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Madagascar : échec annoncé de la médiation tanzanienne Ravalomanana renonce à sa candidature, Rajoelina tergiverse sur sa participation à la présidentielle de 2013
La Communauté de développement de l'Afrique australe (Sadc) a réussi la semaine dernière à convaincre l'ancien président malgache déchu, Marc Ravalomanana, de renoncer à ses ambitions politiques, une décision qui permet de faire avancer les discussions sur la résolution de la crise politique malgache. L'ancien président de Madagascar, Marc Ravalomanana, a renoncé officiellement à se présenter à la prochaine présidentielle, prévue pour le 8 mai 2013, à l'issue du sommet extraordinaire de la Sadc, qui s'est tenu les 7 et 8 décembre à Dar es Salem, en Tanzanie. Le président tanzanien, Jakaya Kikwete, était heureux de déclarer que «Marc Ravalomanana a annoncé qu'il ne serait candidat à aucun poste lors de l'élection présidentielle l'an prochain, dans une volonté de résoudre l'impasse politique dans son pays». Depuis des mois, les efforts de la Sadc, de l'Union africaine (UA) et des représentants locaux de l'Organisation des Nations unies (ONU) se sont focalisés sur la question du retrait des principaux acteurs de la crise politique malgache de la course à la présidentielle. Entre deux rencontres entre les parties en conflit et la Sadc, la situation se compliquait davantage en raison de l'insistance de Marc Ravalomanana à rentrer au pays et de l'entêtement de son rival, Andry Rajoelina, à lui interdire de fouler le sol malgache afin de l'empêcher de se présenter à la présidentielle de 2013. Le retrait de l'ancien président déchu de la course électorale constitue donc une clé pour la résolution de la crise politique malgache qui dure depuis 2009, et dont les conséquences socioéconomiques sont plus que catastrophiques. «Marc Ravalomanana a préféré écouter le président en exercice de la Sadc, le tanzanien Jakaya Mrisho Kikwete, qui l'aurait donc convaincu pour restaurer la paix et pour reconstruire l'économie du pays», a rapporté Madagascar Tribune, en citant le Dailynews de Tanzanie. Il est vrai que Marc Ravalomanana ne compte pas se retirer définitivement de la vie politique, puisqu'il a affirmé qu'il continuerait à travailler pour contribuer de la meilleure façon à la stabilité et au développement de son pays. En d'autres termes, l'ancien chef d'Etat, exilé en Afrique du Sud, espère toujours revenir sur la scène politique et se présenter pour les futures échéances électorales. Mais sa décision apporte beaucoup d'apaisement et met l'actuel homme fort de l'«Île rouge» dos au mur. Andry Rajoelina est invité, lui aussi, à se retirer de la course à la prochaine présidentielle pour permettre à Madagascar de sortir de la zone de détresse qui menace sa stabilité à moyen et long terme. Avec l'annonce du retrait de Marc Ravalomanana de la course à la présidentielle de 2013, Andry Rajoelina va-t-il donc en faire de même et laisser le pays accomplir sa transition politique ? La mission s'annonce difficile pour le président tanzanien qui ne sait pas encore ce que l'actuel homme fort de l'île va décider. Les autres factions politiques malgaches vont-elles exercer une pression sur le président de transition pour qu'il renonce à sa participation à la prochaine présidentielle ? Autrement dit, le retrait de Ravalomanana encourage les médiateurs régionaux et internationaux à poursuivre leurs efforts diplomatiques pour réconcilier les malgaches, mais cette décision ne signifie pas que la crise sera totalement résolue dans l'immédiat. Les responsables de la Sadc le savent, tout comme les Malgaches, pris en otages par cette lutte de clans depuis 2009. La déclaration de Rajoelina, avant son envol pour Dar es Salem pour s'entretenir avec le président tanzanien, laisserait en fait penser que l'ancien maire d'Antanarivo n'a aucune intention de répondre favorablement à la demande de la Sadc. A lire attentivement ses déclarations dans la presse malgache, l'on comprend qu'il s'agit d'une tentative de médiation d'avance vouée à l'échec . «Comme je l'ai déjà annoncé dans mon discours lors du sommet des Nations unies qui s'est tenu en septembre dernier, toute personne ayant rempli les conditions d'éligibilité est libre de choisir s'il veut se porter candidat ou pas aux prochaines élections. Et il incombe au peuple malgache de trancher sur le destin de son pays par le truchement de la voie des urnes. La pression venant d'un autre pays ou d'un groupe de pays, à mon avis, s'apparente à du néocolonialisme», a tranché le président de transition, lors d'un point de presse à l'aéroport d'Antananarivo. Cette déclaration constitue en effet un véritable refus de la part de Rajoelina d'abandonner son projet de devenir, par la voie des urnes, le prochain président de Madagascar. En réaffirmant que «ni la décision de la Sadc, ni la non candidature de M. Marc Ravalomanana n'influencera en aucun cas la décision que j'ai dans ma tête et dans mon cœur depuis le début», Rajoelina brise tout espoir du président tanzanien, qui s'est entretenu avec lui mercredi à Dar es Salem sans enregistrer de réelles avancées dans ce dossier, même si le communiqué de la présidence malgache affirme que les conclusions d'un éventuel accord seront rendues d'ici la fin de l'année 2012. La poursuite des attaques entre les deux parties en conflit, par médias interposés, constitue un autre indice que la crise malgache est partie pour durer, ce qui risque de compromettre la tenue de la présidentielle à la date fixée par la Sadc, lors des rencontres précédentes. L. M.