Les élèves de la réforme du système éducatif ont fini par se reconnaître dans un certain modèle d'enseignement. Bien entendu, c'est le système qui les a formés. Et cette tendance commence à devenir une nouvelle conception de l'école. Son produit est d'ores et déjà là. Comme durant l'exercice écoulé, les élèves des classes terminales se sont mis à exercer présentement la pression sur la tutelle à coup de grèves et de rassemblements. Les temps ont changé : la motivation de ce mouvement n'était pas de déplorer de mauvaises conditions d'enseignement. Ni de dénoncer un très probable retard dans le suivi des programmes. Les élèves candidats à l'examen du baccalauréat réclament auprès de la tutelle une limitation des cours à réviser. Le mouvement a été mené à un semestre de l'échéance. C'est-à-dire, les candidats veulent faire l'économie de l'effort. On aura ainsi compris que faute de transmettre le savoir, c'est la légèreté et le bricolage qui ont été inculqués. Mais plus que la course des élèves derrière des diplômes qu'ils n'auraient pas mérités, la pratique révèle aussi l'idée que se font ces mêmes-élèves de leur tutelle. Il est ainsi loisible de constater que les élèves se sont initiés à de telles «exigences» après avoir compris le tâtonnement du ministère de l'Education, ainsi que sa navigation à vue. Les conséquences de ce mode de gestion sont plus que terrifiantes. Aujourd'hui, le rapport entre l'école et l'écolier a dangereusement changé. Il serait illusoire d'attendre des résultats positifs quand les acteurs majeurs d'un lieu de savoir comme l'école ont la tête ailleurs. L'état des lieux de notre école interdit pourtant toute approximation et tous les palliatifs qui ne font qu'aggraver le mal. Un mal qui se traduit, d'une part, par la hausse du taux de déperdition scolaire et, d'autre part, par la massification de diplômés sans de réelles chances de débouché social, ni de pouvoir d'influence sur la société. C'est dans cet état d'esprit que l'Algérie a pris goût à préparer les différentes sessions d'examens. Plus inquiétante aussi est cette légèreté des responsables du secteur à se satisfaire du nombre de nouvelles infrastructures réceptionnées. Or, cela se fait au moment où le rendement du système éducatif, dans sa globalité, ne cesse de tirer vers le bas. Mais face à un tel désastre, la tutelle mise sur la carte du taux de succès aux examens. Or, ces chiffres sont en déphasage avec la réalité. A l'évidence et au rythme où vont les choses, il devient inutile d'attendre des explications officielles sur la situation de l'école. Les élèves semblent manifestement prendre de court leur tutelle. Pas pour réclamer une école de qualité dans laquelle ils n'avaient pas la chance d'être formés un jour. Mais pour dire à haute voix le mal qui ronge notre école. Au final, il n'y a pas un indice fiable sur les résultats de la «réforme» de l'école que l'élève qu'elle aura produit. A. Y.