Avec la disparition des pôles de développement, il n'y a pas de miracle à attendre. Après le football, le handball. L'équipe nationale du jeu à sept a, elle aussi, rejoint les rangs des mauvais élèves et a valu au sport algérien un autre zéro pointé. L'incrédulité de son échec n'est plus de mise tant ce sport était en nette régression depuis quelques années. Un sport qui vit dans une véritable misère sur le plan de l'organisation et du développement et à partir duquel on veut sortir une équipe nationale compétitive. C'est comme pour le football, où c'est le vide presque absolu en matière de formation, et où sans joueurs de talent, on cherche à monter un Onze national capable de réaliser des exploits. Le handball est à l'image des autres sports collectifs : il ne régénère pas son élite parce que la formation ne suit pas. A partir de là, toute idée de renouvellement des effectifs relève de la pure utopie. A l'instar du basket-ball et du volley-ball, le jeu à sept souffre d'un énorme manque de moyens. Depuis la fin du code de l'EPS en 1989, on a laissé les clubs entre les mains de gestionnaires indépendants qui n'ont eu d'yeux que pour le football. L'argent versé par l'Etat, au titre des subventions, l'est pour la prise en charge de toutes les disciplines mais comme les dirigeants des clubs sont plus puissants que les DJS, les sports, autre que le football, ont vu leur aide s'amenuiser au point de devenir nulle dans plusieurs associations. Du reste, même en football, on a beau déclarer qu'une grande partie de l'argent doit aller aux jeunes catégories, ce sont toujours les seniors qui en profitent. Le manège dure depuis des lustres sans qu'aucun responsable n'ait eu le courage de taper sur la table pour mettre ces dirigeants face à leurs responsabilités. S'il est un club qui est resté inamovible dans la gestion de toutes ses sections, c'est le Mouloudia d'Alger. Il n'y a aucune surprise à cela : il est le seul à être resté dans l'esprit du code de l'EPS pour être le seul à être toujours placé sous la coupe d'une entreprise publique. Et pas n'importe laquelle puisqu'il s'agit de la Sonatrach, la première firme du pays et de l'Afrique en termes de chiffre d'affaires. Cette situation fait que le MCA est le club le plus recherché en Algérie dans tous les sports, excepté le football, dont la section a, d'ailleurs, demandé et obtenu une autonomie. Rechercher pourquoi ? Certainement pas parce qu'on y gagne le mieux sa vie mais parce qu'en son sein, on a la stabilité et la sécurité de l'emploi. Il est, peut-être vrai, que dans quelques clubs de handball, les joueurs sont mieux payés, en matière de primes que leurs collègues du MCA mais c'est une situation aléatoire, qui ne dure pas et au bout de deux à trois ans, ces joueurs se retrouvent chômeurs à cause de la chute de leurs clubs respectifs. C'est la raison pour laquelle dès qu'un jeune joueur se distingue dans un club, il suffit d'un claquement de doigts de la part des dirigeants du MCA pour l'attirer. Avec la crise de l'emploi qui sévit en Algérie, on ne réfléchit pas trop lorsqu'on vous propose un poste où la sécurité de l'emploi est garantie. Par conséquent, le problème est fort simple : le MCA a les meilleurs joueurs en handball, en basket-ball et en volley-ball et n'arrête pas de dominer les compétitions de ces trois disciplines. Parallèlement à ce phénomène, on assiste à la chute des autres clubs à cause de la sempiternelle histoire de moyens financiers. Premier résultat des comptes : les pôles de développement disparaissent un à un. Deuxième résultat des comptes : on assiste à un cavalier seul du MCA dans les compétitions des disciplines précitées, des compétitions qui deviennent sans âme. Le MCA est tellement dominateur que ses propres joueurs ne prennent plus plaisir à jouer. On raconte qu'en basket-ball, les adversaires de ce club, sachant qu'ils vont perdre, préfèrent aligner des joueurs inexpérimentés juste pour les tester. Parler de développement lorsqu'on a un seul club de performance, c'est prendre ses rêves pour de la réalité. Le comité de réflexion chargé par le ministre de la Jeunesse et des Sports de trouver des solutions à la relance du handball n'a, donc pas, à trop se réunir pour poser le diagnostic. Le handball algérien était fort parce qu'il avait des clubs forts et à travers tout le pays. Aujourd'hui, avec le seul MCA, il ne peut plus se permettre de croire en une embellie. C'est le même constat pour le basket-ball et le volley-ball. La solution ne peut venir que d'une action conjointe entre les fédérations et le MJS. Les pôles de développement sont du ressort des premières. Les moyens sont à la charge du second mais il devra veiller à ce que ces moyens soit bien mis à la disposition de ces sports-là. Il ne suffit pas de dire : « J'ai donné de l'argent » pour se croire exempt de reproches dans un éventuel désastre.. Il faut bien gérer cet argent et se montrer très strict pour imposer qu'il soit investi dans le créneau que vous avez choisi. Nous l'avons toujours dit : les fédérations sportives ont besoin d'un partenaire pour les accompagner dans leurs actions, et ce partenaire ne peut être que le MJS. Pour revenir au football, de quels moyens dissuasifs dispose la FAF pour traquer les milliards de centimes qui circulent de droite à gauche ? Et des milliards qui ne peuvent émaner que de l'Etat, soit directement (subventions), soit indirectement ( sponsoring qui est la forme d'aide indirecte par excellence). Si le MJS ne fait rien pour mettre en garde ces clubs, c'est la porte ouverte à l'anarchie et la FAF n'y pourra rien. Et puis il s'agit de mettre en relief le fait que c'est le sport algérien dans son ensemble qui est malade. Quand le football, le handball, le volley-ball, le basket-ball et d'autres disciplines coulent c'est que le système n'est pas bon, et par système, on entend la politique sportive qui est appliquée. Il ne suffit pas de faire porter le chapeau aux fédérations sportives pour croire que le remède ne viendra que par elles. Lorsqu'on donne 1 milliard 250 millions de centimes par an à chacune des trois fédérations de sports collectifs en leur demandant d'assurer le développement, la gestion des compétitions nationales, la formation et la prise en charge des équipes nationales, il faut, également, avoir le courage de reconnaître que cette somme frise le ridicule au moment où des clubs de football annoncent qu'ils fonctionnent avec 10 à 12 milliards de centimes par saison investis en grande partie dans l'effectif senior. Pour ce qui est du comité de réflexion sur le handball, il se devra de proposer des solutions pour redynamiser les pôles de développement à la condition qu'il sache mobiliser des moyens adéquats en matière de prise en charge et de formation pour relancer sur de bons rails ce sport. L'équation n'a rien « d'einsteinien ». Avec les potentialités de notre pays, il y a de la place pour un sport de performance capable de dominer celui de l'Afrique. Il suffit d'y croire et d'y mettre du sien. On ne peut terminer ce commentaire sans nous poser la question de savoir pourquoi un homme comme Aziz Derouaz n'a pas été choisi pour faire partie de ce comité de réflexion. Ce dernier n'a, certainement pas la prétention de détenir la vérité mais il ne faut pas oublier qu'il a été ministre de la Jeunesse et des Sports et qu'en outre, c'est sous sa direction que l'équipe nationale a obtenu ses meilleurs résultats. Faire fi de ses connaissances en la matière, ce n'est pas servir le handball d'autant que dans le comité de réflexion, il y a des ex-internationaux qui travaillaient sous sa coupe. Il est des décisions qui vont à contresens de la logique. A. A.