Malgré les conclusions des deux documents publiés par le Conseil économique et social (CNES) qui tendent à rassurer sur la bonne situation monétaire et financière du pays, la semaine dernière, il est tout de même légitime de se poser les questionnements suivants : Notre économie est-elle sur la bonne voie ? Qui bloque la relance de l'industrie et l'efficacité de l'agriculture, véritables piliers de toute économie ? A priori, les réponses pourraient être vagues étant donné que ces secteurs subissent encore des chocs extérieurs, des contraintes et des obstacles au niveau interne. Le CNES qui, dans son diagnostic, préfère communiquer avec le langage des chiffres, n'a pas été avare en données chiffrées. L'industrie a connu en l'espace de quelques années une régression flagrante. L'agriculture, elle aussi, n'a pas échappé à la loupe des experts du CNES qui estiment que le secteur comme l'industrie tire vers le bas la croissance économique du pays. L'industrie ou la relance qui tarde à voir le jour Dans son dernier rapport, le CNES, pour illustrer ses évaluations, a assuré que «la plupart des branches industrielles sont en déclin sur la période de 2005-2007». Les industries manufacturières accusent le coup avec un taux de -6,5% en 2007, précise le rapport. Derrière cette situation dramatique, le CNES énumère un certain nombre de facteurs. Il cite, entre autres, l'organisation lourde héritée du système de gestion antérieur comme c'est le cas de la SNVI, de l'EMA, de l'ENTP, un outil obsolète technologiquement, les investissements de réhabilitation interrompus depuis près d'une décennie en prévision de la privatisation des EPE et de la mise sur le marché de la privatisation d'EPE en masse qui s'est traduite par un relâchement des efforts de redressement. Le Cnes fait part également d'une érosion des capacités productives du pays qui ont connu une régression flagrante (18% du PIB en 1982 à 5,5% en 2007). Les experts du CNES signalent au même titre que les EPE ont des difficultés financières persistantes (un découvert bancaire de l'ordre de 44 milliards de dinars). A la lumière de ce constat, il y a lieu de signaler que la période de l'après-pétrole, qui demeure la préoccupation des pouvoirs publics, s'est taillé la part du lion du débat enclenché ces derniers temps. «L'Algérie devrait créer 365 955 PME» Le débat a eu pour objectif principal le retour et le soutien du tissu industriel hérité de l'ère socialiste. Entre le CNES qui pense que l'entreprise doit être au centre de l'activité économique et les pouvoirs publics qui ont décidé récemment de soutenir les entreprises économiques, il est évident qu'une prise de conscience commence à se faire sentir. «Il est impératif que l'Algérie passe d'un plan de relance par la demande, rendu possible grâce à une embellie financière [suite à la hausse des cours pétroliers] à un plan de relance par l'offre à travers la démultiplication des revenus du pays hors hydrocarbures», a souligné le président du CNES à l'issue des travaux consacrés à la présentation des rapports. Peut-on interpréter la vision du CNES comme une carte blanche accordée aux pouvoirs publics afin de redonner le souffle aux entreprises en difficulté ? Certains observateurs estiment que c'est possible. Le second chapitre, soulevé par le rapport relatif à l'industrie, touche les PME. Le CNES, sur ce point, relève que «le nombre de PME en (Algérie) est encore très faible». Ce nombre est de l'ordre de 8 PME pour 1 000 habitants, alors qu'en Europe il varie entre 18 et 77, selon les pays. Le CNES, se basant sur une étude réalisée par le secteur, ajoutera que, pour atteindre ce seuil, l'Algérie devrait créer 365 955 PME en référence à la population de 2006. Pour la répartition de celles existantes par branches d'activité, les services et le BTP occupent les premières places avec, respectivement, 45,95 et 33,88%. L'agriculture ne représente que 8 % du PIB Le deuxième volet qui mérite amplement une attention particulière dans les documents du CNES est l'agriculture. «Ce secteur ne constitue, aux yeux du CNES, que 8 % du PIB, la production agricole reste insuffisante et les rendements à l'hectare excessivement bas.» Les experts de l'institution ont relevé, dans le même sillage, que malgré les efforts colossaux consentis notamment dans le cadre du PNDAR pour dynamiser l'activité agricole, la production agricole reste tributaire des aléas climatiques. L'exemple édifiant à ce titre est celui de la pomme de terre qui a connu une instabilité importante durant la période 2005-2007. Même si le CNES a été évasif concernant la sécurité alimentaire, la situation de l'agriculture, peut-on déduire, est loin d'être acquise. Il suffit peut-être de rappeler, selon les chiffres du CNES, que la production céréalière réalisée en 2007 a atteint 43 millions de qx, alors que la demande annuelle de consommation pour les céréales se situe entre 60 et 70 millions de qx. Après cette évaluation de certains segments de l'économie nationale, le CNES n'a pas voulu s'arrêter là. Cette institution avait annoncé la mise en place de huit (8) comités ad-hoc du 15 au 25 novembre. Le but attendu par cette action est, selon cette institution, d'assurer «le suivi des principaux aspects de la vie économique et sociale de la nation». Il s'agit de comités chargés de suivre la sécurité sanitaire, la sécurité alimentaire, la sécurité énergétique, et le suivi des accords d'association signés entre l'Algérie et l'Union européenne. Ces comités seront chargés également de l'évaluation du Pacte national économique et social, de la jeunesse et de la démographie, et du processus d'adhésion de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) ainsi que du suivi de la crise financière mondiale et les soubresauts de la mondialisation. S. B.