La Russie est en passe de devenir le plus grand investisseur étranger au Venezuela, dépassant ainsi la Chine qui avait de grandes ambitions dans ce pays. Le groupe russe Rosneft a signé des documents sur sa participation aux projets gaziers off-shore du Venezuela, a confirmé le P-dg de la société Igor Setchine, cité par l'agence russe Rianovosti. II s'agit pour l'instant de l'étude de faisabilité concernant des gisements dans différentes zones du fond marin. Les documents sur le développement des gisements dans le fond marin n'ont pas encore été signés. Rosneft a déjà évoqué son intention d'investir dix milliards de dollars dans des projets déjà en cours de réalisation dans le pays. Les compagnies russes vont investir prochainement plus de dix-sept milliards de dollars dans le secteur pétrolier vénézuélien. La Russie deviendra ainsi le plus gros investisseur étranger dans le pays, dépassant les compagnies chinoises. Au cours de ces dernières années, la Chine, tout comme la Russie, essaie de renforcer ses positions dans le pays. Cependant, Pékin n'a créé qu'une seule grande coentreprise sino-vénézuélienne qui s'appelle Petrosinovensa. La RPC a déboursé en tout quatre milliards de dollars l'année dernière pour augmenter les capacités de production de cette dernière. La société russe Rosneft a accepté d'investir dix milliards de dollars dans divers projets au Venezuela. Par ailleurs, la société pourrait bientôt extraire du gaz en République bolivarienne : un contrat sur l'étude des gisements gaziers vient d'être signé entre les deux pays. Ces accords sont une étape importante pour l'image internationale de Rosneft, estime Anatoli Dmitrievski, directeur de l'Institut des problèmes du pétrole et du gaz à l'Académie russe des sciences, repris par Rianovosti. «Se lancer dans l'extraction du pétrole et du gaz sur le fond marin du Venezuela est très courageux. Ce projet permettra à la Russie de s'implanter sur le continent sud-américain, qui a du retard sur le plan des technologies dans les secteurs gazier et pétrolier. L'extraction des hydrocarbures au Venezuela par Rosneft permettra à la société de fournir du pétrole et du gaz au Venezuela, ainsi que de développer son réseau de filiales dans le monde.» Cela fait une vingtaine d'années que le Venezuela s'emploie sans succès à mettre en valeur le gisement qui intéresse aujourd'hui Rosneft. Caracas a annoncé des appels d'offres pour ce projet à plusieurs reprises, proposant aux investisseurs 40% de la production en échange. Cependant, les autorités n'ont pas trouvé de candidat qui leur convienne. Elles ont éliminé de l'appel d'offres le Français Total, le Norvégien Statoil et l'Anglo-néerlandais Shell. Le groupe Rosneft est déterminé à mener ce projet à terme et à mettre en valeur un gisement contenant des réserves de gaz estimées à 150 milliards de mètres cubes. La société a un an pour étudier tous les documents et les modalités du contrat. Toutefois, les experts craignent que le «rêve gazier» du Venezuela ne se heurte à des problèmes d'ordre politique. En raison de la maladie du dirigeant du pays, Hugo Chavez, la question du changement de régime est de plus en plus actuelle. Si Hugo Chavez soutient les projets russes, rien ne dit que son successeur donnera son feu vert à leur poursuite. Toutefois, changement ou pas, les 17 milliards de dollars investis par la Russie dans l'économie du pays ne vont pas disparaître du jour au lendemain, rassure le président de l'Union des producteurs du pétrole de Russie, Guennadi Schmal. «L'avenir de ces projets ne dépend pas d'une seule personne. Le droit international existe, tout comme les relations commerciales. Nous avons aussi des activités en dehors du Venezuela et généralement, lorsque des questions de ce type surviennent, elles trouvent leur réponse dans des contrats, et le problème est ainsi réglé. Je suppose qu'il peut y avoir un seul risque -d'ordre géologique. Le Venezuela occupe la première ou la deuxième place en termes de réserves gazières, aux côtés du Canada. Ce qui signifie que les réserves d'hydrocarbures sont très importantes. Cela laisse espérer que ces investissements finiront par être rentables pour la Russie.» Malgré un certain vide politique dans la République, d'autres grands acteurs du marché pétrolier russe s'adressent à Caracas pour trouver des projets pétroliers intéressants. Outre les compagnies traditionnelles, comme Lukoil et Surgutneftegaz, des compagnies nouvelles, comme Zarubejneft, se disent également prêtes à lancer des projets en Amérique latine. Selon Igor Setchine, Zarubejneft pourrait participer à des projets conjoints visant à augmenter la production pétrolière des gisements existants. Pour le P-dg de Rosneft, le Venezuela sera la priorité numéro un parmi tous les projets étrangers de la société. R. E.
Le GNL est toujours sous monopole La Russie doit libéraliser ses exportations de gaz naturel liquéfié (GNL), a déclaré, il y a quelques jours, le président russe Vladimir Poutine, lors d'une réunion de la commission pour le développement du secteur énergétique et la sécurité écologique. «Il s'agit d'envisager une libéralisation progressive des exportations de GNL», a indiqué le chef de l'Etat russe dans sa résidence de Novo-Ogariovo, dans la région de Moscou. Les autorités russes doivent en outre s'occuper des entreprises de liquéfaction de gaz. Si la Russie ne mène pas de politique active dans ce domaine, elle risque de perdre ce marché, selon lui. «Il faut comprendre que la création d'usine de production de GNL prend de 5 à 7 voire 10 ans», a précisé Poutine. Le géant gazier russe Gazprom détient actuellement le monopole des exportations de gaz russe, les autres sociétés gazières devant passer des contrats avec ses filiales pour exporter leurs produits. Novatec, le plus grand producteur de gaz indépendant russe, a demandé aux autorités russes d'étudier la possibilité de lever le monopole public sur les exportations de gaz liquéfié.
Le gaz russe au prix varié Pour les Macédoniens et les Polonais, le prix du gaz vendu par Gazprom est le plus élevé, révèle le quotidien russe Izvestia. C'est un véritable scoop, car les prix pratiqués par le géant russe sont confidentiels. La Macédoine et la Bosnie-Herzégovine dépendent à 100 % du gaz russe, la Bulgarie à 90 % et la Pologne à 60 %. Pour le journal moscovite, l'éloignement géographique de ces pays expliquerait, en partie, un prix élevé. Mais cela ne s'applique pas à la Grande-Bretagne, en tête des pays qui importent le gaz russe peu cher, et, selon les explications du journal, cela viendrait du fait que Gazprom doit affronter un marché très compétitif dans ce pays. La Pologne, le plus grand importateur de gaz russe en Europe, n'est-elle pas branchée au même gazoduc que la Biélorussie, qui, elle, paye trois fois moins ? «Le gazoduc Nord Stream sous la Baltique a coûté les yeux de la tête, or les Allemands payent peu. Il faut donc trouver de l'argent ailleurs...» R. E.