Photo : Riad De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi
L'hiver se distingue cette année par une chute spectaculaire du mercure. Un signe de détresse qui aura incité les brigades SOS/SDF à sillonner les artères des cités. La Direction de l'Action sociale qui chapeaute l'opération, en collaboration avec plusieurs secteurs dont la Protection civile et la Sûreté nationale, a pu abriter durant ce début d'hiver plus de 24 personnes dans des espaces d'accueil. L'opération nocturne ne devra pas connaître de répit, la saison ne fait que commencer. Les Sans domicile fixe (SDF) étalent leurs couvertures et cartons en différents espaces jugés paisibles aux quatre coins de la cité. Entrées d'immeubles et abords des arcades, ce sont généralement les «âtres» virtuels, prisés par des hommes et femmes en quête d'une nuit douce. Une douceur qu'ils s'approprient et inventent malgré eux, faute d'un toit ou d'une solidarité familiale. Le froid de la dernière semaine où le mercure frôlait le zéro degré de nuit (comme de jour) a mis à nu le vécu nocturne de cette catégorie de personnes, en détresse et en danger. Les inspections sur le terrain, qui sont spécialement du ressort de la municipalité, ne s'étaient pas manifestées, et tout le fardeau est subi par la DAS quoique celle-ci forme une partie d'un échiquier pluridisciplinaire. «A vrai dire, la wilaya de Constantine recense des personnes étrangères qui y passent la nuit. Il faut savoir que leur nombre demeure variable et ne dépasse pas une fourchette alarmante» indique le chef de service chargé de la communication auprès de la direction de l'action sociale, M. Lamine Rehaïlia, qui ajoute : «le plus souvent, c'est au niveau de la gare routière «est» de Constantine que cette frange élit domicile». Pour appréhender l'hiver, cet organisme sous les directives du ministère de l'intérieur et des autorités locales a anticipé la démarche en optant pour des rondes nocturnes, intensives auxquelles prennent part les services de la Sûreté nationale, de la Protection civile et des psychologues. Pendant la dernière quinzaine, les organismes actifs sur le terrain ont pu prendre en charge plus de 23 âmes dont la majorité sont des hommes. Ces personnes ont été hébergées à Diar Errahma, à Djebel Ouahch et à Hamma Bouziane. En parallèle, quatre cellules de veille sont actives depuis quelques jours sur instruction de la tutelle. Chacune comprend un économe, un magasinier, un médecin et un chauffeur. Elles demeurent aux aguets de la moindre sollicitation émise par des êtres en danger afin de les repêcher. Les pôles névralgiques se situent, notamment, à la nouvelle ville Ali Mendjeli, à Hamma Bouziane, à Djebel Ouahch et c'est la DAS qui chapeaute les diverses interventions. Pour mener à bien ce travail, l'organisme public invite la population à s'y impliquer par un simple geste d'appel. «Il est demandé aux citoyens de concourir à cette initiative noctambule en contactant les services compétents en cas de présence d'individus couchés à même le sol», sollicite notre même source. S'agissant de la nature de la prise en charge, elle diffère selon que le sujet sans toit soit âgé de plus de 65 ans ou moins. Dans le premier cas le recasement se fait systématiquement dans l'un des centres d'accueils de la wilaya. «Si l'un de ses proches se manifeste, le SDF hébergé pourra repartir. Dans le cas contraire, il est admis en formule indéterminée» a-t-elle éclairé. Pour ce qui est des femmes enceintes, «elles seront accueillies durant toute leur grossesse».
Un Samu social à la nouvelle ville Ali Mendjeli «Au terme des trois mois suivant l'accouchement, des appréciations juridiques ou autres seront appliquées pour prendre en charge le bébé».Pour se charger des malades psychiatriques, et devant le manque de place au niveau de l'EHS de Djebel Ouahch, la DAS a conclu une convention avec cette structure sanitaire qui, par le biais de spécialistes, des consultations sont programmées au profit des sujets transportés la nuit à Diar Errahma. Les sans-abri ont vu leur nombre légèrement croître depuis la rudesse de l'hiver passé où des familles entières ont été évacuées pour cause d'effondrement de leur habitat précaire. «Certaines d'entre elles ont pu être relogées» précise une source concordante. Toutefois, il est des ménages qui croisent le doigt pour un toit. Comme projection au profit des «errants» malgré eux, les collectivités locales ont amorcé des chantiers pour la réalisation du Samu social au niveau de la nouvelle Ville Ali Mendjeli. «Ce projet sera entamé au début de l'année 2013.Une fois réceptionné, il s'occupera intensément des sans-abri. Du moins pour une nuit, le temps qu'ils reprennent des forces» a-t-on soutenu. Côté municipal, il semble que cette urgence ne concerne pas l'assemblée qui reste trop éloignée de cette problématique par son indifférence… Sur un autre chapitre, aucune perspective de réalisation de bâtisses destinées à cette frange de la société n'est évoquée par les concepteurs à l'échelle des collectivités locales. On admet que Constantine ne renferme pas autant de SDF, ce qui écarte tout investissement gigantesque dans la confection de plusieurs centres d'accueil. Pour l'heure, Diar Errahma suffiront à abriter les «hommes et femmes» qui y transitent et repartent souvent le lendemain. «La majorité des personnes fuient ces lieux en préférant passer la nuit dehors dans le froid et le danger» témoigne un cadre de l'action sociale. L'hiver qui a montré une façade tempérée depuis deux jours pourra resurgir glacialement à tout moment. «L'opération nocturne ne devra en aucun cas s'interrompre tout le long de cette saison» rassure la DAS qui lance un appel au croissant rouge, mais aussi aux mairies, afin qu'elles participent à cette opération humanitaire pour éviter aux sans-abri des nuits froides sans se nourrir.