Photo : Riad Par Samira Imadalou En marge du débat sur le financement des projets énergétiques lors de la deuxième journée de la sixième conférence stratégique internationale, M. Abdelatif Benachenhou s'est exprimé sur la crise financière internationale et ses répercussions sur l'Algérie. Il a principalement relevé l'importance du rôle de régulation des recettes dans une telle situation. «Nous avons la chance d'avoir ce fonds», a-t-il clairement avancé. Pour l'ancien ministre des Finances, actuellement conseiller à la présidence de la République, ce fonds, où sont cumulés les restes des ressources financières du pays, représente un outil efficace pour la gestion des répercussions de la crise financière sur l'Algérie. Une crise qu'il a qualifiée de «crise de débouchés». «Le pétrole se vend moins bien. Il est fort probable, pour des raisons liées au contexte international, que le pétrole se vende moins bien dans les deux ou trois années qui viennent», a noté M. Benachenhou avant d'inviter l'Exécutif à évaluer les programmes d'investissements actuels. «Je ne préconise pas de revoir les budgets d'équipements», a-t-il tenu à préciser. Et d'ajouter : «Il faut savoir, et c'est extrêmement important, que le gouvernement a à sa disposition les ressources cumulés dans le fonds de régulation des recettes qu'il a mis en place en 2001 au moment où personne n'y pensait. Nous avons la chance d'avoir aujourd'hui ce fonds qui permet de regarder la situation de financement des équipements publics avec plus de sérénité.» «Il n'y a pas à l'heure actuelle une attitude catastrophique. Cependant, l'adoption d'une attitude évaluatrice s'impose», a-t-il recommandé, rappelant les orientations du Fonds monétaire international (FMI), dont les experts ont, faut-il le rappeler, à l'issue de leur mission en Algérie début novembre, préconisé la révision des dépenses publiques : «Le FMI n'est pas le seul à appeler à regarder de nouveau les dépenses budgétaires. Nous l'avons fait depuis longtemps.» «Il faut regarder les espaces budgétaires à l'avenir, c'est-à-dire les trois, quatre, cinq et six années à venir», a-t-il conseillé. Il considère que le problème actuel réside dans la «durabilité de l'action publique». «Il faut regarder loin. Je suis très heureux que le gouvernement dispose actuellement de ressources du fonds de régulation et des ressources en devises, dont une bonne partie n'est que l'expression en devises du fonds de régulation des recettes», a encore noté M. Benachenhou. Mais, selon lui, cet avantage ne doit pas laisser le gouvernement inactif dans le contexte économique mondial actuel. Cela ne nous empêche pas de regarder de façon très calme un certain nombre de grands programmes pour voir ceux qui doivent être réalisés dans l'immédiat et ceux qui doivent être reportés à plus tard. En d'autres termes, M. Benachenhou préconise de tracer les priorités en faisant attention à l'allocation de la ressource publique et au problème de la répartition des revenus. «La ressource publique ne doit pas aggraver l'inégalité dans la répartition des revenus. Elle a pour vocation de diminuer l'inégalité dans la distribution des revenus», a-t-il expliqué. Interrogé sur la différence entre la crise de 1987 et celle d'aujourd'hui, il précisera qu'elle est de taille. Car, en 1987, la dette extérieure était très importante (de 1985 à 1987 entre 17 et 25 milliards de dollars) et le dollar était très faible. Il y avait un déficit budgétaire avec l'inexistence d'un fonds de régulation. «Les conditions sont différentes. Ce qui doit nous inciter à rechercher des solutions durables et non conjoncturelles», a-t-il expliqué avant de conclure : «Nous avons besoin de réfléchir pour les cinq, dix années à venir.»