De notre correspondant à Bouira Nacer Haniche Selon les chiffres communiqués dernièrement à la presse locale par la Direction des services agricoles de Bouira, la production prévisionnelle d'huile d'olive cette année pourra atteindre près de cinq millions de litres. Toutefois, ce chiffre avancé de manière pompeuse, doit être pris avec modération, car tenant compte des saisons écoulées, les prévisions n'incluent pas les conditions défavorables qui font baisser la production d'huile au niveau de la région. La campagne oléicole qui a commencé dans certaines localités, depuis le début du mois en cours, est considérée que les meilleure années précédentes, d'après les estimations des techniciens de la DSA. Selon ces derniers, depuis l'année 2004, la production avait chuté d'un million de litres, à cause des tempêtes de neige qui avaient alors détruit des centaines d'oliviers, dont la réhabilitation par les différentes opérations de taille pour leur régénération a nécessité d'énormes efforts. L'oléiculture s'étend sur une superficie de plus de 21 500 ha, située entre la région d'Aghbalou, à l'est jusqu'à Lakhdaria au nord-ouest. Mais il n'y a que 17 585 ha de vergers qui sont productifs. Cela étant, pour la cueillette actuelle des olives, les services de la DSA prévoient un rendement de 15 q/ha. Un chiffre en hausse comparativement à la production de l'année 2007 qu a fluctué entre 6 et 10 q d'olives à l'hectare. Notons que les prévisions des mêmes services, l'année dernière, avaient tablé sur une production de 3,3 millions de litres, mais à la fin de la campagne oléicole, la production n'a pas dépassé 1 500 000 litres. A l'époque, cette baisse a été justifiée par les conditions climatiques durant le printemps 2007, caractérisé par une forte pluviométrie, défavorable à l'olivier au stade de la floraison. Concernant l'irrigation des oliveraies, au niveau de la vallée du Sahel et de la plaine irriguée de M'chedallah, où prédomine la variété dite «achemlal», qui donne une huile de haute qualité, les agriculteurs indiquent que les besoins en eau de l'olivier sont de l'ordre de 650 mm par an en moyenne mais avec une concentration pendant la période allant de décembre à avril. Ce qui donne à peu près un besoin de près de 4 000 litres d'eau par irrigation et par arbre tous les dix jours pendant cinq mois. Ces besoins étant loin d'être satisfaits par les pluies, qui ne sont guère abondantes en période hivernale, l'irrigation devient de plus en plus indispensable. Les propriétaires terriens de cette région ajoutent que, durant l'occupation coloniale, les colons avaient réalisé un canal d'irrigation à partir de la source Aïnsar Averkane, située sur les hautes montagnes dans la commune de Saharidj, et dont le débit serait estimé en hiver à plus de 500 litres par seconde. Actuellement, l'apport en eau nécessite, selon nos interlocuteurs, l'achèvement des travaux d'adduction des eaux depuis le barrage de Tilesdit, à Bechloul, afin que la vallée du Sahel, située entre les localités de M'chedallah et de Bechloul, soit rapidement irriguée. Cela afin de permettre le développement de l'oléiculture dans cette région et de réhabiliter cet arbre, symbole de paix, au produit bio et dont les vertus thérapeutiques et nutritives ne sont pas à démontrer. Pour cette année, les services de la DSA indiquent que le prix de 400 DA le litre d'huile avait incité les propriétaires terriens et les agriculteurs à s'intéresser à l'entretien des plantations d'oliviers. Le dispositif du PNDA et la prise en charge de la filière oléicole au niveau de la wilaya de Bouira, qui a fait passer la surface oléicole de 14 900 ha en 2000 à plus de 20 000 ha en 2007, sont d'autres éléments avancés par les responsables pour justifier leurs prévisions. Par ailleurs, concernant la trituration et la transformation oléicole, la région compte un parc de 140 huileries fonctionnelles, dont 58 huileries semi-modernes et 75 autres traditionnelles. La majorité de ces établissements est concentrée dans la région de M'chedallah. Notons que des oléiculteurs et des oléifacteurs qui activent dans la région se sont regroupés dernièrement en coopérative professionnelle pour la valorisation de l'huile d'olive locale, par le contrôle du processus de production, depuis sa récolte dans les champs jusqu'à sa transformation. En somme, améliorer le processus de la production de l'huile d'olive, pour l'aligner sur les normes internationales, en vue d'une labellisation et de son exportation. Concernant le prix, une légère hausse est attendue pour cette année : entre 320 et 350 DA au niveau des huileries, alors que chez les particuliers, il pourrait atteindre 400 à 450 DA, sinon plus. Les oléiculteurs justifient cela par la garantie de la qualité pure de l'huile alors qu'au niveau des huileries, les milliers de litres proviennent des différentes triturations et olives. Par ailleurs, les vendeurs ajoutent que ce n'est pas la hausse de la production qui fera baisser les prix, du fait que à la production d'huile plusieurs facteurs contribuent et nécessitent des moyens humains et financiers. De leur côté, les consommateurs, lassés par les augmentations des prix des produits alimentaires, espèrent une baisse palpable du prix du litre.