La réforme du secteur de l'enseignement supérieur ne sera pas facile. Elle s'annonce même laborieuse à en croire les participants au colloque international sur l'assurance-qualité dans l'enseignement supérieur «entre exigences et réalité» qui s'est tenu hier à Alger. Selon les animateurs de cette rencontre, l'ampleur de la tâche qui attend les responsables en charge du secteur de l'enseignement supérieur, dont l'un des volets prioritaires est la mise en place de «meilleures conditions d'organisation et de fonctionnement de la formation doctorale», nécessite un plein investissement dans la formation post-graduée. Ainsi, selon les estimations des intervenants à ce colloque, le défi de l'Algérie à l'horizon 2013 est de réussir la formation de 57 000 enseignants de rang magistral, dont 15 000 professeurs et maîtres de conférences, nécessaires à l'encadrement de 1 200 000 étudiants. Ce qui représente un taux d'encadrement d'un enseignant de rang magistral pour 80 étudiants. Rappelons que les besoins en 2010 d'enseignants de rang magistral sont estimés à environ 26 000 nouveaux enseignants qui devront s'ajouter aux 25 000 effectifs recensés en 2004-2005, abstraction faite des enseignants qui d'ici à cette date seraient admis à la retraite. Pour atteindre ces objectifs, la tutelle ministérielle compte et doit s'investir pleinement dans la formation post-graduée et envisage de cumuler un effectif de 23 500 diplômés, en vue de renforcer le corps enseignant. Il restera alors un besoin de l'ordre de 12 000 enseignants qu'il s'agira de couvrir par «d'autres moyens complémentaires», est-il suggéré par des intervenants. D'autres conférenciers ont plaidé pour la contribution des enseignants et chercheurs algériens établis à l'étranger, en introduisant en leur faveur des mesures incitatives et en allégeant les procédures et mécanismes de participation. La promotion et le développement des méthodes modernes d'enseignement, notamment la généralisation de l'utilisation des nouvelles technologies de l'information et de la communication appliquées à l'enseignement, ont été vivement recommandées par des participants qui ont également insisté sur le renforcement de la participation des cadres des secteurs non académiques, sous forme d'enseignants associés aux tâches d'enseignement, plus particulièrement en ce qui concerne l'encadrement de travaux dirigés ou pratiques, des séminaires et stages en milieu professionnel. Sur le plan de la coopération internationale, le ministère de l'Enseignement supérieur s'attelle à mettre en place progressivement un programme, avec pour objectif «la promotion de la qualité de la formation et de la recherche». Ce programme vise la création d'écoles doctorales mixtes qui permettraient de «renforcer le niveau qualitatif et le degré d'efficacité de la formation post-graduée», ainsi que des universités mixtes intégrées de formation et de recherche. Le ministère compte également mettre à profit les opportunités de coopération que lui offre le programme «Tempus IV» et «Erasmus Mundus» avec l'Union européenne pour la dynamisation des stages de perfectionnement et de finalisation des thèses dans les universités étrangères considérées comme des partenaires à part entière. Abordant le nouveau système LMD (licence-master-doctorat), introduit dans le cadre de la réforme, les participants ont soutenu que ce dernier a apporté une certaine dynamique qui a permis de «répondre aux exigences internationales en matière de qualifications, de compétences et de savoir-faire». Les diplômés de l'université algérienne «devront pouvoir satisfaire aux mêmes critères de certification que ceux exigés dans les universités les plus avancées du monde», ont-ils soutenu. Enfin, et pour mieux cerner les contours de cette réforme, le ministère en charge du secteur se propose d'initier, dès le mois d'octobre prochain, une réflexion globale sur la portée stratégique des ressources humaines dans la formation supérieure et la recherche scientifique. H. Y.