L'année qui commence risque bien d'être celle du durcissement du conflit qui déchire la Syrie depuis bientôt deux années. La violence s'est installée dans la vie ordinaire de ce pays et risque fort de mener vers sa désintégration territoriale. Un attentat à la voiture piégée a fait au moins neuf morts à Damas. Des enfants figurent parmi les victimes de l'explosion, survenue dans un quartier du nord de la capitale où vit une importante communauté alaouite. Sur le plan politique aucune solution ne pointe à l'horizon du fait de l'exacerbation des divisions internes et même externes. L'émissaire de l'ONU, Lakhdar Brahimi, continue à croire en un accord. Il devrait rencontrer des responsables américains et russes, dans l'objectif de faire évoluer les chances de solution politique. Mercredi, l'ONU a annoncé un bilan de 60 000 morts dans le conflit. La Syrie a basculé dans la guerre civile après que la révolte populaire, lancée en mars 2011, soit devenue conflit armée. Les combats opposent désormais l'armée régulière à l'opposition armée, mais aussi à des jihadistes venus de l'étranger. La grave situation en Syrie influe déjà sur son voisin immédiat le Liban et risque de déborder. Le leader du Hezbollah libanais, Hassan Nasrallah, a estimé que la Syrie est menacée de partition et a appelé une nouvelle fois à un «règlement politique». «Notre position fondamentale est le refus de toute forme de partition ou de tout appel à la division et au découpage de n'importe quel des pays arabes ou musulmans et nous appelons à préserver l'unité de chacun de ces pays (...). Du Yémen à l'Irak, jusqu'à la Syrie plus que jamais menacée», a déclaré le secrétaire général du mouvement, pour qui la Syrie est un Etat stratégique d'importance. «Si la solution militaire perdure, la guerre sera longue», dira-t-il. Nasrallah préconise la solution politique, seule à même de préserver toute la région. «Il doit y avoir un mouvement politique sérieux, qui se dirige vers des pressions et une aide pour aboutir à une solution politique en Syrie, un dialogue politique et un règlement politique», a-t-il poursuivi. Le Liban, qui a été pendant trois décennies sous la tutelle politique et militaire de la Syrie, reste profondément divisé au sujet du conflit syrien. Cette division est symptomatique de la complexité du conflit en cours en Syrie. En plus de la proximité géographique. Le gouvernement libanais a fait appel aux pays arabes et amis pour alléger le fardeau, notamment financier, que représente l'accueil de 125 000 réfugiés syriens sur son sol. Les ministres représentant le Courant patriotique libre (CPL), de Michel Aoun, dirigeant chrétien allié du Hezbollah, ont refusé le plan adopté par le gouvernement, affirmant que le Liban n'avait pas la capacité d'accueil nécessaire. Selon l'ONU, quelque 125 000 syriens ont trouvé refuge au Liban depuis le début du conflit meurtrier. Les autorités libanaises évoquent le chiffre de 200 000. Le gouvernement libanais appelle régulièrement à «se dissocier» de la crise du grand voisin afin d'éviter une contagion qui menace. Le pays du cèdre réunit tous les ingrédients à l'embrasement. M. B./Agences