«les objectifs des trois dépassent de loin les besoins conjoncturels.» L'entrée en lice de l'alliance présidentielle stratégique, comme un nouveau figurant de la scène politique nationale, traduit une démarche vers la recomposition de la scène politique, laquelle sera concrétisée par la «création d'une véritable force démocratique». C'est la définition donnée par les preneurs de cette nouvelle tendance politique ayant affiché clairement ses orientations par son appui indéfectible au président Bouteflika. M.Bouguerra, le président du MSP, et un membre de cette alliance qui regroupe aussi les redresseurs du FLN et le RND, estiment que «les objectifs des trois dépassent de loin les besoins conjoncturels». En d'autres termes, la présidentielle d'avril ne constituait qu'une première étape de cette coordination interpartisans. Au lendemain du 8 avril, l'APN se présente comme la clef de voûte de cette alliance stratégique. Le RND, le MSP et les redresseurs du FLN, ainsi que les députés de Benflis qui se préparent d'ores et déjà, à la faveur des nouvelles donnes politiques, à rejoindre le camp des frères ennemis, assureront une large majorité à cette tendance au sein de la chambre basse du parlement. Quelle marge de manoeuvre pour l'opposition à l'APN? L'alliance stratégique a-t-elle enterré, du moins pour les cinq prochaines années, cette opposition? Le retrait imminent du projet sur la levée de l'état d'urgence par le MSP constitue, selon les observateurs, les premières prémices d'une nouvelle ère au sein de l'APN. Une institution majoritairement acquise à Bouteflika. Pour le parti d'El Islah, la mise en oeuvre d'une nouvelle composition politique dite «d'alliance», a pour objectif «de contrer le courant démocratique, notamment au sein de l'institution législative». Le parti qui y compte 44 sièges et qui s'est démarqué du groupe des trois, se dit prêt à relever le défi. «On ne permettra pas que l'APN soit une tribune pour le pouvoir». Cette formation qui a été l'initiatrice de plusieurs projets, les plus importants sont la nouvelle loi électorale, l'interdiction de l'importation du vin, nonobstant la commission d'enquête sur le refus d'agrément du CLA et du Cnapest..., a-t-elle aujourd'hui les moyens de sa politique sachant que le FLN, qui fut un allié de taille, en sombrant dans l'opposition en 2003, n'est plus ce qu'il était avec les «retournements de veste» annoncés depuis l'annonce des élections. Le deuxième et dernier parti de l'opposition siégeant à l'APN est le PT. Un parti très actif certes, mais dont l'influence est réduite au sein de l'hémicycle. Une position traduite par le rejet de ses principales propositions formulées au sein de l'APN. En d'autres termes, même une alliance contre nature entre Mme Louisa Hanoune et Saâd Djaballah ne pourrait préserver l'opposition à l'APN. L'alliance stratégique qui se fixe comme objectif principal de consolider ses rangs, s'estime être assez forte pour affronter cette nouvelle donne. Interrogé sur une éventuelle ouverture vers d'autres courants politiques, M.Bouchouareb a écarté cette possibilité, «du moins pour le moment». Pour sa part, M.Aboubaker Salah député d'El Islah et membre de la commission juridique de l'assemblée, nous a affirmé que «sa formation n'a pas été contactée par l'alliance stratégique», en réaction aux informations rapportées par certains titres de presse. La présentation du programme du gouvernement sera le premier test pour les députés de l'APN.