Comme attendu, Damas n'a pas passé sous silence l'installation d'un Premier ministre de l'opposition et la prochaine présentation de son cabinet. Il est donc normal que les médias étatiques et proches du régime en place dévoilent les facettes que l'on ignore sur cet opposant peu connu. La presse gouvernementale syrienne a donc lancé, hier, une attaque virulente contre le Premier ministre Ghassan Hitto, élu par l'opposition syrienne lundi à Istanbul, en affirmant qu'il avait été «désigné» par la Turquie et le Qatar pour «comploter» contre la Syrie. «Après des mois de désaccords, les Frères musulmans, soutenus par les ottomans (la Turquie) et la famille al-Thani (ndlr les dirigeants du Qatar) ont réussi à nommer l'Américain d'origine syrienne Ghassan Hitto Premier ministre d'un gouvernement provisoire pour diriger ce qu'on appelle les territoires libérés», écrit le quotidien Al-Watan. La Turquie et le Qatar soutiennent la rébellion contre le président Bachar Al Assad, et la confrérie des Frères musulmans est une importante composante de l'opposition. «Hitto a été parachuté (par le Qatar et la Turquie, ndlr). Il ne connaît rien à la Syrie qu'il a quittée à l'âge de 17 ans pour les Etats-Unis afin d'échapper au service militaire», assure Al-Watan, en soulignant que M. Hitto possède la nationalité américaine et «a juré fidélité aux Etats-Unis». A Istanbul, «les rôles ont été distribués selon la volonté du Qatar (...) qui paye (aux opposants) les factures des voyages et des hôtels d'où émanent les odeurs du complot contre la Syrie», a renchéri le quotidien Techrine. «Le gouvernement de la coalition est né du complot turco-saoudo-qatari et ne peut (..) que couvrir les actes de destruction et de sabotage commis par les terroristes en Syrie», ajoute Techrine. Al-Watan accuse également M. Hitto d'avoir, dès son élection, «entamé des actions pour augmenter la violence en Syrie en annonçant son refus de tout dialogue pour régler pacifiquement la crise, et en réclamant un soutien financier et militaire aux hommes armés». Né en 1963, M. Hitto, issu de la mouvance islamiste, soulignons-le, a été présenté comme un candidat de consensus, susceptible de rassembler les courants islamistes et libéraux de l'opposition au régime. Sitôt élu, mardi, il a annoncé que l'une de ses priorités était la chute du régime Assad. R. I.
L'Iran accuse les rebelles syriens d'avoir utilisé des armes chimiques, Tel Aviv accuse Damas Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères iranien, Ramin Mehmanparast, a accusé les rebelles syriens d'avoir utilisé des armes chimiques, estimant qu'il s'agissait d'un «acte inhumain», a rapporté, hier, l'agence officielle Irna. «La République islamique d'Iran condamne avec virulence l'utilisation d'armes chimiques par les groupes rebelles syriens à Alep», a déclaré M. Mehmanparast. «Les pays qui soutiennent (les rebelles syriens) seront les principaux responsables de tels actes s'ils se reproduisent», a-t-il ajouté. Le régime syrien et les rebelles se sont accusés mutuellement d'avoir utilisé des armes chimiques, pour la première fois en deux ans de conflit en Syrie, mais les Etats-Unis ont dit ne disposer d'aucune preuve sur un tel recours. La Russie, allié» du président Bachar Al Assad tout comme l'Iran, a repris à son compte les accusations du régime syrien, en disant avoir «reçu des informations» selon lesquelles des rebelles ont utilisé des armes chimiques lors d'une attaque dans la province d'Alep (Nord), qui a fait selon un dernier bilan officiel 31 morts. Tel Aviv , pour sa part, croit savoir que c'est le régime d'Assad qui en a usé. Mardi, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a déclaré qu'il restait «convaincu que l'utilisation d'armes chimiques dans n'importe quelles circonstances par l'une ou l'autre partie (en Syrie) serait un crime monstrueux».
Visite surprise d'Assad dans un centre de formation à Damas Le président syrien Bachar Al Assad a effectué, hier, une visite surprise dans un centre de formation dédié aux Beaux-arts dans le centre de Damas, a rapporté le bureau de presse de la présidence sur sa page Facebook. La dernière sortie publique de M. Assad, dont le pays est en pleine guerre civile, remonte au 24 janvier, à l'occasion de la cérémonie religieuse de célébration du Mawlid Ennabaoui (la naissance du prophète Mohamed). «Le chef de l'Etat est venu à l'improviste participer à une cérémonie, organisée au Centre d'éducation pour les Beaux-arts par le ministère de l'Education en hommage aux parents d'étudiants morts dans leurs écoles à cause des actes terroristes», annonce la présidence, en publiant des photos de cette visite. Ce centre, de 1 000 m2, est spécialisé dans la formation aux Beaux-arts des enseignants, des élèves et des parents. Il est situé dans le quartier de Tijara, dans l'est de Damas, non loin du quartier de Jobar, où s'affrontent depuis des mois les forces gouvernementales et les rebelles.