Dans le secteur de l'Education nationale, le grand événement de l'année 2013 devrait être le lancement d'un nouveau chantier de réforme. Une réforme de la réforme, en termes plus précis. C'est la grande annonce de l'année 2012, faite par le ministre, Abdelatif Baba Ahmed, nommé à la tête du secteur, en remplacement de Boubekeur Benbouzid, suite au dernier remaniement ministériel. Un remaniement inespéré par la grande famille de l'Education nationale qui n'a eu de cesse de critiquer la réforme «Benbouzid» et réclamer le départ de son promoteur. Le nouvel ministre est très peu connu du personnel pédagogique et de l'ensemble des travailleurs du secteur. Ses sorties sur le terrain ne suscitent pas trop d'intérêt et ses déclarations concernant l'avenir de la réforme et la situation socioprofessionnelle de l'ensemble des personnels ne produisent pas de réactions particulières. Cela n'empêche pas les syndicats et autres représentants des enseignants et de l'ensemble des travailleurs du secteur, de même que les élèves et les parents d'élèves, de répondre favorablement aux invitations pour des rencontres officielles et non officielles. Prendre acte des déclarations et des décisions prises par le ministre, suivre de près leur application sur le terrain et dénoncer les dysfonctionnements et les manques quand c'est le cas. Le ministre a fait une annonce des plus inattendues. Il a remis en cause la réforme de son prédécesseur, pourtant, tous les deux, chargés d'appliquer un même programme gouvernemental, décidé par le premier magistrat du pays. Ça relève presque de l'impossible du fait que, malgré tous les cris de détresse, de plus en plus répétés et prolongés, pour arrêter la machine destructrice, aucun ordre n'a été donné de mettre le holà. Quelque chose de très grave et de très urgent s'est, peut-être, produit pour que le chef de l'Etat prenne la décision d'éliminer l'ancien ministre et avec lui, sa réforme. Cela s'est fait, toutefois, en douceur, de façon à prévenir tout autre choc. D'ailleurs, dans sa déclaration de presse, Abdelatif Baba Ahmed a parlé d'une réforme partielle (ce n'est pas tout à fait le mot utilisé) et non pas totale. «L'année 2013 sera l'année de rattrapage de certains retards accumulés dans le secteur et de correctifs à quelques points décriés par les professionnels», a-t-il dit, dans une déclaration de presse, faites aux premiers jours de sa nomination. «Notre travail (de réforme) vise à recenser les points forts et les points faibles de la réforme du système éducatif pour surmonter les difficultés rencontrées par le secteur. Ceci par la mise en place d'un bilan d'étape pour asseoir les réformes et les corrections qui doivent être apportées», a-t-il poursuivi. Une commission de travail devrait être installée prochainement pour se charger de cette mission bien difficile. Les syndicats du secteur ont été tous informés de cette nouveauté et ont même été conviés à des rencontres avec le ministre en personne pour parler des problèmes du secteur et ceux des travailleurs. De façon générale, les représentants des syndicats racontent que les choses se sont bien passées, leur interlocuteur se montrant réceptif et à l'écoute de leurs doléances. Ce n'est pas une raison, pour autant, de lui donner carte blanche et dire que c'est fini, tout ira pour le mieux grâce au nouveau ministre que certains qualifient d'intègre et d'homme de terrain. «Nous attendons pour voir. C'est vrai que le nouveau ministre fait montre de disponibilité à nous écouter et prendre en charge nos préoccupations mais les années de lutte nous ont appris à être vigilants. Les problèmes du secteur sont compliqués et les enjeux nombreux, nous devons faire montre de prudence. Ceci dit, nous restons à l'écoute et ouverts à toutes les propositions», s'accordent à dire les syndicats, blasés par tant de déceptions et de promesses non tenues. La question de la gestion des œuvres sociales est un autre problème des plus compliqués, objet de polémiques et de convoitises. Peut-être que tout ce qui a été fait jusque-là, en la matière, du temps de Boubekeur Benbouzid, serait aussi remis en cause. Voilà ce qui risque de marquer aussi, de manière vraiment négative, l'année 2013 au lieu que celle-ci soit celle de l'amélioration de la qualité de l'enseignement, du contenu des programmes, du cadre de vie et de travail des enseignants et autres travailleurs ainsi que les conditions de scolarité pour les enfants… les cobayes de toujours. K. M.