Avec un PIB dont la hausse ne devrait pas dépasser 0,1% en 2013, la croissance de la France est en panne. Son déficit budgétaire sera donc largement supérieur au seuil autorisé de 3%, à 3,7%. En 2014, la croissance aura beau connaître une très légère embellie, estimée à 1,2%, elle n'en sera pas moins insuffisante pour empêcher le creusement du déficit qui affichera 3,9%. Des prévisions «à scénario économique constant, sans inclure les réformes» annoncées, reconnaît Olli Rehn. Les experts de la Commission sont plus pessimistes qu'en automne dernier, lorsqu'ils prévoyaient 0,4% de croissance en 2013. «Mais d'une part nous constatons une contraction de l'investissement plus forte que prévu, et, d'autre part, les mesures de consolidation fiscale et la détérioration du marché du travail continuent à peser sur la demande intérieure», explique Olivier Bailly, porte-parole en charge de l'économie. Présentant un tableau bien sombre de la situation générale dans la zone euro, avec, notamment, la poursuite de la récession (- 0,6% en 2012, - 0,3% en 2013), le commissaire libéral finlandais a beaucoup insisté sur la France, qualifiée de «cas limite» (borderline). Car elle est «au coeur de la zone euro», rappelle-t-il. De son action dépend en partie la reprise dans les pays partageant la monnaie unique. Et c'est là que la Commission attend la France. Collant à un texte en français, minutieusement préparé, Olli Rehn a donc prévenu : «Etant donné les risques liés à une dette publique qui a déjà grimpé au-dessus de 90% et le défi de compétitivité très important auquel fait face l'économie française, il faut que la France poursuive ses efforts budgétaires et ses réformes structurelles pour la croissance et l'emploi, en particulier pour assurer la viabilité à long terme du système de retraites, ainsi que dans d'autres domaines.» Et d'ajouter : «Le programme de stabilité et de réformes que Paris doit nous présenter devrait inclure un examen complet et profond des dépenses publiques de la France.» Mais il n'y a pas que des critiques dans les propos de Olli Rehn. Le Pacte de stabilité prévoit en effet que les Etats doivent réduire leur déficit structurel (qui ne tient pas compte de l'impact de la conjoncture) d'un point par an. «C'est le cas de la France, depuis 2009», salue-t-il. Voilà pourquoi, et sous réserve que la France réponde à ses demandes en matière de réformes, la Commission renonce pour le moment à imposer une amende à la France pour non-respect du critère des 3%. Mais c'est clair : elle est placée sous surveillance accrue. Elle doit tout mettre en oeuvre pour que les prévisions de la Commission soient rapidement caduques : le déficit doit passer «nettement» sous la barre des 3% l'an prochain, intime Olli Rehn. Le commissaire n'a pas chiffré l'effort, mais de bonne source on indique qu'il avait envisagé de le fixer à 2,7%. Vendredi, la France a gagné un répit. Mais au prix d'efforts douloureux pour les Français en 2014. In Le Point.fr (par Alain Franco)