Photo : Sahel Par Amar rafa Le MSP tiendra son cinquième congrès ordinaire du 1er au 3 mai prochain, sous le slogan «Un mouvement se renouvelle, un pays se relève». À ces joutes de la première autorité du parti, l'actuel président, Bouguerra Soltani, reconnaît avoir «zéro chance» d'être reconduit dans ses fonctions, en faisant état d'une «volonté des militants d'apporter de grands changements dans la ligne politique du parti». Lors d'une conférence de presse hier, au siège du parti, Bouguerra Soltani a commenté son propre bilan à la tête du parti, affirmant que «beaucoup d'erreurs tactiques ont été commises», ajoutant, «je n'ai aucun inconvénient à reconnaître devant le congrès que j'ai commis des erreurs». Il a indiqué, en revanche, qu'il est encore tôt pour parler de sa probable candidature à la présidentielle de 2014. Il a estimé que cette éventualité dépend de deux conditions. D'abord, la révision de la Constitution sans laquelle «le président serait connu d'avance», a indiqué Soltani, en pointant vers le portrait, derrière lui, de Bouteflika. Il rappellera à l'occasion que son parti revendique un régime parlementaire. Ensuite, de la nouvelle direction qui se dégagera du prochain congrès. En tout état de cause, les attentes du MSP à l'égard de la prochaine révision se résument, d'après Soltani, dans la limitation des mandats, la séparation des pouvoirs et le lien entre la responsabilité et le devoir de rendre des comptes. Le président sortant du MSP, a en outre, dressé un bilan positif de la participation du parti à l'alliance présidentielle, aux côtés du RND et du FLN. «Notre présence au sein de cette Alliance, nous a été imposée par les conditions de l'époque, lorsque le pays était menacé de disparition, et nous sommes fiers d'avoir sauvé l'unité du pays, sa langue et sa religion», dira Soltani. Quant à son retrait de ce triumvirat, le président du MSP a, en rappelant son initiative d'ériger l'Alliance en partenariat politique, indiqué que cette proposition avait «reçu une réponse plus ou moins compréhensive du RND, mais elle a été catégoriquement refusée par le FLN». Il a estimé que «le bilan de 2004 à aujourd'hui est plutôt positif». «Le MSP mérite d'être décoré de la plus haute distinction», dira encore Soltani, en précisant qu'il n'y a que le contexte qui a changé et que si «Nahnah était encore vivant il aurait pris la même décision de retrait de cette Alliance». Soltani, a affirmé n'éprouver «aucun regret» à avoir soutenu le processus de concorde civile, puis celui de la réconciliation nationale, mais «on a remarqué qu'il lui manquait une réconciliation politique, d'où notre proposition de décréter l'amnistie générale». Interrogé au sujet de la corruption, Bouguerra Soltani évoquera d'abord ses précédentes déclarations, faites en 2006, lorsqu'il avait révélé l'existence de grosses affaires de corruption, en affirmant toutefois qu'il n'avait reçu aucune aide quelconque de la part des responsables, des médias ou des partis. Il indiquera, en schématisant, que «j'ai été piqué par les guêpes, et que, depuis, je me contente de montrer le guêpier de loin». En plus clair, il a précisé que «le rôle des politiques est d'alerter sur la survenance de telles pratiques», en ajoutant, «nous n'avons jamais tus l'existence d'un tel phénomène». Mais aujourd'hui, a-t-il précisé, «la corruption n'a pas besoin de preuve pour la démontrer, elle marche dans la rue en costume et cravate», a-t-il indiqué avec une pointe d'humour. Aussi, il a estimé que les affaires dont il avait fait état en ce temps là, «sont devenues caduques», car «la corruption est devenue un phénomène transnational», et que «si auparavant, l'on touchait des millièmes, maintenant c'est par millions, voire par milliards qu'elle se chiffre». Il a souligné, par contre, la nécessité de «garantir la protection des témoins, et d'assurer des procès équitables aux accusés». A vrai dire, rappelle-t-il, le parti en fait l'«outil de lutte politique», mais qu'il se contente de camper son «rôle de politique». Le premier responsable du MSP dira, en réponse à une question y afférente, ignorer si la cascade de révélations sur la corruption révélait une lutte au sommet du pouvoir. «Je ne suis pas dans le secret des dieux, ni à Paris», a-t-il lancé dans ce sens, avant de déclarer que son parti «n'a pas mené d'études à même de démontrer le fond» de la question. Sur le plan organique, Bouguerra Soltani s'est d'abord inscrit en faux contre les rumeurs faisant état de saignées des militants et cadres du MSP et affirmé que le parti est stable, mais a toutefois admis l'existence de contacts officieux avec les transfuges, qui dirigent actuellement de nouvelles formations, en l'occurrence Abdelmadjid Menasra (Ettaghyir) , Ghoul (TAJ) et Belmahdi. Il s'est dit également ouvert à toutes sortes d'initiatives visant à reprendre langue avec ces derniers. D'autre part, il dira : «Si j'étais ministre de l'Intérieur, je convaincrais moi-même les salafistes de créer leurs partis», en laissant entendre, qu'il a tout intérêt à les voir «sortir de la clandestinité».