De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi D'emblée, faut-il lever le voile sur la santé scolaire en mettant en relief le rôle précis de la structure qui veille sur ce volet ? Il ne s'agit pas vraiment d'une «urgence médicale» dispensée aux élèves en cas d'accident survenu à l'intérieur d'un quelconque établissement, encore moins d'un traitement in continuo adapté aux potaches présentant des pathologies chroniques. Les unités de dépistage et de suivi (UDS) réparties sur l'ensemble de la wilaya ne dérogent pas à leur règle, beaucoup plus préventive. La wilaya de Constantine compte 45 UDS dont 25 au chef-lieu. Le reste étant réparti sur deux communes, Zighoud Youcef et El Khroub, avec chacune un point de consultation, situés respectivement à Didouche Mourad et à Ali Mendjeli. Selon une circulaire ministérielle, le nombre d'élèves affiliés à chaque UDS est de 4 000, alors que, dans certaines unités, l'on dépasse rarement les 1 200, en raison de la circonscription qui «englobe parfois seulement deux ou trois établissements». A Sidi M'cid, par exemple, nous dit-on, une seule unité veille sur deux établissements. Cela n'étant pas «une tare technique qui influe sur le rendement de l'UDS, mais c'est un hasard géographique», explique le médecin chef, Mme Rouili, qui dirige le Semep (service d'épidémiologie et de médecine préventive), lequel régule les 25 UDS de la commune de Constantine. Notre interlocutrice révèlera que «durant l'exercice écoulé, 96,10% d'élèves ont été examinés». S'agissant de la vaccination, elle a touché 91,10% d'entre eux. La prise en charge aura touché, quant à elle, 33,55% d'élèves présentant différentes anomalies. La rhinite vient en premier lieu, avant les difficultés scolaires et les troubles de la vision. Toutefois, les élèves atteints de ces affections sont dirigés, pour la plupart, chez des médecins privés, faute d'une prise en charge et d'un suivi adéquat à la polyclinique scolaire de Daksi, laquelle, par le passé, était conventionnée avec le CHU. Actuellement, la structure ne dispense que des soins dentaires. Si les soins en pédiatrie, en ORL et en chirurgie sont assurés dans d'autres polycliniques, il n'en demeure pas moins que la santé scolaire accuse un déficit dans des spécialités comme l'ophtalmologie, la cardiologie, la dermatologie et parfois la chirurgie dentaire. Pour pouvoir en bénéficier, le recours au secteur privé reste le moyen le plus sûr pour ceux qui possèdent les moyens financiers de le faire. C'est dire que la prise en charge réelle des élèves est loin d'être assurée. «Cela fait plus d'une année que je suis à la recherche d'une prothèse dentaire pour ma fille. Après avoir été auscultée par le médecin de l'UDS, elle a été orientée par celui-ci, avec une lettre de recommandation, vers un centre spécialisé. Une fois au service de stomatologie dentaire, sis au chemin des Dames, point de prothèse. Pis, aucune date ne nous a été communiquée quant à la disponibilité de cet appareil dentaire. Mieux, le médecin chargé des élèves scolarisés n'a même pas daigné explorer la dentition de l'enfant pour un éventuel diagnostic d'urgence ou de stand-by», révèle un parent. Pourtant, on ne cesse de clamer que la santé scolaire doit passer en priorité dans toutes les structures sanitaires, du moins celles «conventionnées avec les UDS». Sans conteste et ce, de l'avis même des médecins activant dans les différentes unités de dépistage, «la prise en charge et le suivi sanitaire de l'élève sont loin de répondre à la réalité du terrain». Cela n'est pas du ressort de ces unités sanitaires, dont l'action se limite seulement «à des orientations», car même des prescriptions médicamenteuses leur échappent. «Les unités regorgent de coton et d'alcool chirurgical, il est grand temps que l'on apporte des modifications à la nomenclature», précise le médecin coordinateur auprès du Semep, Mme Bouznada en l'occurrence. «Il existe des UDS qui disposent de deux frigos… autant d'équipements qui s'accumulent pour rien. Il faut revoir les commandes régies par les directions de l'éducation et de la santé», suggère-t-elle. Les UDS à pied d'œuvre depuis le 1er septembre 2008 Pour l'année scolaire en cours, tous les élèves des classes d'examen (terminales, 5e année et BEM) sont passés en consultation. Les UDS ont entamé ces derniers jours la vaccination des «première année primaire». Les prévisions en vaccin sont élaborées bien avant le début de la rentrée pour pallier un éventuel manque. Les unités de dépistage opèrent quotidiennement dans quelques cités regroupant autant d'établissements et donc beaucoup d'élèves. A titre d'exemple, celle du lycée El Houria, qui assure le suivi de plus de 6 200 élèves, à savoir l'ensemble de 14 établissements, œuvre sans relâche. «Au moins deux classes de 48 élèves passent quotidiennement en consultation chez les trois médecins de cette unité. Celle-ci doit remettre des rapports mensuels, trimestriels et annuels sur les bilans de ses activités», soulignent les médecins de cette unité, qui ajoutent : «Ce point de dépistage est non seulement opérationnel en période d'examens du bac et du BEM mais également durant celle des corrections des différents examens de fin d'année. Parmi ses autres prérogatives, on signale le contrôle d'hygiène et de salubrité au sein des établissements scolaires». Abondant dans le même sens que le Semep, en matière de prise en charge des élèves, les médecins déclarent à l'unanimité que «l'UDS n'est pas un centre de soins ou d'urgence. C'est, comme sa dénomination l'indique, une unité de dépistage et de suivi. Seuls des petits soins locaux peuvent être dispensés aux élèves. Il nous est interdit de procéder à des injections». Ainsi, la notion de prise en charge d'un élève, dans n'importe quel établissement, dans le cas d'un «bobo», dont la prise en charge se situe au-delà de la boîte à pharmacie, ne fera l'objet d'aucune intervention, si ce n'est de procéder à son transfert à l'hôpital. Les 55 médecins activant dans les 45 structures existantes ne procèdent qu'au seul dépistage. C'est la réglementation sanitaire à l'échelle nationale qui règne en maîtresse absolue. «C'est cela la définition et l'action d'une UDS.» Sans commentaire, réitèrent nos interlocutrices. Il est à savoir enfin qu'un bilan annuel de la santé scolaire relatif à l'exercice 2007-2008 fait ressortir une couverture de 94,99% des classes cibles et 13,28% de classes intercalaires, soit un total de 93,90%. Pour ce qui est du dépistage buccodentaire, la couverture a touché les classes cibles avec un taux de 93,86%. Cependant, les enfants scolarisés orientés vers des consultations spécialisées ont atteint 4,93%. En définitive, autant de blouses blanches pour dépister et, éventuellement, pour garantir un suivi et une orientation. Mais lorsque la prise en charge affiche des insuffisances, les efforts consentis par les UDS s'apparenteraient à un coup d'épée dans l'eau. Le SEMEP, une unité sanitaire peu… salubre !!! C'est dans cette structure que les hadji viennent se faire vacciner. En effet, outre la prise en charge logistique des UDS, le Semep assure d'autres fonctions préventives. Toutefois, à la grande stupéfaction, l'ensemble des médecins qui y pratiquent partagent un même bureau, pourtant, ce n'est pas l'espace qui manque dans cette antenne de Sidi Rached. La grande salle devant accueillir le personnel est tout simplement «insalubre», en raison d'un écoulement permanent d'eaux usées dans une canalisation. Des odeurs nauséabondes infestent les lieux. «On a saisi, moult fois, les responsables locaux, notamment l'OPGI, pour prendre en charge ce problème, en vain», nous révélera une source concordante. Par ailleurs, on apprend que le Semep va être scindé, d'ici peu, en deux parties, dans un établissement de proximité de la santé publique (EPSP), l'une regroupera 13 unités à Larbi ben M'Hidi et l'autre 13 à Mentouri. Une décision qui ne semble pas faire l'unanimité au sein de la direction, mais obligée de se plier à cette nouvelle «directive», du fait de la problématique sur les prévisions du vaccin qui en découlerait.