Les cours pétroliers restaient en baisse hier matin et sont plus que jamais très corrélés aux marchés boursiers. Alors que l'AIE a abaissé ses prévisions de demande de pétrole pour 2008 et 2009, le baril de brut poursuit sa chute entamée à la fin de juillet, après avoir flirté avec la barre psychologique des 150 dollars. Le contrat de décembre sur le WTI américain se traitait hier à un peu plus de 58 dollars alors que le brent échéance janvier a atteint son plus bas depuis plus de 3 ans à moins de 56 dollars, le brut de la mer du Nord s'échangeant, lui, à 55 dollars. De quoi susciter de nouvelles inquiétudes des pays de l'OPEP. D'autant que l'AIE table désormais sur une demande globale de 86,2 et 86,5 mbj en 2008 et 2009. L'OPEP, elle-même, a réduit sa prévision de demande pour son pétrole pour 2009, ce qui pourrait fournir des arguments aux partisans d'un tassement plus significatif des quotas de production lors de sa réunion extraordinaire le 29 novembre prochain au Caire. D'ores et déjà, le président en exercice de l'Organisation, l'Algérien Chakib Khelil, a annoncé la couleur : «L'OPEP prendra la bonne décision.» Et c'est déjà en soi une bonne nouvelle car il y péril en la demeure. D'ailleurs, le marché ne s'y est pas trompé qui en a déduit qu'il y aurait une réduction. La plupart des experts, qui jugent prématuré de conclure à ce stade que les prix ont touché un plancher, s'attendent donc à ce que le cartel réduise encore sa production d'au moins un million de barils par jour. Celle-ci interviendrait après une première coupe de 1,5 mbj, qui n'a pas une influence notable sur les prix qui suivent depuis l'été un mouvement de yo-yo. Les attentes d'une nouvelle baisse de la production de l'OPEP pourraient alors soutenir un marché susceptible de repartir à la hausse. Celle-ci serait en outre favorisée par une éventuelle vague de froid exceptionnelle aux Etats-Unis et en Europe. Aussi, par la baisse du niveau des investissements mondiaux dans les projets pétroliers qui pourraient pâtir de l'effritement continu des cours, suscitant de sérieuses inquiétudes concernant une hausse nécessaire des approvisionnements une fois que l'économie mondiale aura retrouvé une santé. En attendant ces lendemains qui chanteraient, les pays producteurs redoutent présentement un baril qui se stabiliserait à 60 dollars. Avec ce prix plancher, se serait la fin de la période des vaches grasses pour les pays producteurs d'or noir. Surtout pour les Etats les plus peuplés qui ont abondamment puisé dans les revenus pétroliers pour financer leurs politiques publiques. Mais les pays producteurs ne sont pas tous logés à la même enseigne car ils n'ont pas tous les mêmes coûts de production, la même dépendance aux hydrocarbures, la même discipline budgétaire. Spécificité algérienne, encore une, le vaste programme d'investissements publics dans les infrastructures de base requiert, selon les spécialistes, au minimum, un baril à 56 dollars. Comme le prix du pétrole, désormais lié à l'évolution des marchés boursiers, le sort des politiques publics, notamment des grands projets de développement structurants attendus au cours de la troisième mandature présidentielle, est en corrélation avec ce seuil incompressible. En Algérie, peut-être un peu plus qu'ailleurs, politique et pétrole forment toujours un couple soudé et inséparable. N. K.