L'organisation, pour la première fois, d'un colloque dédié à la poésie populaire a permis de mettre en lumière l'importance de cet art immatériel et la nécessité de le préserver, l'étudier et l'exploiter. Les participants à cette conférence de deux jours qu'organise le laboratoire de recherche sur «le patrimoine intellectuel et littéraire en Algérie», de la faculté des lettres et des langues de l'Université de Batna, se sont d'ailleurs accordés sur la valeur de ce patrimoine qui exige un «intérêt spécial» de la part de l'université. A ce propos, le recteur de l'Université Hadj-Lakhdar de Batna, le Dr Tahar Benabid, a estimé, à juste titre, que la tenue de ce colloque est en soi «un pas sur le chemin de l'étude et de la préservation» de ce patrimoine. La présidente du comité scientifique, Mme Fatma-Zohra Chalabi, renchérira en déclarant qu'un des mérites de la rencontre est de «réunir poètes populaires et universitaires étudiant cette poésie». En dépit de sa valeur culturelle et littéraire, la poésie populaire «souffre d'un manque de collecte, de diffusion et d'une étude académique», a indiqué le président du colloque, le Dr Maâmar Hadjidj, cité par l'APS. L'université «n'a pas encore su prendre sous son aile ce produit intellectuel par lequel se manifeste l'âme de tout le peuple», déplorera-t-il. En effet, ils sont nombreux les poètes qui ont versifiés des faits de guerre que les historiens pourraient exploiter. Nous avons eu un exemple dernièrement avec un poète d'El Goléa qui a composé un très long poème dans lequel il évoque toutes les batailles entre les troupes de l'Armée de libération nationale (ALN) et l'armée française qui se sont déroulées dans la région, avec les noms des moudjahidines qui y ont participé et des martyrs qui y sont tombés. Le Dr Abdelhamid Bourayou, de l'Université de Tipasa, a d'ailleurs confirmé que la poésie populaire, outre son «importance intrinsèque en tant que texte littéraire», présente un intérêt tout particulier pour l'historien à qui elle fournit de «riches témoignages» et de «précieux indices» sur des moments et des évènements particuliers dans l'histoire nationale. D'autres poètes parlent de coutumes, de relations sociales, de grands hommes ou tout simplement de la beauté de leurs régions. Ces productions poétiques peuvent certainement véhiculer des informations et des indications qu'un chercheur pourrait exploiter. Dans cette perspective, le Dr Mohamed Aïlane, de l'Université d'Annaba, qui a fait une analyse rythmique des textes de la poésie populaire dont les racines remontent, selon lui, à plusieurs siècles, plaidera pour la constitution d'un corpus pour ce patrimoine poétique. L'universitaire conclura son intervention en indiquant que cette forme d'expression peut également constituer un précieux réservoir pour le théâtre national. R. C.
L'Algérie aux Journées cinématographiques de Beyrouth Le repenti de Merzak Allouache, plusieurs fois distingué, Yemma de Djamila Sahraoui et Fidaï de Damien Ounouri, Prix du meilleur film au 2e Festival international du film arabo-latin de Buenos Aires (Argentine), représenteront l'Algérie à la 7e édition des Journées cinématographiques de Beyrouth (15 au 24 mars), aux côtés de 12 longs métrages, 17 films documentaires et 19 courts métrages. Wadjda de Haïfa El Mansour, Sur la planche de Laïla Kilani, Les chevaux de Dieu de Nabil Ayouch Mort à vendre de Faouzi Bensaïdi, Les Tortues ne meurent pas de vieillesse de Sami Mermer et Hind Benchekroun, Ya men aach de Hind Boudjemaa, Michoir de Mayar Al Roumi, Gaza 36 mm de Khalil El Muzayen, Layali bala noom d'Eliane Raheb et As if we were catching a cobra de Hala Al Abdellah figurent également parmi les participants. Le Prix du meilleur documentaire, doté de 5 000 dollars, est la seule récompense prévue par le festival, dont l'objectif est de promouvoir ce genre cinématographique. Organisées par l'Association Beyrouth DC, les Journées cinématographiques de Beyrouth visent, essentiellement, à développer, produire et distribuer le film documentaire. L'objectif est de «montrer les mutations culturelles de la société dans les pays arabes à travers les films et combattre la censure qui les frappe dans ces pays», indiquent les organisateurs.