Tempérant son optimisme du mois de septembre, l'exécutif communautaire reconnaît, par ailleurs, que si la reprise s'affermit, elle reste inégale et assortie d'une grande incertitude. «La reprise est en voie de s'autoalimenter sur l'horizon de prévisions», a souligné le commissaire aux Affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, lors d'une conférence de presse. Mais, a-t-il dit, la situation sur les marchés est «préoccupante» et «des tensions supplémentaires sont possibles». Associées au fait que les chiffres publiés, lundi, ne tiennent pas compte des dernières coupes budgétaires irlandaises et portugaises, ces tensions pourraient contraindre à revoir les chiffres à la baisse au cours des prochains mois. Parmi les autres éléments susceptibles de peser, Bruxelles insiste sur le ralentissement attendu de l'activité mondiale, qui affectera les exportations et la croissance allemande, le moteur de la zone euro. En interne, la situation de l'emploi reste compliquée, en particulier dans les pays les plus touchés par la crise. Elle devrait peser sur la consommation des ménages. Le taux de chômage devrait ainsi demeurer autour de 20 % en Espagne jusqu'en 2012, autour de 15 % en Grèce, de 13 % en Irlande et de 11 % au Portugal. En France, la situation s'améliorera lentement là aussi, avec une prévision à 9,6 % en 2010, 9,5 % en 2011 et 9,2 % en 2012, globalement dans la moyenne de la zone euro et de l'UE. Fossé entre le centre et la périphérie L'exécutif communautaire a maintenu à respectivement 1,7 % et 1,8 % ses prévisions de hausse de l'activité en 2010 dans la zone euro et dans l'ensemble de l'Union. Pour 2011, celles-ci s'établissent à 1,5 % et 1,7 %, la Commission s'attendant à un léger tassement de la croissance. Les anticipations de croissance sont à nouveau relevées en Allemagne cette année (+3,7 % contre +3,4 % en septembre) et sont de 2,2 % pour 2011. Elles sont maintenues en France, à 1,6 % pour 2010 comme pour 2011. En revanche le fossé se creuse avec les pays dits de la périphérie de la zone euro. L'Irlande (-0,2 %), la Grèce (-4,2 %) et l'Espagne (-0,2 %) devraient ainsi enregistrer une récession sur l'ensemble de l'année en cours. En 2011, la Grèce (-3 %) et le Portugal (-1 %) seraient en territoire négatif. Ces pays devront se tenir prêts à mettre en oeuvre de nouvelles mesures structurelles et de réduction de leurs déficits si la croissance venait à être inférieure aux prévisions, a prévenu Olli Rehn. «Cette reprise est inégale et beaucoup d'Etats membres passent par une difficile période d'ajustement (...). Les turbulences sur les marchés de la dette souveraine soulignent le besoin d'une action politique résolue», a-t-il dit à la presse. Finances publiques et emploi dégradés Sur le front des finances publiques, les déficits resteront importants en 2010, avec une moyenne de 6,3 % du PIB dans la zone euro et de 6,8 % dans l'UE. Ils commenceront à refluer en 2011 (4,6 % et 5,1 % respectivement) et surtout en 2012 (3,9 % et 4,2 %). A cette date, 13 des 17 pays de la zone euro (l'Estonie doit entrer dans la zone euro en 2011) seront cependant encore en dehors de la limite de 3 % du PIB fixée par le Pacte de stabilité et de croissance. Dans le cas de la France, la situation devrait s'améliorer très lentement, avec une trajectoire de réduction vue à 7,7 % en 2010, 6,3 % en 2011 et 5,8 % en 2012. Les niveaux de dette continueront de leur côté à croître au cours des prochains exercices pour s'établir à respectivement 87,8 % et 83,3 % du PIB en 2012 dans la zone euro et dans l'UE. Quatre pays seront alors au-delà de la barre des 100 % : la Belgique (102,1 %), l'Irlande (114,3 %), la Grèce (156 %) et l'Italie (119,9 %). Le Portugal, dont la situation est scrutée par les marchés, verra quant à lui sa dette atteindre 92,4 % du PIB, contre 89,8 % en France et 75,2 % en Allemagne. Enfin, en ce qui concerne l'inflation, celle-ci reste sous contrôle, à 1,5 % dans la zone euro et 2 % dans l'UE en 2010. Elle est anticipée à 1,8 % et 2,1 % respectivement en 2011.