons tous que les solutions à long terme sont essentielles comme nous savons tous que les approches répressives alimentent souvent la radicalisation contre laquelle ces approches cherchent à lutter», a-t-il soutenu. Pour mettre un terme à ce processus de radicalisation, M. Burns a estimé que l'action devrait également s'articuler autour du renforcement des capacités des gouvernements à lutter contre cette menace au sein de leurs sociétés à travers «des approches fondées sur la primauté du droit et le respect des droits de l'Homme en réformant la justice pénale et les capacités en matière d'application de la loi, ainsi que le renforcement de la société civile». Il s'agit là de la même approche développée par Alger lors de son séminaire organisé en 2011 sur le partenariat, la sécurité et le développement entre les pays du Sahel et les partenaires extra régionaux. Lors de cette rencontre, l'Algérie a tenu à expliquer que le principe de l'appropriation n'est pas antinomique avec la coopération et qu'il était fondamental que les pays du Champ coopèrent dans un cadre organisé et structuré avec leur partenaires extra régionaux, non seulement en matière de lutte contre le terrorisme et le crime organisé mais aussi dans le domaine du développement de la région. Dans son intervention, M. Burns a également souligné qu'aucun pays ne pouvait réussir seul à lutter radicalement contre le terrorisme. «Nous devons travailler ensemble, en tant que partenaires égaux, avec une volonté commune pour un monde plein d'opportunités et avec moins de violence». Il a néanmoins admis qu'il s'agissait d'un travail «extraordinairement complexe» et que les progrès sont souvent mesurés en années et non en mois. Ce travail sera cependant soutenu par l'adoption par le Fgct du «mémorandum d'Alger» sur l'interdiction de paiement de rançons et le déni de leur bénéfice aux groupes terroristes preneurs d'otages. Enfin, M. Burns a salué le Groupe de travail du Sahel, coprésidé actuellement par l'Algérie et le Canada, de par les réunions de haut niveau qu'il a tenues sur la sécurité des frontières et la justice pénale notamment. Le Fgct, dont l'Algérie est l'un des 30 membres fondateurs, a été mis en place en septembre 2011, à New York, dans l'objectif de conforter l'architecture internationale de lutte antiterroriste et d'établir une coopération internationale renforcée. A préciser enfin que la réunion de Doha a marqué le lancement officiel du «Centre international de l'excellence dans la lutte conte l'extrémisme violent», baptisé Hedayah et basé à Abou Dhabi. Ce centre, dont la mission est «de former la police, les éducateurs et les religieux», et l'Institut international de justice et de l'Etat de droit, qui devra être ouvert en 2013 en Tunisie, «donnent aux gouvernements des outils» dans la lutte contre l'extrémisme. H. Y.
Lutte contre le financement du terrorisme : le mémorandum d'Alger adopté Le Forum global de la lutte contre le terrorisme (FGCT) a adopté hier à sa 3e réunion ministérielle le «mémorandum d'Alger» sur l'interdiction de paiement de rançons et le déni de leur bénéfice aux groupes terroristes preneurs d'otages. Une adoption qui permettra de renforcer la lutte contre le terrorisme et de tarir ses sources. H. Y.