Deux semaines après avoir été chargé de former un gouvernement, Ali Larayedh, a réussi à présenter son nouveau cabinet au président Moncef el Marzouki hier. Un gouvernement composé essentiellement de représentants de l'alliance sortante à savoir le Congrès pour la république (CPR) et Ettakatol et des indépendants. «J'ai présenté au président (Moncef Marzouki) le dossier comprenant la composition du nouveau gouvernement et un résumé du programme du gouvernement», a déclaré à la télévision tunisienne le ministre de l'Intérieur sortant, nommé Premier ministre le 22 février dernier après la démission de Hamadi Jebali de son poste. Une démission provoquée par son incapacité à convaincre son parti d'accepter un gouvernement apolitique. La Troïka n'aura, en fait, aucun mal à trouver la majorité de 109 députés nécessaire à la formation du gouvernement. Jeudi soir Ali Larayedh avait annoncé qu'il était parvenu à un accord sur la composition du futur gouvernement tunisien auquel il ne manquait qu'une touche finale le vendredi avant d'être annoncée. «Après des négociations marathon, nous avons abouti à un accord sur un gouvernement (...). On va apporter la touche finale demain [vendredi] matin pour présenter un dossier complet au président» Moncef Marzouki, a-t-il déclaré. Le nouvel exécutif sera-t-il en mesure d'avoir le quitus de la classe politique tunisienne ? Pas si sûr. Ayant échoué à élargir la coalition à de nouveaux partis, Ali Larayedh, lui-même issu du parti majoritaire à savoir Ennahda, s'est contenté de membres de son parti, et de ses anciens alliés en plus de quelques personnalités indépendantes. Le nouveau gouvernement comporte, toutefois, des indépendants à des postes clés. Ennahda avait accepté fin février de céder les ministères régaliens (intérieur, justice, affaires étrangères, Défense) à des personnalités apolitiques. Ces derniers reviennent respectivement à MM. Lotfi Ben Jeddou, Nadhir Ben Ammou, Othmane Jarmdi et Rachid Sabbegh. Sur son compte Twitter, Ennahda a souligné que ses membres ne représentaient plus que 28% du nouveau cabinet (40% dans le précédent), alors que les indépendants comptaient désormais 48% des portefeuilles. M. Larayedh a en outre assuré que son cabinet allait travailler «au maximum jusqu'à la fin de l'année 2013», laissant entendre que la Constitution aurait été adoptée d'ici-là et que des élections législatives et présidentielles pourraient se tenir avant le 3e anniversaire de la révolution en janvier 2014. Il a refusé de s'avancer sur le calendrier électoral, assurant qu'il s'agissait d'une prérogative de l'ANC, tout en évoquant les mois «d'octobre-novembre» 2013. Ali Larayedh est chargé essentiellement de sortir la Tunisie de la crise exacerbée par l'assassinat de Chokri Belaïd le 6 février. Pour sortir définitivement de l'impasse, l'ANC doit adopter à la majorité des deux tiers une Constitution et ouvrir la voie à de nouvelles élections. Or, Ennahda n'a toujours pas trouvé ce consensus même avec ses alliés. Le point nodal de la discorde reste la nature du futur régime politique en Tunisie. Aucun compromis n'a pu être trouvé jusque-là. Le maintien de la majorité sortante est, notons-le, d'ores et déjà, critiqué par certains acteurs politiques. G. H./Agences