Le fait marquant de l'année 2012, dans le secteur de l'éducation nationale, est, sans nul doute, le remplacement du ministre, Boubekeur Benbouzid, après près de quinze ans de règne sans partage, par un autre qui a vite remis en cause sa réforme. Abdelatif Baba Ahmed, très peu connu dans la sphère politique, est arrivé au ministère de l'Education nationale, suite au dernier remaniement effectué par le président Bouteflika. Une grande surprise pour tous les membres de la famille éducative, peut-être même pour l'ancien ministre que d'aucuns croyaient «éternel» à la tête du secteur. La réforme initiée et mise en œuvre par Boubekeur Benbouzid était vouée à l'échec dès le départ mais, malgré sa dénonciation par tous et l'opposition des enseignants, des spécialistes du domaine, des parents et même des élèves, elle a continué sa marche comme si de rien n'était. Les taux de réussite «élevés» aux examens de fin d'année (fin du cycle primaire, BEM et baccalauréat) justifiaient leur poursuite avant que les défections nombreuses à l'université ne révèlent «les bonnes astuces» employées pour arriver à des résultats aussi probants. La fin justifie les moyens. Jamais le secteur n'a été ébranlé par des mouvements de protestation aussi menaçants. Et jamais les parents d'élèves n'étaient aussi déçus par le niveau faible de leurs enfants au même moment où ils dépensaient, sans compter, pour des cours de soutien et des espaces Internet sensés aider à une assimilation véritable des cours et au développement de l'esprit critique et celui créatif. Rien à faire ! Les élèves apprennent sans comprendre et pour leurs exercices, il y a le copier-coller sur Internet et les manuels parascolaires. Les langues étrangères restent un grand problème. De l'avis de nombreux enseignants et parents, les élèves ne maîtrisent aucune langue, y compris l'arabe. C'est pour cela qu'ils rencontrent de grandes difficultés dans toutes les matières. C'est la quantité au détriment de la qualité. Le nouveau ministre annonce une réforme de la réforme sans en donner les détails. C'est, peut-être, une bonne initiative à encourager. C'est, peut-être aussi, un massacre de plus pour mieux achever l'école publique. L'école algérienne a toujours été un laboratoire et les enfants des cobayes. Ce n'est pas un scoop. K. M.