Le président syrien Bachar al-Assad s'est dit décidé à vaincre les rebelles tout en admettant que cela prendrait du temps, selon des extraits d'une interview diffusée hier. "Je peux résumer la situation en une phrase: nous progressons, la situation sur le terrain est meilleure mais nous n'avons pas encore gagné, cela nécessite encore du temps", a-t-il dit dans cette interview à la chaîne privée pro-régime Ad-Dounia, qui appartient notamment à Rami Makhlouf, un riche cousin d'Assad. M. Assad a en outre jugé irréaliste la création de zones tampons en Syrie évoquée par les Occidentaux et la Turquie et qui devrait être à l'ordre du jour d'une réunion ministérielle du Conseil de sécurité de l'ONU à New York qui se tiendra aujourd'hui, et qui axée sur l'aide humanitaire. Rejette les zones tampons "Parler de zones tampons n'est premièrement pas une option sur la table, et deuxièmement c'est une idée irréaliste même pour les Etats hostiles et ennemis de la Syrie", a-t-il affirmé. Le président français François Hollande a dit lundi dernier que Paris travaillait avec ses partenaires sur une création de zones tampons, mais son ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius a reconnu mercredi dernier, que la mise en œuvre d'un tel projet était très compliquée et nécessitait notamment une zone d'exclusion aérienne partielle. De telles mesures nécessitent quoiqu'il en soit une résolution du Conseil de sécurité, où la Russie et la Chine, des pays alliés du régime Assad, bloquent tout résolution s'ingérant dans les affaires syriennes. La Turquie, qui accueille des dizaines de milliers de réfugiés syriens, a espéré qu'une décision sera prise concernant la création d'une zone tampon. …Et minimise l'impact des défections Par ailleurs, le président Assad a raillé les défections de son régime ces derniers mois, estimant que le pays est désormais nettoyé des personnes dénuées selon lui de patriotisme. "Les gens patriotes et les gens bien ne s'enfuient pas, ne quittent pas la patrie. Finalement, cette opération est positive, c'est une opération d'auto-nettoyage de l'Etat premièrement et de la nation en général", a-t-il jugé. Parmi les défections les plus spectaculaires figurent celle du Premier ministre Riad Hijab et celle du général Manaf Tlass, un haut gradé de l'armée et un ami d'enfance du président syrien. Plusieurs diplomates ont également suivi leur exemple. M. Assad a de nouveau rendu hommage à l'armée régulière et aux forces de sécurité qui, en combattant les rebelles à travers le pays, mènent des actes héroïques. "Ce sont les forces armées qui résistent le plus dans ce pays. Le président, qui se targue du soutien de la majorité de la population, a estimé que malgré les nombreuses erreurs, il existe un lien solide entre le régime et le peuple syriens. Tout le monde est inquiet pour sa patrie, c'est normal. Mais ils ne parviendront pas à répandre la peur, ils n'y parviendront jamais", a-t-il souligné. "Je dis aux Syriens, le destin est entre vos mains et pas entre les mains d'autrui", a-t-il ajouté. "Le régime de Damas accuse l'opposition est la rébellion de comploter à l'instigation de l'Occident et de pays comme l'Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie pour semer le chaos en Syrie. La Syrie n'a pas besoin de leçons dans les questions de souveraineté ni les questions nationales, ni des pays amis, ni des pays ennemis", a-t-il martelé. Le vice-président pour la fin des violences de toutes les parties De son coté le vice-président syrien Farouk al-Chareaa a estimé que la solution en Syrie passait par un arrêt des violences de la part de toutes les parties afin de permettre un dialogue national, rapportait le quotidien Al-Watan, proche du pouvoir. Ces déclarations surviennent après que le chef de la diplomatie Walid Mouallem a dit qu'il n'y aurait aucune négociation tant que le pays n'aurait pas été purgé des rebelles et que le président Bachar al-Assad a réaffirmé qu'il vaincrait à n'importe quel prix le complot étranger contre son pays. Une partie de l'opposition de l'intérieur a ironisé sur la confusion qui règne au sein du régime après les propos divergents des dirigeants. M. Charaa a affirmé à un émissaire de l'Iran, allié clé du régime, que la base d'un règlement sans conditions préalables de la crise en Syrie passe par l'arrêt des violences de la part de toutes les parties et le lancement d'un dialogue national, selon des propos rapportés par son directeur de cabinet. Cela aidera l'ensemble des Syriens, au gouvernement comme dans l'opposition, à entrer dans un dialogue national et à en accepter les résultats, a-t-il encore affirmé à Alaeddine Boroujerdi, président de la commission parlementaire iranienne pour la politique étrangère. A l'occasion de cet entretien, M. Chareh était réapparu pour la première fois en public après plus d'un mois de spéculations sur son sort provoquées par des informations sur une tentative de défection. Un aéroport près d'Alep bombardé, 5 hélicoptères détruits Sur le terrain, les rebelles ont bombardé, hier, avec deux chars l'aéroport militaire de Taftanaz entre Idleb et Alep dans le nord de la Syrie, et y ont détruit cinq hélicoptères militaires, selon des insurgés. L'aéroport, situé dans la province d'Idleb à la lisière d'Alep et utilisé par l'armée pour bombarder les bastions rebelles proches, a été pilonné avec deux chars. Des batteries anti-aériennes ont été également utilisées, a-t-il assuré. Ce n'est pas la première fois que les rebelles reconnaissent avoir utilisé des chars qu'ils ont saisis au cours de combats, généralement à la suite de défections de militaires.