La reprise économique s'affermit au sein de la zone euro mais le niveau élevé de la dette publique et du chômage font peser d'importants risques sur ce rebond, estime la Commission européenne. L'exécutif communautaire a revu à la hausse ses prévisions de croissance, anticipant désormais une augmentation de l'activité de 0,9% dans la zone euro en 2010 (au lieu de 0,7% prévu en novembre) et 1,5% en 2011 (prévision inchangée). Pour les 27 pays de l'Union européenne, la Commission prévoit une croissance de 1% en 2010, au lieu de 0,7% et de 1,7% en 2011, au lieu de 1,6%. "L'amélioration des perspectives de croissance économique cette année est une bonne nouvelle pour l'Europe. Nous devons veiller à ce que les risques qui pèsent sur la stabilité financière ne compromettent pas cette évolution", a fait valoir le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, lors de la présentation de ces chiffres. "Une croissance durable exige des efforts d'assainissement budgétaire déterminés et des réformes qui améliorent la productivité et l'emploi", a-t-il ajouté, tout en insistant que le fait que l'état "préoccupant" des finances publiques impliquait à court terme un effort accru d'assainissement. Pour la zone euro, le déficit des comptes publics ressort à 6,6% du PIB en 2010 et 6,1% en 2011, à comparer avec 7,2% et 6,5% pour l'ensemble de l'Union européenne. La dette s'établirait quant à elle à 84,7% et 88,5% pour la zone euro et 79,6% et 83,8% pour l'ensemble des Vingt-Sept. En Grèce, où la situation a obligé les membres de la zone euro à mettre en place un soutien financier sans précédent, le déficit est attendu à 9,3% du PIB en 2010 et 9,9% en 2011, alors que la dette devrait exploser à 124,9% du PIB en 2010 et 133,9% en 2011. En dehors du risque budgétaire, la Commission souligne que la faiblesse de la demande intérieure continue à empêcher une reprise plus franche et que le rebond pourrait être freiné par l'évolution du marché du travail. Dans la zone euro, le taux de chômage devrait continuer à légèrement augmenter pour atteindre 10,3% en 2010 et 10,4% en 2011, contre 9,4% en 2009. Il est cependant largement supérieur à cette moyenne dans plusieurs pays. En Espagne, le pays le plus touché de la zone euro, il restera à près de 20% en 2010 et 2011, mais il sera également de plus de 13% en Irlande et en Slovaquie, autour de 13% en Grèce et de 10% en France et au Portugal. Enfin, en ce qui concerne l'inflation, elle repart légèrement à la hausse mais apparaît sous contrôle. Elle est attendue à 1,5% dans la zone euro en 2010 et 1,7% en, 2011. La Commission européenne précise qu'une incertitude élevée continue à entourer ces prévisions, compte tenu notamment de la situation sur les marchés financiers. Parmi les inconnues qui pèsent aussi sur ces prévisions, figurent aussi l'efficacité des politiques de l'emploi mises en places en 2009, les effets du plan d'aide à la Grèce sur la confiance des investisseurs et des consommateurs ainsi que la reprise dans les pays émergents, souligne l'exécutif communautaire. Aussi, la Commission européenne a assuré hier que le plan d'aide accordé à la Grèce permettra d'endiguer la crise dans les autres pays de l'UE car le cas grec est "unique". Mais contenir la crise grecque est crucial pour les économies de tous les pays membres. "Afin de conforter la reprise économique, qui est encore modeste et fragile, il est absolument essentiel de maîtriser le feu de brousailles en Grèce pour qu'il ne se transforme en incendie de forêt et ne menace pas la stabilité financière pour l'UE et l'économie en général", a ajouté M. Rehn. R.I.