«Aïcha», «Bourkine» et «Thaâlibia», trois grands lycées de la localité d'Hussein Dey (Alger) sérieusement perturbés, hier, par un mouvement de grève enclenché par le Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest), aujourd'hui élargi aux établissements du moyen et du primaire, d'où sa nouvelle appellation Cnapest-Elargi. «Tous les profs sont en grève. Les élèves rentrent chez eux», rapporte une enseignante du lycée Aïcha, non sans exprimer sa satisfaction de constater qu'un grand nombre d'enseignants, dans d'autres établissements de la localité et des localités avoisinantes, ont également répondu favorablement à l'appel au mouvement protestataire. «C'est largement suivi. Je discutais au téléphone avec une amie d'un lycée de Kouba et elle m'a confirmé que le mouvement est largement suivi», affirme-t-elle. Même constat au Caroubier, selon les dires d'une autre: «J'enseigne ici à Hussein Dey mais j'habite au Caroubier. J'ai constaté moi même l'importance du mouvement dans les établissements du secondaire.» C'est dire la colère des enseignants contre le non-respect des engagements pris par les plus hautes autorités de l'Etat concernant la nouvelle classification. Ainsi, rappelle une des enseignantes en grève, l'année dernière des modifications très importantes ont été introduites dans le statut des enseignants. En vertu du nouveau texte, approuvé d'ailleurs par le l'ex-Premier ministre, Ahmed Ouyahia, et le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, les enseignants qui ont plus de 20 ans de service sont classés à la 16 et ceux qui ont plus de 10 ans sont à la 14. Etre classé à la 16, c'est avoir le même grade que le directeur de l'établissement, à la différence que ce dernier bénéficie d'une prime de responsabilité. Chose que les directeurs et les proviseurs n'ont pas accepté, craignant la non reconnaissance de leur autorité par ces mêmes enseignants. «C'est à cause de ces directeurs et proviseurs que les choses ont traîné pour nous», nous dit notre interlocutrice. Et de poursuivre : «Le nouveau texte devait être appliqué le mois de septembre dernier. Nous l'avons attendu mais il n'y a rien eu. Même chose durant les mois d'octobre et de novembre. Le mois de décembre, notre syndicat a décidé d'aller vers une grève. Il l'a annoncée pour le 9, mais l'actuel ministre a appelé nos représentants et les a assurés de la prise en charge nos revendications». Une rencontre Cnapest-ministère a eu donc lieu, en même temps qu'avec d'autres syndicats. Des engagements ont été pris mais rien de concret jusqu'à présent, se plaignent des syndicalistes et des enseignants concernés directement par la question de la classification. Plus grave encore, «nous apprenons que le ministre ne touche pas à notre classification (nous restons à la 16) mais il décide de nous dégrader de deux échelons. Ceux qui sont à l'échelon 12 se retrouvent à l'échelon 10 et ceux qui sont à l'échelon 10 se retrouvent à l'échelon 8. Bien évidemment, nous refusons cela», nous disent les enseignants. C'est pourquoi le Cnapest reprend le chemin de la protestation, en commençant par une seule journée de grève, hier, mais d'autres actions pourraient suivre dans les jours à venir. «Pour le moment, nous n'avons rien décidé. Des AG se tiennent dans les établissements scolaires. Nos posons tous nos problèmes et nous discutons ensemble des moyens de faire aboutir nos revendications», a indiqué hier, en fin de journée, Nouar Larbi, le président du Cnapest-Elargi. Selon ce dernier, le taux de suivi du mouvement de grève, à travers les 48 wilayas du pays, dépasse les 80%. A Tissemsilt, des enseignants d'un CEM ont rejoint le mouvement. A Blida aussi, des enseignants du moyen ont essayé de faire de même mais ils en ont été empêchés par l'administration. «Les enseignants de ces CEM de Blida ont subi une grande pression pour les dissuader de faire la grève», rapporte le représentant du Cnapest. K. M.