Photo : M. Hacène De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati
C'est la fin des vacances scolaires et les bambins s'apprêtent déjà à retourner en classe après deux semaines de «décrochage». Deux semaines très courtes pour certains d'entre eux, mais des plus pénibles pour la majorité écrasante tant l'oisiveté a été omniprésente durant cette période. Comme si les écoliers étaient condamnés à assimiler la période de congé scolaire à un simple éloignement du cartable et des affaires scolaires, alors que diverses activités ludiques et pédagogiques pourraient être très utiles. Des activités comme celles que les pouvoirs publics organisent au niveau des chefs-lieux de wilayas ou de certains grands centres urbains, à l'instar de pièces théâtrales. Il est vrai également que l'Etat n'excelle pas dans le choix des activités destinées aux enfants, dans la mesure où il n'arrive toujours pas à marier les activités ludiques et celles éducatives et d'éveil. Il est toujours plus facile pour les chargés de programmation d'organiser des activités festives pour amuser les enfants, au lieu d'imaginer des activités qui les amuseraient en stimulant leur développement cognitif. Pire encore, seuls les enfants des chefs-lieux de wilayas et ceux des villages dont les parents disposent de moyens bénéficient de ces activités. Dans la wilaya de Tizi Ouzou, cet état de fait est vérifiable à l'œil nu. La Maison de la culture Mouloud-Mammeri et le Théâtre régional Kateb-Yacine sont les seules institutions qui ont proposé des programmes destinés aux enfants à l'occasion des vacances scolaires. Au niveau de la première institution culturelle, le programme des vacances scolaires se résume à trois spectacles de magie et deux pièces théâtrales, programmés du 31 mars au 4 avril. C'est dire qu'il n'a pas été fourni un grand effort en faveur des écoliers en vacances. Pour ce qui est du théâtre régional, il s'agit bien entendu de pièces de théâtre programmées quotidiennement, y compris durant le week-end. Voilà tout le programme concocté au profit des enfants durant ces vacances de printemps dans la wilaya de Tizi Ouzou. Comprendre par là que dans les autres localités de la wilaya, notamment les contrées les plus reculées, c'est le désert culturel sur toute la ligne. Les petits bambins habitant les villages éloignés du chef-lieu de wilaya sont des exclus de la culture. Mais comment peut-il en être autrement quand leurs ainés sont aussi, et depuis longtemps, des exclus de la culture et des activités culturelles. En effet, les villages de la wilaya de Tizi Ouzou ont rarement bénéficié de programmes culturels, que ce soit durant les vacances scolaires ou en dehors. A peine si quelques centres urbains profitent de la tenue de grandes manifestations au chef-lieu de wilaya pour voir certaines activités délocalisées, à l'instar de Tigzirt, Azeffoun, Azazga, Larba Nat Iraten, Draâ El Mizan et Bouzeguen. Le Festival du film amazigh, qui a squatté la première semaine des vacances a vu la projection de quelques films au niveau de certains chefs-lieux de daïras. Peut-être que cela a profité à certains villageois en mal d'activités culturelles. C'est le cas également de la délocalisation de certaines activités du Festival arabo-africain de danse folklorique, qui a lieu en juillet. Une délocalisation dont profitent plutôt les estivants et les habitants des deux villes côtières d'Azeffoun et Tigzirt. Et en dehors de ces rares opportunités, les villages de la wilaya ne bénéficient pratiquement d'aucune activité culturelle, et encore moins les enfants. Cela s'explique principalement par le fait que les associations culturelles censées pallier l'absence des pouvoirs publics ne sont pas capables d'organiser des activités au sein de leurs villages respectifs. Et quand la volonté réussit à «battre» le manque de moyens, les jeunes animateurs associatifs se contentent de petites activités qui sont loin de répondre aux exigences de qualité et même de quantité, particulièrement quand il s'agit de servir les enfants.