L'anachronisme de la scène politique national réside dans le déséquilibre criant entre les partis au pouvoir et les partis de l'opposition et ce, en dépit du recul des trois partis de l'Alliance lors des dernières législatives et dont les résultats cumulés ne dépassent pas les 30% des votants. Les trois partis de l'Alliance présidentielle se sont agglomérés formellement autour du programme du président de la République sans pour autant présenter des listes communes aux élections locales et législatives. Chaque parti continue à prétendre depuis 1999 qu'il dispose d'un programme propre alors que toutes les campagnes électorales sont menées sous la couverture du projet de Bouteflika. La tendance qui se dessine à la faveur des amendements de la Constitution finira par donner naissance à un pôle politique où seront fondues les différences idéologiques nationalistes et islamistes au profit d'un parti pouvant regrouper le FLN, le RND et le MSP. D'ailleurs, en 2006, Ouyahia avait soulevé cette question lors d'un point de presse alors qu'il était chef de gouvernement, lorsqu'il a plaidé en faveur de l'avènement de deux ou trois grands pôles politiques où se regrouperaient des partis proches idéologiquement et politiquement afin de mettre un terme à l'émiettement des forces politiques et de donner du tonus à la scène nationale. Ziari a abordé vendredi dernier, dans une émission de la Chaîne I, la même idée. Pourtant, le courant démocratique avait tenté le premier, à la fin des années quatre-vingt-dix, l'expérience d'un rapprochement afin de mettre en place un pôle démocratique. Mais les luttes de leadership ont fini par faire avorter le projet. Les islamistes ont également essayé d'unir leurs forces sous la bannière de la Rabita islamia mais ces derniers ont réussi au moins à fédérer leurs voix lors des législatives de décembre 1991. La réalité de la scène politique nationale demeure, cependant, caractérisée par l'éclatement des forces, ce qui se traduit lors des élections par une immense dispersion des voix et, partant, une faible représentativité, y compris pour les grands partis. Mais les rassemblements politiques et la fusion de partis dans de grands courants d'idées relèvent de la volonté des partis eux-mêmes et ne peuvent être encouragés en cela par une quelconque décision arbitraire si légale soit-elle. Pourtant, la réhabilitation du politique et la réconciliation des citoyens et des partis et des électeurs et des urnes passe inévitablement par l'avènement de grands pôles politiques. En Algérie, trois grandes tendances existent et représentent le spectre politique allant du courant nationalo-islamiste aux démocrates libéraux à la gauche. Chaque courant est composé certes de nuances mais l'atomisation des différents courants stérilise la scène politique, réduit les débats de fond sur les questions importantes et favorise l'émergence d'opportunistes et de parasites politiques. A. G.